Surprise Radioscopie : les jeunes sont presque des adultes comme les autres
En bref
- Les résultats d’une enquête, menée auprès de jeunes de 18 à 30 ans, alimenteront, en juillet 2024, les débats des Rencontres économiques d'Aix.
- Une génération parle d’égalité des chances, de santé, d’action citoyenne et d’engagement.
- Et les conclusions révèlent une jeunesse plutôt conservatrice.
La famille au centre de tout
Si la jeunesse se trouve souvent au cœur des discussions, l’entend-on vraiment ? Pour qu’ils aient leur mot à dire, un espace d’expression a donc été proposé, pour la deuxième année consécutive, par le projet Jeunesse(s). De quoi permettre au Cercle des économistes, à l’origine du projet, de se pencher sur les préoccupations et aspirations de cette génération pour en saisir son pouls. Pendant deux mois, une vaste discussion via la messagerie Messenger a permis à chacun de partager ses réflexions et ses expériences. Un panel représentatif de jeunes a ensuite été sélectionné pour participer à des ateliers de réflexion afin de formuler des propositions concrètes. Les conclusions du Projet Jeunesse(s) ont été dévoilées début juin avant d'être débattues, le mois prochain, lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence placées sous le thème "Relier les mondes ». L’un des résultats de la première phase de consultation, relayé par Ouest-France et La Tribune, illustre la pertinence de ce thème en remettant en question l’idée d’une « guerre des générations ». Pour la jeune génération, la famille reste un pilier fondamental et en cela s’inscrit dans la continuité de ses aînés. Ainsi, 56% des jeunes considèrent leur cercle familial comme l’élément ayant le plus contribué à leur construction personnelle, loin devant les amis (17%), les loisirs (11%) ou le quartier (1%). En revanche, ils expriment un besoin accru de soutien de la part de l’école et des politiques publiques dans des domaines tels que l’orientation, la santé, l’écologie ou la lutte contre les discriminations. Ainsi, 62% des jeunes interrogés considèrent avoir manqué d’information sur les filières et les options d’études. Ils sont également près de 70% à préconiser la mise en place de cours spécifiques pour sensibiliser à la notion d’égalité des chances dès le plus jeune âge. Face aux discriminations et au harcèlement, y compris en ligne, dont ils peuvent être victimes (74% en ont subi ou craignent d'en subir), ils s’accordent quasiment tous à dire qu’il est important de mettre en place des cours de savoir-faire et savoir-être numérique dès le collège. Bien que 41% d’entre eux nourrissent l’espoir que leur génération puisse faire évoluer les mentalités, ils restent conscients qu’ils ne peuvent y parvenir seuls. En l’état, ils déplorent « un manque de mesures mises en place par le gouvernement ainsi qu’une médiatisation du rejet de l’autre et une faible inclusivité » dans la culture et les médias.
La santé en danger et en question
Autre sujet de préoccupation, et non des moindres, l’état de santé des jeunes laisse perplexe. Environ la moitié des 18-30 ans déclarent ne pas se sentir bien. La pauvreté, en augmentation chez les jeunes, et notamment ceux qui quittent le foyer familial, semble être l'un des facteurs clés de cette dégradation. Rappelons ce chiffre : parmi les moins de 25 ans qui travaillent, plus de la moitié compose avec un contrat précaire, selon l’Observatoire des inégalités. Les « repas sautés » et autres « rendez-vous médicaux annulés » demeurent une réalité pour 7 jeunes interrogés sur 10 qui sacrifient leur santé pour cause de budget serré. Et ils sont encore plus nombreux (76%) à établir un lien étroit entre leur santé personnelle, la santé publique et la santé de la planète. C’est pourquoi 69% des jeunes pensent qu’il est temps de traiter ensemble les politiques environnementales et de santé. À cet égard, ils attendent du gouvernement des mesures significatives, tout en fustigeant l’indifférence de leurs aînés face aux enjeux écologiques. De quoi freiner leur propre implication citoyenne. En conséquence, près de deux jeunes sur trois ne se sentent pas représentés en politique, ce qui les pousse à s’orienter plus naturellement vers d’autres formes d’engagement. Plus d’un jeune sur deux participe régulièrement, ou ponctuellement, à des projets d’actions citoyennes. Cela passe par le bénévolat, mais aussi par les dons ou le boycott de marques et d’évènements sportifs allant à l’encontre de leurs valeurs. De toute façon, plus de 80% d’entre eux estiment que leur voix n’a pas de poids dans les décisions politiques. Et ça ne manque pas de soulever des questions quant à leur participation aux prochaines élections législatives, après avoir trompé les sondeurs lors des élections européennes. Ils se sont rendus aux urnes dans une même proportion que les adultes. Ni plus ni moins.