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Conduites à risques relatives à la sexualité : de quoi parle-t-on exactement ?
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En cette troisième édition de la semaine nationale de la santé sexuelle, des associations multiplient les actions de préventions à destination des jeunes. Conseils, recommandations, connaissances des risques… Face au manque d’informations, préjugés et fausses idées demeurent et entraînent, parfois, des conduites à risques.
Le sexe, entre tabou et pression sociale
Dans l’ancienne salle des mariages du 1ᵉʳ arrondissement de Paris, trois jeunes femmes s’activent. À l'occasion de la semaine nationale de la santé sexuelle, elles parcourent les couloirs de Quartier Jeunes (QJ), un lieu d'accueil du public orchestré par le CIDJ. Sur leur chariot, préservatifs (masculins comme féminins) côtoient les flyers sur le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Ici, le mot « sexe » n’est pas synonyme de tabou, et le dépistage un acte primordial. Leur truc à elles, c’est « d’aller vers ». Anaïs, chargée de prévention pour l’association Migration santé, explique leurs actions : « Notre démarche consiste à aller à la rencontre des jeunes et de leur parler de sexualité, sans attendre qu’ils aillent chercher l’information ailleurs ». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé sexuelle est caractérisée comme « une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que comme la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence ».
Car lorsqu'ils vont chercher l'information par eux-mêmes, les jeunes passent souvent par les sites pornographiques. Les chiffres en témoignent : selon l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), 30% des mineurs regardent des sites pour adultes. Et ce, dès un très jeune âge : dès 12 ans, plus de la moitié des garçons se rend en moyenne chaque mois sur ces plateformes. Des données qui n’étonnent pas Isore, aussi présente à QJ : « L’école ne dispense pas assez de cours d’éducation sexuelle. Lorsque personne ne les informe, ils vont chercher à se renseigner par eux-mêmes ». Salariée d’un Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), elle donne un maximum de conseils aux jeunes pour aller à l’encontre des idées reçues. « La première chose à faire est de se connaître soi-même, et ses limites », précise Julia, qui travaille, elle aussi, dans un CSAPA. « Est-ce que je bois, prends de la drogue et ai un rapport sexuel parce que j’en ai vraiment envie ? Ou est-ce que je le fais par pression sociale ? ».
Se protéger soi-même et agir pour les autres
La sexualité à risques se définit comme l’ensemble des conduites amenant à une prise de risques pour la santé des partenaires sexuels : cela inclut les rapports non protégés, la prise de substances ou les rapports sous la contrainte ou la violence. De ces agissements résultent une plus grande menace de contamination, d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées. Un rapport, publié le 7 mars par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), montre que les infections bactériennes de la chlamydia ont augmenté de 16 % entre 2021 et 2022 en France, tandis que la hausse a atteint 48 % pour la gonococcie et 34 % pour la syphilis.
Sur le domaine pratique, se faire régulièrement dépister et disposer de préservatifs chez soi s'avère essentiel. « Il ne faut pas oublier que lorsque l'on ne met pas de préservatif, on est responsable de soi, mais aussi du danger qu'on fait encourir à l'autre », insiste Julia. Lorsqu’elle, ou sa collègue, reçoit des jeunes en consultation pour parler d’addictions, le sujet de la sexualité est souvent abordé. « Mélanger les drogues et le sexe n’est pas une nouvelle pratique, explique Isore. Mais les applications de rencontres facilitent ce genre de comportement ». Les deux médiatrices regrettent ainsi que des préjugés persistent : « Dans les esprits, la consommation d’alcool ou de tabac n’est pas nocive, car elle est vue en France comme un acte culturel, continue Julia. Alors qu’être désinhibé avant un rapport sexuel ne permet pas de prendre des décisions éclairées et peut nous faire accepter des choses que l’on regrettera ensuite ». Et de conclure par une parole de bon sens qui manque souvent : « Il faut parler avec son ou sa partenaire, savoir ce qu'on a envie et garder en tête que l'on peut toujours changer d'avis au dernier moment ».
Perrine Basset Fériot © CIDJ
Actu mise à jour le 11-06-2024
/ créée le 11-06-2024
Crédit photo : Canva