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De l’école de production à l’université : le témoignage d’Hippolyte
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Parti pour décrocher son CAP en serrurerie métallerie dans une école de production, Hippolyte est finalement allé jusqu’en master "entrepreneuriat management et commerce". Retour sur ce qui l’a poussé à poursuivre ses études.
Après la classe de 3e, Hippolyte sait qu’il n’est pas fait pour « rester assis 8h sur une chaise » à écouter un professeur. Il se tourne alors vers une école de production dans le secteur de la métallerie, secteur qu’il a découvert grâce à un stage. Il était loin d’imaginer que 8 ans plus tard il serait étudiant sur les bancs d’une faculté pour préparer un master. Il revient sur son parcours atypique.
Comment as-tu découvert l’école de production où tu as démarré tes études ?
« En faisant mon stage de 3e en métallerie j’ai découvert un métier qui m’a plu. Je me suis renseigné sur les écoles qui préparaient à des diplômes dans ce secteur et j’ai découvert l’école de production de la Giraudière à Brussieu. J’ai fait une journée porte ouverte et j’ai rencontré le directeur et le chef d’atelier qui m’ont demandé pourquoi je voulais faire un métier dans ce secteur.
J’ai expliqué que j’aimais la diversité du métier. Le fait de pouvoir travailler à la fois pour des professionnels et des particuliers, être amené à faire du travail de bureau mais aussi en atelier, se déplacer pour réaliser la pose des produits. Egalement, dans le secteur de la métallerie, les métiers peuvent êtres complexes avec beaucoup de maths et de logiciels à connaître. Je trouve ça extrêmement passionnant. Et enfin c’est un secteur qui recrute. »
Comment s’est passée ta scolarité au sein de l’école de production ?
« J’ai été pris à l’école en internat et j’ai suivi un CAP "serrurerie métallerie". A la fin des deux ans j’ai enchaîné sur un bac pro "ouvrages du bâtiment métallerie", toujours à l’école.
La scolarité était très intéressante parce qu’on travaillait beaucoup en atelier. Sur une semaine de cours on avait un jour et demi consacré à l’apprentissage théorique avec des matières comme les maths ou le français. Et ensuite on avait 3 jours et demi de cours en atelier. C’est très agréable si l’on n’est pas à l’aise avec le système scolaire classique. C’était mon cas, j’étais incapable de rester 8h assis sur une chaise à écouter un prof.
Les ateliers sont bien équipés et nos professeurs étaient très à l’écoute. Ils étaient là pour expliquer les tâches qu’on devait effectuer, nous aider et nous accompagner mais en même temps ils nous laissaient une grande marge d’autonomie et une grande liberté. C’est très important parce que ça nous permettait de gagner en autonomie de travail, une qualité que recherchent les entreprises. »
Qu’est-ce que tu as préféré à l’école ?
« J’ai adoré répondre à de vraies commandes d’entreprises parce que ça signifiait que ce que l’on réalisait en atelier ne partais pas à la poubelle après. Pour moi c’était très important. Ça me permettait de voir le métier dans son ensemble : de la production à la livraison. En plus, on devait répondre à une véritable charte qualité pour être conforme aux normes de l’entreprise.
Je me souviens de ma première réalisation. C’était un escalier en métal. J’ai aussi participé à sa pose. J’ai été ému de voir la réalisation complètement terminée. Ça m’a rendu fier et je ressentais un vrai bonheur au fond de moi. Parfois les clients venaient à l’atelier et nous félicitaient pour notre travail. C’était important parce que ça nous donnait envie de nous dépasser et de progresser encore plus. »
Quel a été ton parcours après ton bac pro ?
« Pendant la dernière année de mon bac pro j’étais en alternance dans une entreprise. Mon patron m’a conseillé de faire un deuxième bac pro en chaudronnerie pour compléter mes connaissances. Comme en chaudronnerie il y a beaucoup de maths et que j’adore ça, j’ai décidé de suivre ses conseils. J’ai donc suivi le bac pro "chaudronnerie" en 1 an et je l’ai validé. Après ça, je me suis dirigé en BTS en alternance toujours dans la même entreprise.
A la fin de mon BTS, mon patron n’a pas voulu m’embaucher. Il voulait que j’ai des expériences professionnelles dans d’autres entreprises. Ça m’a fait un choc parce que je voulais vraiment travailler là-bas. J’ai alors pris la décision de continuer en licence pro "chaudronnerie" en alternance. Après ma licence, j’ai décidé de m’inscrire en master "entrepreneuriat, management et commerce" en alternance. »
Quel regard portes-tu sur ton parcours ?
« Je n’aurais jamais pensé aller aussi loin. A chaque fois je me suis inscrit à la dernière minute dans les formations parce que je n’étais jamais sûr de vouloir continuer mes études. Mais quelque part c’était aussi un moyen de prouver à mon patron ce que je valais et surtout me le prouver à moi-même. C’était un véritable challenge.
Aujourd’hui je ne peux plus réintégrer ma première entreprise parce que mon niveau d’études est trop élevé. Alors la première chose que je vise c’est la réussite de mon master et ensuite j’aimerais beaucoup créer ma propre entreprise. »
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 27-05-2019
/ créé le 04-04-2019
Crédit photo : Fédération des écoles de production