• actualité

Avortement : le nombre d'IVG augmente, surtout chez les 20-34 ans

  • IVG
Avortement : le nombre d'IVG augmente, surtout chez les 20-34 ans

Le nombre d'IVG en France atteint un record avec 243 600 interventions en 2023. De plus en plus de femmes choisissent d'avorter hors des hôpitaux, dans des cabinets médicaux ou des centres de santé. Des disparités régionales persistent, soulignant le besoin d'améliorer l'accès à l'IVG partout en France.

Le rôle croissant des sages-femmes

D'après une étude de la DREES publiée en septembre 2024, l'année 2023 a vu une augmentation significative du nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France, atteignant 243 600 cas, soit 8 600 de plus qu'en 2022. Cette hausse concerne toutes les femmes majeures, mais elle est particulièrement marquée chez les 20-34 ans, qui reste la tranche d'âge où les IVG demeurent les plus fréquentes. Les statistiques révèlent que 28 femmes sur 1 000 âgées de 20 à 24 ans ont eu recours à l'IVG, tandis que ce taux atteint environ 30 pour 1 000 chez les 25-29 ans et 25 pour 1 000 chez les 35-39 ans. En comparaison, la moyenne est de 16,8 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. La pratique de l’IVG connaît une évolution notable dans la façon dont elles sont réalisées. Les interventions se font de plus en plus hors des hôpitaux, dans des cabinets médicaux ou des centres de santé. La crise sanitaire a même permis l’introduction de la téléconsultation pour certaines étapes du processus. C’est ainsi que 41% des IVG se pratiquent maintenant hors hôpital, contre seulement 31% en 2020. À noter que les sages-femmes jouent un rôle de plus en plus important, réalisant près de la moitié des IVG en cabinet, aux côtés des médecins généralistes et des gynécologues. Quel que soit le lieu d’intervention, la méthode médicamenteuse reste prédominante, représentant 79% de toutes les IVG. Elle connaît aussi la plus forte hausse, avec 10 400 cas de plus que l'an dernier. Cependant, l'IVG instrumentale demeure une option importante dans certains cas. Depuis avril 2024, les sages-femmes sont même autorisées à pratiquer l'IVG instrumentale au même titre que les médecins, soulignant leur rôle crucial dans l'amélioration de l'accès à l'IVG.

L'IVG chez les mineures : la confidentialité est de mise. Une mineure peut choisir de ne pas informer sa famille de son IVG. Elle doit cependant être accompagnée par un adulte majeur de son choix (un adulte de son entourage, un membre du planning familial...). L'intervention est entièrement gratuite, sans avance de frais. Pour préserver la confidentialité, aucune facture n'est envoyée.

Des disparités régionales persistantes

Au micro de France info, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, souligne que l'augmentation des IVG n'est pas préoccupante en soi, mais met en lumière des lacunes en matière d'éducation sexuelle et d'information sur la contraception. Elle pointe du doigt l'absence de campagne nationale depuis dix ans et les inégalités d'accès aux soins gynécologiques, avec des délais d'attente parfois importants. Les statistiques montrent des disparités régionales significatives. Le taux d'IVG varie du simple au double entre les Pays de la Loire et la région PACA, tandis qu'il est presque deux fois plus élevé dans les départements d'outre-mer qu'en métropole. Bien que l'inscription récente de l'IVG dans la Constitution soit une avancée majeure, elle ne résout pas tous les problèmes. Pour rendre ce droit pleinement effectif, il faut assurer un accès équitable aux soins et renforcer l'éducation sexuelle. Cette dernière, obligatoire depuis 2001, reste insuffisamment appliquée dans les établissements scolaires. Selon la loi, les élèves devraient bénéficier d'au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité, mais la réalité est souvent bien différente. La nouvelle secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Salima Saa, insiste sur l'urgence de rendre cette éducation "effective", en abordant notamment la culture du consentement et en offrant une véritable ouverture sur les questions de santé sexuelle et d'éducation à la vie affective.


L'IVG est un droit. Si vous rencontrez des difficultés pour y accéder, il existe un numéro vert national d'information 0 800 08 11 11, anonyme et gratuit, piloté par le Mouvement français du planning familial (MFPF). Et si vous connaissez quelqu'un qui traverse cette situation, soyez à l'écoute et bienveillants. Le soutien de l'entourage est important dans ces moments-là.

 

Laura El Feky © CIDJ
Actu mise à jour le 01-10-2024 / créée le 01-10-2024

Crédit photo : Annie Spratt / Unsplash