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Les jeunes de moins en moins accrocs au tabac
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Depuis 10 ans, le nombre de jeunes fumeurs a baissé de moitié. Un recul majeur qui trouve son origine dans de multiples facteurs : prix, image sociale, campagnes de prévention.
Les jeunes seront-ils nombreux à participer à l’opération "mois sans tabac" en novembre prochain ? Pas si sûr, car la cigarette est devenue ringarde pour nombre d’entre eux. Selon la dernière enquête Escapad de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), les jeunes de 17 ans qui fument quotidiennement sont deux fois moins nombreux qu’il y a dix ans. « C’est une tendance à la baisse d’une ampleur assez rare en santé publique » reconnaissait Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT au micro de France Inter le 13 mars 2023, tout en poursuivant « ces chiffres traduisent une tendance majeure : le renouvellement générationnel du tabagisme s’est considérablement ralenti ».
Les jeunes sont 2 fois moins nombreux à fumer qu’il y a 10 ans
Entre 2017 et 2022, la consommation des produits du tabac a fortement diminué constate l’enquête de l’OFDT et ce quelle que soit la fréquence de consommation (expérimentation de la première cigarette, usage récent, consommation quotidienne ou intensive). La baisse est particulièrement sensible pour les fumeurs quotidiens qui passent de 15,1% en 2017 à 15,6% en 2022 soit une baisse de 38%.
Cette diminution du tabagisme concerne aussi bien les filles que les garçons. Si elles sont aussi nombreuses à expérimenter leur première cigarette ou à avoir fumé récemment, elles sont toutefois moins nombreuses à fumer quotidiennement ou de manière intensive.
L’étude montre toutefois que cette baisse est très différente selon le statut scolaire : elle est moins marquée chez les jeunes déscolarisés ou en apprentissage.
Toxique, pas tendance et trop chère
Ce désintérêt pour la cigarette trouve son origine dans de multiples facteurs. En premier lieu celui de la nocivité. « La cigarette est perçue comme un produit chimique, dangereux. Il y a beaucoup d’adolescents qui ont vu leurs parents essayer d’arrêter sans y parvenir. Il y a aussi un historique de décès parfois dans la famille qui sont liés au tabagisme » explique Ivana Obradovic.
L’arsenal législatif anti-tabac (interdiction de la propagande et de la publicité pour le tabac par la loi Evin en 1991, interdiction de fumer dans les lieux publics en 2007 puis dans les lieux de convivialité en 2008, instauration du paquet neutre en 2016) a aussi largement contribué à l’invisibilité du tabac auprès des jeunes. « Ce sont les premières générations qui ont traversé l’enfance et l’adolescence dans un régime où la cigarette n‘avait pas droit de cité dans l’espace public » reconnaît Ivana Obradovic.
Parallèlement les programmes de prévention menés auprès des jeunes axés sur le renforcement des compétences psychosociales, les campagnes d’information organisées par Santé Publique France, l’émergence d’une sensibilité accrue à l’égard des dégâts humanitaires, sociaux et environnementaux causés par l’industrie du tabac contribuent aussi à freiner la consommation du tabac auprès des jeunes. Sans oublier l’augmentation du prix du paquet de cigarettes (+2/3 en 10 ans) qui a un réel un effet dissuasif.
Ce désaveu pour la cigarette chez les jeunes est un phénomène positif mais restera t-il durable ? L’usage quotidien de la e-cigarette qui a triplé en 5 ans alerte. Comme le rappelle Ivana Obradovic : «On peut pas complètement exclure à ce stade qu’il puisse y avoir un effet de rattrapage à un moment avec d’autres produits à base de nicotine ».
Comme tous les ans, l’opération mois sans tabac est réitérée en novembre. Les candidats volontaires qui s’inscrivent sur le site bénéficient d’un kit d’aide à l’arrêt gratuit ainsi que de nombreux conseils pour les aider à stopper leur consommation. En 2022, 16 2016 personnes se sont inscrites au mois sans tabac.
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Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 20-10-2023
/ créée le 20-10-2023
Crédit photo : Pixabay