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Santé sexuelle : la méconnaissance persiste chez les jeunes

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Seuls 34 % des jeunes affirment se rendre dans un centre spécialisé en cas de doute sur un symptôme.

En écho à la baisse de l’utilisation du préservatif chez les jeunes, un rapport montre que les 18-35 ans conservent une certaine ignorance quant aux maladies sexuellement transmissible. Seul un jeune sur deux sait qu’elles peuvent être asymptomatiques. Le papillomavirus, qui a bénéficié d’une campagne de sensibilisation, tend à être davantage connu.

Un manque de connaissances couplées à une prise de risque

Le dernier rapport d’Harris Interactive, réalisé pour le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), met en lumière une inquiétante baisse des connaissances sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) chez les jeunes adultes de 18 à 35 ans. Depuis 2016, le niveau de sensibilisation concernant des infections comme l'herpès, la syphilis ou les hépatites a chuté de manière significative. Par exemple, la reconnaissance de l’herpès génital, infection sexuellement transmissible, est passée de 76 % à seulement 51 %. Parmi les plus connus, on retrouve le sida (77 %), ainsi que le papillomavirus, qui a bénéficié de la campagne de sensibilisation du gouvernement (53 % des jeunes citent aujourd’hui cette infection, contre 45 % en 2016). L’étude révèle « une désinformation préoccupante chez les jeunes adultes, alimentée par des fausses croyances persistantes et une information défaillante ». Les jeunes semblent ignorer les signes précurseurs, ce qui accroît le risque de transmission et complique la détection précoce des infections. Des chiffres qui font écho au dernier rapport de l’Ifop, où seuls 36 % des Français de 15-25 ans déclarent utiliser systématiquement un préservatif. De manière générale, un tiers des Européens de 15 ans affirment n’avoir utilisé ni préservatif, ni pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le syndicat des dermatologues note une diminution de la vigilance chez cette tranche d’âge, où seulement deux tiers adoptent les bons gestes. Ainsi, avant l’arrêt de l’utilisation du préservatif, ils ne sont plus que 65 % à se faire dépister, contre 73 % en 2016.

Des symptômes encore trop minimisés

La situation est d’autant plus préoccupante que la méconnaissance des signes cliniques et épidémiologiques associés aux MST persiste, malgré des efforts de sensibilisation. Encore aujourd'hui, seulement 61 % des jeunes estiment qu'une personne contaminée peut ne pas avoir de symptômes, une baisse marquée par rapport au chiffre de 72 % (datant de huit ans auparavant). Cette désinformation complique la détection précoce des infections et accroît le risque de transmission non-intentionnelle. De plus, le nombre de jeunes considérant le préservatif comme la meilleure protection a chuté de 11 points, atteignant désormais 73 %. Les comportements préventifs, tels que la consultation médicale et le dépistage, montrent également un recul préoccupant. Seuls 34 % des jeunes affirment se rendre dans un centre spécialisé en cas de doute sur un symptôme. Ils se tournent principalement vers un centre de dépistage anonyme et gratuit (23 % d’entre eux), vers un planning familial (9 %) ainsi que vers l’infirmière de l’établissement scolaire (4 %). Pour les plus informés, les 3 premiers signes reconnaissables de contamination de MST sont identifiés par : des brûlures en urinant (41 %), un écoulement au niveau du gland (39 %) et une ulcération génitale (32 %). Une méconnaissance qui alerte grandement les professionnels, inquiets d’une mauvaise prise en charge et de l’absence de traitement précoce. En mars dernier, le Conseil supérieur des programmes établissait des recommandations afin de placer la prévention à l’éducation sexuelle au cœur du système scolaire. Et avait pour objectif de les appliquer d'ici à la rentrée 2024-2025. Reste à savoir si elles verront le jour.

Perrine Basset Fériot © CIDJ
Actu mise à jour le 04-10-2024 / créée le 04-10-2024

Crédit photo : Canva