Fake news Deepfakes : vous risquez de désinformer, sans même le savoir

Josée Lesparre Josée Lesparre
Publié le 08-04-2024

En bref

  • Les Français se trouvent bien désemparés face aux deepfakes.
  • Incapables de reconnaître ces images truquées, à l’heure des réseaux sociaux, ils risquent bien malgré leur volonté de contribuer à la diffusion massive de fausses informations.
  • La mise à disposition d'outils permettant de mieux les identifier devient indispensable. 
Une jeune femme regarde son téléphone
8 jeunes français sur 10 connaît l'existence des deepfakes. Crédit : Canva

La diffusion incontrôlée de deepfakes : un enjeu de société

Le principe du trucage d'images fixes comme animées n'est pas nouveau, il se pratiquait dès les débuts de la photographie. Mais sans atteindre toujours un grand niveau de réalisme. Aujourd'hui, grâce aux outils numériques, on parle d'hypertrucage numérique (deepfake) pour des réalisations de faux, difficiles à détecter au premier coup d'oeil. Ewa Kijak, maître de conférences à l’université de Rennes 1 et chercheuse au laboratoire Irisa, nous expliquait au cours d'un entretien réalisé en 2021 que plusieurs techniques de falsification de vidéos se pratiquaient de plus en plus couramment : "La plus connue, c’est le face swapping qui consiste à échanger les visages [...Mais] il y a aussi ce qu’on appelle la marionnettisation [...soit de] garder l’identité de la personne sur une vidéo, mais en modifiant ses expressions de visage et le mouvement de ses lèvres". C'était en 2021... une éternité dans le monde informatique. En 2024, les logiciels d'IA et la puissance des ordinateurs personnels offrent presque à tout le monde la possibilité d'inonder les réseaux sociaux de contenus truqués. Mais saurions-nous les reconnaître ? C'est ce qu'ont voulu vérifier l'IFOP et alucare.fr en interrogeant 2000 Français. 

Commençons par la bonne nouvelle. Selon ce sondage, les Français n'ignorent pas l'existence de deepfakes avec près de 7 personnes sur 10 assurant en avoir déjà entendu parler. Pour les plus jeunes, cette proportion monte à 8 sur 10. En revanche, quand il s'agit de les reconnaître, ça se gâte : seulement un tiers des sondés se sent en mesure de les détecter, mais uniquement 6% en sont sûrs. Plus au fait des nouvelles technologies, les 18-24 ans se proclament les plus à même à les repérer (pour 55% des interrogés). Comment ? Par un mouvement des lèvres qui ne semble pas naturel (89%), une absence de clignotement des yeux (33%), la mauvaise reproduction des mains et des postures (32%). Voilà pour la théorie, place à l'épreuve pratique. Ainsi, confrontés à une série de cinq photos toutes fausses, 94% des sondés ont néanmoins estimé qu’au moins un cliché était vrai... Aussi, face à la généralisation de ces images et vidéos truquées, les Français redoutent de se retrouver autant victimes que complices des auteurs. Et ce, en republiant tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, un tiers des interrogés reconnait avoir déjà relayé auprès de son entourage des informations qui se sont révélées erronées par la suite. Mais c’est surtout la peur de se retrouver abusé soi-même qui inquiète : 57% des sondés craignent de se retrouver victimes de trucages d’images quand, chez les plus jeunes (18-24 ans), grands utilisateurs de réseaux sociaux, le chiffre grimpe à 64%. Pour dissiper cette anxiété, l’écrasante majorité des sondés (90%) se prononce en faveur de l'apposition d’une mention spécifique sur les images comme sur les vidéos générées via l’IA. À noter, une attente plus forte chez les plus de 35 ans (93%) que parmi les 18-24 ans (79%). Au-delà des solutions techniques que beaucoup ne manqueront pas d'avancer comme remède à tout, l'hypertrucage rappelle à tous la nécessité de faire preuve de discernement. Un président annonçant une guerre mondiale sur TikTok, une copine de lycée soudainement actrice principale d'une production pornographique...est-ce bien crédible ?

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