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Protections périodiques : attention au syndrome de choc toxique menstruel
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Composants, substances et matériaux, modalités et précautions d’utilisation… À partir du 1ᵉʳ avril, les fabricants de protections menstruelles internes et externes devront mentionner ces éléments sur l’emballage de leur produit ou dans une notice complémentaire. Principal enjeu selon les autorités : prévenir le syndrome de choc toxique menstruel, une maladie rare, mais très grave.
Tampons, serviettes, coupes menstruelles : obligation de transparence
2,8 milliards. C’est le nombre de produits de protection intime féminine vendus chaque année en France. Une donnée citée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en préambule de son communiqué de presse annonçant l’entrée en vigueur au 1ᵉʳ avril 2024 du décret relatif à l'information sur certains produits de protection intime paru fin 2023. En clair, à compter de cette date, les fabricants de protections menstruelles internes et externes devront faire preuve de transparence.
Or, jusqu'à présent, la composition complète des serviettes, tampons, coupes et autres culottes menstruelles demeurait optionnelle. Un problème, car ces produits sont portés au contact de la paroi uro-génitale, une zone sensible. La DGCCRF en 2017, puis l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) en 2018, avaient d'ailleurs relevé la présence de substances chimiques potentiellement toxiques sur ces produits, toutefois "sans dépassement des seuils sanitaires". Selon les deux organismes, il n'y aurait donc pas de danger avéré lié aux produits testés.
Néanmoins, à partir des avis scientifiques de l’Anses, un décret a enfin vu le jour pour que les femmes puissent choisir et utiliser leurs protections en toute connaissance de cause. Les fabricants devront donc afficher la liste des composants et, pour chacun d’eux, le détail des substances et matériaux incorporés, la mention des modalités et précautions d’utilisation, les possibles effets indésirables (irritations, intolérances, allergies, microtraumatismes) ou graves, tels que le syndrome de choc toxique (SCT) menstruel.
Le syndrome de choc toxique, qu'est-ce que c'est ?
Le syndrome de choc toxique menstruel est une maladie aiguë et infectieuse, causée par la libération dans le sang d’une toxine émanant d’une souche de staphylocoque doré. Selon l’Assurance maladie, 1% des femmes porterait cette bactérie dans leur vagin, bien souvent sans le savoir, car elle se montre la plupart du temps asymptomatique. Mais dans certaines circonstances, le staphylocoque doré se multiplie, entrainant une diffusion dans le sang de la toxine qu’il libère. Provoquant ainsi un choc toxique. Celui-ci survient de manière soudaine pendant ou peu de temps après les règles, dans le cas du port de protections internes comme un tampon ou une coupe menstruelle.
Quels sont les symptômes qui doivent alerter ? D’abord, une forte fièvre et des symptômes rappelant la grippe (douleurs musculaires, mal de gorge) ou la gastro-entérite (nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales), puis une éruption cutanée semblable à un coup de soleil sur la peau ou touchant les muqueuses comme la bouche, détaille l’Assurance maladie sur son site. Mais parfois, cela va plus loin : malaise, hypotension, défaillance des organes vitaux… Le choc toxique peut entraîner des amputations, voire le décès.
Ainsi, dès les premiers symptômes – ils ne se manifestent parfois pas tous en même temps – il faut enlever la protection menstruelle et consulter très rapidement un médecin pour bénéficier d’un traitement. Il convient de l’informer de la survenue des règles et de l’utilisation de protections internes, et d'évoquer la possibilité de présenter un SCT.
L’Anses révèle ne pas avoir « mis en évidence de relation directe entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes [tampons et coupes menstruelles] et un risque d’augmentation du SCT ». Le choc toxique se manifesterait après une mauvaise utilisation des protections internes.
Limiter le risque de syndrome de choc toxique menstruel
Il convient de bien lire et de suivre les instructions présentées sur l’emballage comme dans la notice d’utilisation. Il demeure impératif de respecter le temps de port maximal recommandé, qui ne peut jamais être supérieur à six heures. Il est recommandé d’utiliser un produit adapté à son flux et uniquement en période de règles. La nuit, le port de tampon ou de cup reste fortement déconseillé.
Le risque de syndrome de choc toxique se voit multiplié par deux si l’on conserve une protection interne plus de six heures ou durant toute une nuit. Le sang stagnant dans le vagin offre un environnement propice à la prolifération de la bactérie responsable du SCT. Dernière préconisation : bien se laver les mains avant l’insertion ou le retrait du tampon ou de la cup (et de tout autre type de protection). Dans le cas de produits réutilisables, soignez le lavage ou la désinfection avant réutilisation.
Les personnes ayant déjà connu un choc toxique sont invitées à ne plus utiliser de protections internes. Heureusement, en France, le SCT ne représenterait qu’une centaine de cas par an, selon le Centre national de référence des staphylocoques. Mais maintenant que vous connaissez sa dangerosité, veillez à suivre scrupuleusement les recommandations officielles pour limiter le danger. Enfin, après le 1ᵉʳ avril, ne vous étonnez pas de continuer à trouver en rayon des produits ne répondant pas aux nouvelles dispositions, car les industriels bénéficient d’un délai pour écouler leur stock jusqu’au 31 décembre 2024.
Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 20-03-2024
/ créée le 20-03-2024
Crédit photo : Patricia Moraleda - Pixabay