Alternatif Parcoursup : des licences portail pour prendre le temps de choisir
En bref
- Les licences portail permettent d’explorer durant un semestre (parfois deux) des disciplines connexes avant de s’orienter vers l’une d’entre elles en L2.
- Environ 20 % des étudiants entrant en première année à l’université se réorientent l’année suivante dans le champ étudié, mais au sein d’une filière différente.
- Une proportion stable au fil des promotions, symptomatique de la difficulté que représente le choix précoce d’une discipline à l’université.
Une orientation progressive
En terminale, les lycéens désireux de poursuivre en licence se retrouvent face à deux options pour déterminer leur choix de mention. La première conduit à une discipline non enseignée dans le secondaire, comme la psychologie ou les sciences du langage, ou non suivie en spécialité comme le droit ou les sciences politiques. C’est alors le saut dans l’inconnu. Le second choix se porte sur une discipline enseignée au lycée (mathématiques, physique, anglais...) en raison d’affinités développées pour celle-ci. Un raisonnement qui se tient. Pourtant, l’enseignement de ces matières déjà expérimentées se révèle bien différent une fois sur les bancs de la fac, entrainant échecs ou abandons. Idéalement, il faudrait débuter par un parcours pluridisciplinaire avant de prendre des décisions appropriées. Pour autant, cette pratique reste peu répandue dans le système français. Sauf à considérer la licence portail proposée dans certains établissements. Au lieu d’entrer directement en L1 d’une discipline spécifique, l’étudiant intègre une L1 ou un premier semestre commun à, au moins, deux disciplines proches. Le choix définitif de la mention s’opère en L2 ou en semestre 2. Parfait pour les lycéens hésitants. La licence portail ne comprend pas plus d’heures qu’une L1 classique, à savoir vingt-cinq heures hebdomadaires et son accès n’est pas sélectif, sauf exception mentionnée sur Parcoursup. En revanche, il n’existe pas de programme national pour les licences portail, il faut se renseigner auprès de chaque université.
Plus de 270 licences portail
À l’université de Lille, par exemple, la licence 1 portail mathématiques-informatique reste un passage obligé pour les lycéens souhaitant poursuivre dans l’un de ces domaines en L2. « C’est une année supplémentaire pour choisir son orientation tout en acquérant une base de connaissances scientifiques plus ouverte », explique Maude Pupin, enseignante-chercheuse en informatique et codirigeante de cette formation. Les 145 étudiants admis en apprennent aussi davantage sur les débouchés et les métiers pour affiner leur choix. À l’issue de la première année, ils s’orientent en L2 informatique, mathématiques, Focus (métiers de l’enseignement) ou informatique-mathématiques avec, pour cette dernière mention uniquement, une sélection sur dossier en fin de L1. Les étudiants obtiennent alors 60 crédits ECTS et valident un bac + 1. Il faut savoir que la majorité des licences portail disponibles sur Parcoursup concernent le champ scientifique, mais il en existe quelques-unes dans d’autres domaines, en économie, gestion, droit, LLCER, sciences humaines, etc. Ainsi, à l’université de Rennes, le portail droit-science politique donne accès aux mentions de licence droit ou science politique en L2. L’université de Bordeaux propose 160 places en licence portail sciences et technologies donnant accès à pas moins de neuf mentions de licence à partir du 2ᵉ semestre. Autre exemple : l’université d’Amiens offre 175 places en licence portail lettres-sciences du langage. Mais si elles réduisent le risque de décrochage ou de réorientation, les licences portail demeurent des licences. Elles nécessitent une bonne dose d’adaptation, de travail personnel et d’investissement. « Le taux de réussite de notre licence 1 portail mathématiques-informatique équivaut au taux national de réussite en licence classique, soit un tiers des étudiants », pointe Changgui Zhang, enseignant-chercheur en mathématiques et codirecteur de la licence portail de l’université de Lille. Et Maude Pupin de conclure : « Intégrer un portail bidisciplinaire peut se révéler compliqué. Les notes obtenues en maths et en informatique se compensent bien entre elles, mais en cas de trop grand écart entre les deux, on ne valide pas l’année. »
