Portrait Raphaël Ruegger : chasseur de bonnes idées

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 14-12-2022

En bref

  • Pendant huit mois, ce conseiller municipal, étudiant et salarié, de 22 ans a parcouru la France à la recherche de bonnes pratiques locales «?qui marchent?». À son invitation, des maires ont présenté leurs initiatives vertueuses dans un théâtre parisien. Portrait d’un jeune homme pressé.
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Raphaël Ruegger : chasseur de bonnes idées Crédit : Tous droits réservés

À 22 ans, certains se vantent d’avoir déjà fait le tour du monde. Au même âge, Raphaël Ruegger se contente de sillonner les routes de France. Si sa tenue, dont on retiendra une chemise boutonnée couverte par une veste arborant un coq bleu blanc rouge, laisse deviner un statut d’élu, le reste trahit sa fraîcheur. Le visage juvénile et l’absence de barbe notamment. De quoi lui assurer un certain capital sympathie?? «?À n’en pas douter », confirme le conseiller municipal de Neuvy-sur-Barangeon (Cher) qui sait en jouer avec ses aînés : «?J’apprends beaucoup aux côtés d’élus plus âgés, mais je suis aussi conscient que ma jeunesse et ma part de naïveté apporte un coup de neuf?!?», poursuit-il.

Son jeune âge, on veut bien y croire. Sa naïveté, plus tellement. À l’école, ses bonnes notes lui permettent de masquer une nature impatiente. À tout juste 16 ans, le bac en poche, il est envoyé à Tours pour effectuer une prépa d’école de commerce, histoire de se laisser la liberté de choisir sa voie : «?Je savais que je voulais faire de la politique, mais je ne savais pas comment m’y prendre?». 

Un peu dépaysé, le Neuvycéen a alors le «?mal du village?» et rentre souvent au bercail. L’occasion de retrouver ses proches, mais aussi d’envisager la suite. Ses amis le savent, ses parents en sont conscients, lui-même ne s’en est jamais caché : son appétit politique reste à rassasier. Aussi, sa famille ne tombe pas des nues quand en 2020, le jeune homme pressé et seulement 20 printemps au compteur leur annonce : «?Vous allez désormais me voir tous les week-ends, car je me présente en tant que conseiller municipal?!?»

Presque trois ans après, Raphaël cumule un rôle d’élu de Neuvy-sur-Barangeon, un statut d’étudiant en dernière année d’école de commerce et un poste de consultant dans un cabinet parisien. Un quotidien qu’il a néanmoins su mettre sur pause le temps d’une expédition hexagonale.

C’est à la sortie d’un conseil municipal, en février 2022, que Raphaël a le déclic. Il se décide à prendre la route pour voir du pays et découvrir ses habitants. Son Tour de France à lui ne se réalise pas à vélo, mais au volant d’une Clio. Soutenu par Évidence, le cabinet de conseils parisien dans lequel il officie, il part en quête de «?bonnes idées?» dans différentes communes françaises. 

Pendant huit mois, l’étudiant effectue alors ce qu’il appelle son «?compagnonnage?», en référence aux parcours des apprentis-compagnons du Tour de France. Le voilà à voguer de ville en ville, à la faveur de rendez-vous improvisés avec des élus locaux. S’il comptait sur l’hospitalité de ses hôtes, le conseiller municipal ne s’attendait pas à tant de générosité : «?J’ai passé mes journées avec des bénévoles, des services civiques, des jeunes. J’ai vraiment plongé dans l’intimité des gens, en vivant chez des élus.?»

Tout au long de son aventure, Raphaël se mue en apprenti journaliste et noircit des carnets de notes : astuces, mesures politiques, initiatives sociales, tout est soigneusement consigné. Puis vient le temps de la synthèse. Et ces bonnes pratiques auront un label : «?les trucs qui marchent?». Ça pourrait prêter à sourire, mais au fond, c’est du solide. Si bien d’ailleurs que le 22 novembre 2022, le jeune pèlerin fait salle comble au Théâtre de la Madeleine pour le lancement de La Fédération française des trucs qui marchent. Une soirée durant laquelle Raphaël a donné l’occasion à six maires, de monter sur scène pour présenter leurs initiatives. Et bien que l’étudiant ait quitté sa Clio et repris le chemin de la fac, son périple n’est pas terminé : «?Il y a deux jours, j’ai rencontré le maire du 17e qui était intéressé par des projets. On va sûrement être amené à travailler ensemble.?»

Focus

Pour découvrir les coulisses et les meilleurs moments de cette soirée, animée par Maïtena Biraben, il n'y a qu'à cliquer ici 

Vous voulez savoir à quoi ressembleront les prochaines semaines de Raphaël?? «?À compter de janvier, je passerai trois jours au cabinet de conseils, un journée en cours à l’École des Ponts et une autre à l’Essec, puis le week-end, je retournerai à la municipalité de mon village.?» Tout simplement… Une chose est sûre : s’il n’est pas encore maire, il possède déjà un emploi du temps de ministre. D’ailleurs, pour combler un éventuel trou dans l’agenda, le jeune homme co-produit une application à destination des élus, Appcom.

Reste que pour donner du poids à son Tour de France, Raphaël aimerait voir la Fédération française des trucs qui marchent (FFTM) faire encore plus d’émules. Sa démarche, qu’il assure neutre de toutes ambitions électorales, a vocation à créer des liens entre les élus de tous bords. Le site internet, encore en construction, sera lancé d’ici la fin de l’année. En attendant, le jeune conseiller municipal garde la conviction que la politique se fait avant tout sur le terrain. Et bien que nouvellement parisien, il continue de puiser ses racines à Neuvy-sur-Barangeon. «?Lorsque j’ai été pris en école de commerce à Paris, on m’a félicité “Bravo, tu es sorti du trou, tu as réussi”. Mais moi, je voulais déjà rentrer au village. Ma vraie réussite, c’est de revenir.?» Un ancrage régional qui n’empêche pas de rêver aux lumières de la capitale. Ainsi, en 2023, Raphaël entend renouveler l’expérience de la Madeleine en réunissant à nouveau des élus lors d’un autre événement, comme le Salon des Maires de France. Un ascenseur pour aller plus haut. Sous la 5e République, cinq des huit présidents ont occupé la fonction de premier édile. Et un certain Nicolas Sarkozy n’avait que 28 ans quand il a pris la mairie de Neuilly-sur-Seine. On connaît la suite.

 

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