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Blocage des universités : état des lieux d’un mouvement qui se durcit
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Depuis le mois de mars certains campus sont bloqués par les étudiants grévistes qui protestent contre la loi ORE (orientations et réussite des étudiants). Bien que ces mouvements n’aient pas gagné une majorité d’établissements, le phénomène perdure et les tensions s’accentuent dans certaines universités
Contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) et plus spécifiquement contre la sélection à l’entrée de l’université, les mouvements de contestation des étudiants paralysent certaines universités depuis le mois de mars. Sur 75 universités plus d’une dizaine sont encore aujourd’hui bloquées ou perturbées : Toulouse, Montpelier, Rennes, Strasbourg, Paris 1, Aix-Marseille, ... La situation évolue au fil des jours et des assemblées générales, qui votent le maintien ou l’arrêt des blocages et autres occupations des sites universitaires.
A Nanterre, la fac est toujours bloquée et une nouvelle assemblée générale mardi 17 avril a voté pour le maintien des blocages jusqu’à jeudi où une nouvelle assemblée devra décider de la suite à donner à ce mouvement.
Bloqué depuis le 26 mars, le site Tolbiac de l’université Panthéon-Sorbonne a été la scène de violences et de fortes tensions. Des locaux ont été saccagés et mardi 17 avril, le président de l’université, Georges Haddad, s’est scandalisé sur la chaîne d’information CNews et s’est dit « consterné par l’état du centre, un vrai capharnaüm. La violence, la drogue, le sexe même. On me l’a dit, et je crois que c’est vrai, il se passe des choses qui sont indignes ».
A l’université Lumière à Lyon, le blocus a pris fin le 13 avril après l’intervention des forces de l’ordre. Dans un communiqué, le président de l’université a regretté « avoir eu à ordonner cette évacuation mais nous n’étions plus à même de satisfaire à l’obligation qui est celle de l’établissement d’assurer la sécurité des personnes dans ses murs ».
Des interrogations sur la tenue des partiels
La contestation étudiante intervient alors que les partiels du second semestre doivent se dérouler dans la plupart des universités. Chaque établissement tente de mettre en place des aménagements pour le passage des examens, qu’ils soient reportés, changés de salles ou effectués en ligne.
A la fac de lettres d’Aix-Marseille, certains élèves ont eu des difficultés pour passer leurs examens. « Les entrées du bâtiment étaient bloquées donc on n’avait pas accès aux salles où devaient se dérouler nos examens » déplore Alicia, étudiante en L1 LLCE Anglais. « On a fini à 4 classes dans le même amphi, serrés et beaucoup plus stressés ».
A Nanterre, les partiels n’ont pas pu avoir lieu. Dans un communiqué l’université a informé ces étudiants que la tenue des cours et des partiels ne pouvait être assurée. Les examens devraient être reportés. Même chose à Toulouse, les examens ne pourront pas se dérouler comme prévu début mai, mais seront reportés début juin, a annoncé l’administrateur provisoire, Richard Laganier, dans un communiqué.
Des perturbations qui divisent
Pour Charlyne, étudiante en première année de licence, empêcher les étudiants d’accéder aux cours et aux examens est contreproductif. « Ces actions sont en contradiction avec ce que veulent défendre les étudiants. Vouloir tout faire pour que les étudiants aient le droit d’étudier à la fac, mais dans le même temps empêcher ceux qui y sont d’étudier et de passer leurs examens ».
Mais parfois difficile de se ranger d’un côté ou de l’autre. Pour Alicia, étudiante en première année de Licence, « je suis un peu entre les deux. Je comprends les revendications mais d’un autre côté je ne cautionne pas le fait d’empêcher l’accès à l’université aux étudiants ». Même avis pour Audrey, elle aussi étudiante en première année de licence. « Sur le fond je comprends ce mouvement, mais il aurait fallu pouvoir décaler les partiels pour que l'on puisse tous se mobiliser sans que ça ait un impact sur notre année. Pour certains étudiants qui sont limites au niveau des notes, rater les partiels n'est pas envisageable. Un ou deux points peuvent faire la différence ».
Du côté des syndicats, les avis divergent sur les perturbations de ces dernières semaines. L’Unef a condamné sur son site les violences faites aux étudiants pour les déloger et soutien les mouvements de contestation. La Fage, premier syndicat étudiant, prône, de son côté, le respect mutuel et rappelle sur son site que « la liberté d’expression ne doit pas mener aux violences ». Un appel au calme et au respect de la démocratie. « Les étudiants qui veulent aller en cours doivent pouvoir le faire. Les étudiants qui souhaitent se mettre en grève doivent également pouvoir le faire sans empêcher les autres d’exercer leurs droits ».
Marine Ilario © CIDJ
Actu mise à jour le 23/04/2018
/ créée le 17-04-2018
Crédit photo : Pixabay