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Armée : 57 % des jeunes prêts à s'enrôler en cas de conflit
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Plus d’un jeune sur deux se dit prêt à s’engager pour défendre la France. Un « regain de patriotisme » chez les 18-25 ans qui se traduit, pour 62 % d’entre eux, par le souhait de réinstaurer un service militaire obligatoire. En cause, une perception accrue des enjeux militaires dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe.
S’engager dans l’armée pour défendre la France n’est pas tabou
Comment réagiraient les jeunes Français en cas de conflit ? Ils s'engageraient, car seuls 11 % des 18-25 ans refuseraient résolument de se battre. C'est l'enseignement principal, d'une étude inédite conduite par la sociologue Anne Muxel, chercheuse au CNRS et à Science Po. Elle s’est attachée à décortiquer le rapport des jeunes aux armées et à la guerre pour le compte de deux organismes rattachés au ministère des Armées en s’appuyant notamment sur des enquêtes en ligne menées par l’Ipsos en 2023. Soit antérieurement aux récentes déclarations du président de la République évoquant la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine. Dans le détail, et à la seule lumière d'un sondage mené entre juin et juillet 2023, il ressort que 51 % des interrogés se disent « prêts » ou « peut-être prêts » à s’engager si « la protection de la France nécessitait que le pays s’engage dans la guerre en Ukraine ». Un chiffre à nuancer toutefois puisque seulement 17 % en sont tout à fait certains. Reste qu’un jeune sur trois se déclare favorable à un déploiement de troupes françaises en Ukraine. Une position à rebours de celle de leurs aînés âgés de 50 ans et plus, avec seulement 17 % d'opinion favorable. Y aurait-il un regain de patriotisme parmi la jeune génération ? À n'en pas douter, avec 57 % des répondants se déclarant prêts à rejoindre l'armée en cas de conflit. Et l’étude de pointer aussi un recul de l’antimilitarisme, particulièrement chez les jeunes se revendiquant de gauche.
62 % des 18-25 ans prônent un retour du service militaire
Si les jeunes Français ne semblent pas effrayés par l'idée de devoir s’engager, 74 % d’entre eux demeurent néanmoins pacifistes. En guise d'action, ils se déclarent prêts à « cacher des populations menacées » et à « s’engager dans une ONG ou une association humanitaire pour aider la population civile ». L’engagement dans l’armée pour combattre l’ennemi arrive en sixième position, recueillant 54 % des réponses. Dès lors qu’ils s’engagent, ils considèrent « tout à fait » ou « peut-être » acceptables d'en subir les conséquences, dont celles de tuer l’ennemi (57 %), d'être torturé pour ne pas dénoncer un camarade (47%), d'être gravement blessé physiquement (45%), de mourir au combat (42 %) ou encore d'être fait prisonnier (42%). Anne Muxel voit dans ces résultats le signe d’un recul de l’antimilitarisme, confortée par la part non négligeable (45 %) des jeunes aux idées de gauche affichant leur volonté d’en découdre avec l’ennemi si nécessaire. Interviewée sur France Culture, elle rappelle que « 80 % des étudiants étaient pour la suppression du service militaire en 1979. Aujourd’hui […] une majorité accepte cette éventualité ». Il s’agit d’un autre enseignement de son étude : 56 % des étudiants, et plus largement 62 % des 18-25 ans, se prononcent en faveur d’un retour du service militaire obligatoire. Pas surprenant au vu du contexte, d'autant plus que l’armée jouit plutôt d’une bonne image auprès des jeunes, rel!ve la chercheuse.
En attendant de s’engager pour de vrai
Ainsi, 56 % des jeunes sondés se disent prêts à envisager une carrière militaire. « L’armée jouit d’un niveau de confiance très élevé », assure Anne Muxel sur l’antenne de France Culture. Parmi les facteurs qui l’expliquent, le fait que l’institution constitue « un bassin de recrutement important pour la jeunesse, certains y voient des opportunités professionnelles ou de formation au-delà même de la seule idée d’engagement ». Aussi, chaque année, 90 000 jeunes se présentent aux tests de recrutement. « La perception des menaces de guerre est réelle et entraîne un regain de patriotisme dans les jeunes générations, renforçant leur adhésion aux principes et aux modalités qui donnent sens et réalité à celui-ci », mentionne la sociologue dans son étude. Cette perception va même jusqu’à juger acceptable l’usage de l’arme nucléaire en cas de conflit majeur pour la moitié des répondants… « Mais attention, cette enquête mesure des dispositions, des représentations », nuance Anne Muxel au micro de France Culture. Entre les intentions et la réalité, il y a souvent un fossé. En attendant, au quotidien, plus d’un jeune sur deux s’engage sous de nombreuses formes : bénévolat, dons à des associations, participation financière à des projets solidaires. Ainsi, 64 % d’entre eux se montrent favorables à la réalisation d’un service civique et 51 % à l'accomplissement d'un service national universel. Ou comment s'engager sur d'autres fronts ?
Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 26-04-2024
/ créée le 26-04-2024
Crédit photo : Specna Arms - Unsplash