Actualité La solitude menace la santé mentale et physique
En bref
- Peut-on échapper à la solitude ? L’organisation mondiale de la santé (OMS) fait le pari que oui car selon cette institution onusienne la solitude constitue "une menace urgente pour la santé" qu’il convient d’éradiquer. A cet effet, l’OMS crée une commission pour favoriser le lien social dont les premiers résultats sont attendus courant 2025.
Une menace qui impacte toutes les tranches d’âge
Les personnes âgées sont les plus exposées au risque de solitude, car elles vivent plus souvent seules et sont plus susceptibles de souffrir de problèmes physiques limitant les relations sociales. Une personne âgée sur 4 souffrirait de solitude.
Mais les seniors ne sont pas les seuls à souffrir de la solitude. Selon une enquête menée dans 142 pays et publiée en octobre dernier, près d’un adulte sur quatre déclare se sentir très ou assez seul. Les jeunes ne sont pas non plus épargnés. On estime qu’ils sont entre 5 et 15% à souffrir de l’isolement sachant qu’il s’agit probablement d’une sous-estimation.
Une menace sous-estimée pour la santé publique, mais aussi pour l’économie
« Les taux élevés d’isolement social et de solitude dans le monde ont de graves conséquences sur la santé et le bien-être. Les personnes qui n’ont pas suffisamment de liens sociaux étroits sont davantage exposées au risque d’accident vasculaire cérébral, d’anxiété, de démence, de dépression, de suicide et bien d’autres maladies », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
De nombreuses études ont en effet montré la corrélation entre la solitude et une mauvaise santé physique et mentale. Selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Glasgow, les personnes qui vivent seules et qui ne voient ni famille ni amis ont un risque de mortalité prématurée accru de 77%, toutes causes confondues. Le Dr Vivek Murthy, co-président de la commission sur le lien social, a dans le cadre d'une comparaison audacieuse et marquante, affirmé que les effets de la solitude sur la mortalité équivalaient à fumer 15 cigarettes par jour.
L’absence de liens sociaux est également associée depuis longtemps, chez les personnes âgées, à une mauvaise fonction immunitaire, à un risque accru d’incidents de maladie coronarienne ( 30 %) ou d’accident vasculaire cérébral et des cas de démence ( 50%).
Mais au-delà des conséquences directes sur la santé, l’isolement social peut aussi avoir un impact macro-économique. Les jeunes qui souffrent de solitude sont plus susceptibles d’abandonner leurs études ce qui peut entraîner un sentiment de détachement et de déclassement qui à terme influe sur leur productivité au travail et à plus large échelle sur les résultats économiques d’un pays.
Une commission pour favoriser le lien social
Pour aborder la question de la solitude, l’OMS a mis en place le 15 novembre dernier une nouvelle commission sur le lien social pour une durée de 3 ans.
« La nouvelle commission définira un programme mondial sur le lien social , en sensibilisant davantage à cette question et en établissant des collaborations qui conduiront à des solutions fondées sur des bases factuelles pour les pays, les communautés et les individus » précise le communiqué de l’OMS.
Coprésidée par le Dr Vivek Murthy, chirurgien général des États-Unis d’Amérique, et Mme Chido Mpemba, envoyée de l’Union africaine pour la jeunesse, elle est composée de 11 décideurs politiques, leaders d’opinion et experts.
« Étant donné les profondes conséquences de la solitude et de l’isolement sur la santé et la société, nous avons l’obligation de consentir les mêmes investissements pour reconstruire le tissu social de la société que ceux que nous avons faits pour répondre à d’autres problèmes de santé mondiaux, tels que le tabagisme, l’obésité et la crise relative à l’addiction » déclare le Dr Vivek. La commission tiendra sa première réunion du 6 au 8 décembre 2023 et proposera à mi-parcours ses premiers travaux et axes d’amélioration.