La tête dans les étoiles La Junior Space Academy, un lanceur de talents

Perrine Basset Fériot
Publié le 21-10-2024

En bref

  • Pour sa première édition, la Junior Space Academy a accueilli une trentaine de jeunes passionnés par l'univers spatial.
  • Pendant une semaine, du 17 au 21 juin 2024, ils ont eu l'occasion de visiter des infrastructures, de rencontrer des professionnels, et de confirmer leurs ambitions futures.
  • Une opportunité gratuite et ouverte à tous, qui favorise l’émergence de nouveaux talents.
Le premier pas de l'homme sur la lune remonte à juillet 1969.
Cette université d’été réserve un programme bien chargé : conférences sur l’organisation d’un projet spatial, visites de laboratoires, découverte de masters dédiés à ces métiers, Crédit : NASA - Unsplash
Erika Velio, directrice de service en institut de recherche spatial, est la marraine de la première édition de la Junior Space Academy. Crédit : Pikali Space
Avec six coéquipiers de son école d'ingénieurs, Lise a passé un mois enfermés dans une station de recherche dans le désert de l'Utah aux États-Unis, à vivre comme sur la planète rouge. Crédit : Laura El Feky - CIDJ

Une immersion totale dans l’univers spatial

À la fin du mois de juin régnait, dans les couloirs de l’université de Créteil dans le Val-de-Marne (94), une joyeuse ambiance de colonie de vacances. Et pourtant, les trente jeunes qui bavardaient dans le réfectoire ne se trouvaient pas être en pause estivale. Non, ils avaient déjà la tête dans les étoiles, car ils allaient participer à la première édition de la Junior Space Academy. Imaginée comme une « semaine de découverte de l’univers du spatial francilien », cette université d’été leur a réservé un programme bien chargé : conférences sur l’organisation d’un projet spatial, visites de laboratoires, découverte de masters dédiés à ces métiers, immersion dans le monde de l’entreprise chez Airbus et Safran… Arrivant des universités de Toulouse, de Paris Saclay et d’Aix-Marseille, Stéphanie, Laëtitia et Fanny en ont parcouru des kilomètres pour vivre cette expérience inédite. Une opportunité découverte, au hasard de recherche sur internet, comme en témoigne Stéphanie : « Je voulais mettre à profit mon été pour mieux préciser mon orientation, et c’est un peu par chance que je suis tombée sur une annonce pour cette école d’été ! J’ai saisi l’occasion, car il est rare que ces initiatives soient ouvertes aux étudiants de premières années ». Un point d'importance pour Laurence Croizé, le cerveau du projet. Réservée à tous les élèves de la L1 à la L3, l’université d’été était accessible sur dossier avec, comme principal critère de sélection, la motivation. « Nous avons ouvert les candidatures à toutes sortes de filières, comme l’ingénierie, le droit, la chimie, explique Laurence Croizé. Et le recrutement dépendait de la qualité de la lettre de recommandation envoyée ». Directrice adjointe du département spatiale à l’université Paris Saclay, la chercheuse s’est battue pour que cette « école d’été » voie le jour et reste entièrement gratuite, hébergement et restauration compris.

Pour inaugurer cette première édition, Erika Velio a été désignée comme marraine du projet. Originaire de l’Ile de la Réunion, la directrice de service en institut de recherche spatial travaille depuis 18 ans dans ce domaine. À ce titre, elle souhaite accompagner les jeunes pour leur montrer que ce secteur demeure abordable car « les métiers du spatial ne se résument pas seulement à devenir Thomas Pesquet ». Et d'ajouter que les travaux en laboratoire, la recherche sur les satellites, la coordination des plateformes de propulsion, l'usage de l’intelligence artificielle comptent pour beaucoup dans le succès des expéditions spatiales. « Pour ma part, je n’irai jamais sur l’ISS (station spatiale internationale), mais j'apporte ma pierre à l’édifice ». Tout comme ces trente jeunes qui seront voués, dans le futur, à contribuer aux recherches. Et c'était bien l'ambition du projet que « d'identifier et d'accompagner de futurs talents ». Si la Junior Space Academy n’a duré qu’une semaine, les liens créés entre les participants n'en sont pas moins solides. Ainsi, Stéphanie caresse l'espoir de « garder le contact avec ses camarades jusqu’à que nous soyons (presque) tous intégrés au marché du spatial ». De son côté, Laëtitia a initié le groupe LinkedIn d’alumni de cette première promotion : « Une manière de suivre les chemins professionnels de chacun et de conserver des liens amicaux ». « D'autant qu'il est probable que plus tard, on ait besoin les uns des autres », poursuit Fanny. Une réussite pour Laurence Croizé, qui souhaitait « leur offrir un réseau qui a pris dix ans à se créer ».

À la fin de la semaine, les jeunes affirmaient être plus sereins quant à leurs futurs. Laëtitia, envieuse de ce monde de « passionnés », espère devenir « juriste dans le domaine du spatial ». De son côté, Stéphanie a pris conscience des besoins de renouveau du secteur : « Lors du déjeuner à l’Onera (centre français de recherche aérospatiale), j’ai échangé avec un chercheur sur les enjeux environnementaux dans le spatial, mais aussi sur la domination des entreprises d’Elon Musk ». Elle se remémore aussi sa rencontre avec l'astrophysicien Mustapha Meftah qui encourage ses pairs à entrer en « rupture » avec les modèles existants pour créer « le monde de demain ». Et ce futur s’imagine déjà dans les couloirs de la Junior Space Academy dont la dénomination anglo-saxonne révèle son ambition internationale. Certes, pour cette première mouture, les origines des participants se sont limitées aux frontières hexagonales, ce qui ne fait pas perdre le sourire à Laurence Croizé : « On souhaitait avoir un public européen, mais par manque de temps et de communication, ça ne s'est pas fait. On fera mieux l’année prochaine ! ». Avis aux passionnés des étoiles : le projet se trouve déjà sur la rampe de lancement pour un nouveau décollage en 2025. Si elle n'a jamais mis les pieds sur la lune, Erika Velio a toujours été une rêveuse. La fenêtre de sa chambre d’enfant donnait sur la grande antenne Omega, de quoi lui donner l'espoir de communiquer avec des extraterrestres. En grandissant, cette antenne a de nouveau joué un rôle clé dans la trajectoire de la Réunionnaise : sa destruction en 1995 a coïncidé avec l'obtention du baccalauréat d’Erika Velio et son départ pour la métropole. À l’origine, la jeune femme ne se destinait pas au spatial, d'autant que son père ne l'y encourageait pas. Au contraire, parce que « tu n’es qu’une fille, tu ne peux pas travailler dans la mécanique ». Il n'en fallait pas plus pour qu’Erika Velio redouble d’efforts pour lui donner tort. Aujourd’hui, sa course aux étoiles la ramène de nouveau à la Réunion, à la tête de son association Pikali, dont l'objectif demeure la création d'un centre culturel et spatial. Et de permettre aux jeunes filles de rêver à plus grand.

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