- Portrait
A peine diplômée, déjà en reconversion
- Réorientation
Il y a 3 ans nous rencontrions Chloé étudiante dans une école de jeu vidéo parisienne. Aujourd’hui, elle nous parle de son parcours et de ses choix d’orientation qui l’ont poussée à se diriger vers ses premiers amours : le dessin et l’illustration
Café en bord de Seine, Paris, 17h. Chloé est attablée en terrasse et crayonne sur un carnet en nous attendant. 3 ans après notre première rencontre, quelques centimètres de cheveux en plus et avec un grand sourire, la jeune fille revient sur son parcours depuis l’école de jeu vidéo où elle était étudiante en dernière année. « J’ai fait un stage de fin d’études. J’étais dans un tout petit studio de jeux vidéo. Comme pour beaucoup de stagiaires, on se retrouve à occuper un vrai poste. On est clairement de la main d’œuvre pas chère, mal payée voire pas payée du tout. Mon stage devait durer d’octobre à novembre. Mais j’ai senti dès le début que je n’allais pas apprendre grand-chose de ce stage et je me sentais mal avec l’équipe ». Chloé prend la décision de ne faire qu’un mois de stage, après s’être assurée qu’il lui permettrait tout de même de valider sa dernière année d’école. « Après ça, pendant plusieurs mois, je me suis demandée ce que je voulais vraiment faire. J’ai finalement décidé de suivre une formation de “dessinateur illustrateur, option BD” à distance ».
Passionnée de dessin dès le lycée, Chloé n’a pas pu se spécialiser pendant ses études dans le jeu vidéo. « J’étais trop “touche à tout” et je pense que c’est ce qui a rendu mon insertion professionnelle très difficile. Pourtant j’avais expliqué vouloir me spécialiser dans le dessin, mais les professeurs m’ont dit que je n’avais pas le niveau et que le secteur du dessin dans le jeu vidéo était totalement bouché. Je pense que c’est une école que j’aurais dû tenter après avoir fait une formation en art et non directement après le bac ». Loin de se décourager et de mettre de côté sa passion, elle prend le pari de tout recommencer pour se réorienter et se spécialiser dans le dessin.
En faisant ce choix, Chloé ne s’est pas facilitée la tâche et la jeune femme a essuyé quelques critiques sur son travail lors d’une visite au salon de l’illustration jeunesse à Montreuil. « J’ai discuté avec des professionnels. J’y suis allée un peu trop confiante pensant qu’on allait me congratuler et me dire que mon travail était bon. Le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai pris une douche froide ». Pas de bases suffisantes, impossible à éditer en l’état. La jeune fille accuse le coup. « C’est dur de se dire que l’on a fait des études, mais qu’en fait on reste débutant. Sur le moment ça ne fait pas plaisir à entendre mais finalement cette claque m’a fait du bien ». Sûre de ses choix Chloé ne lâche pas son projet. Assidue en cours, elle dessine en permanence pour s’améliorer. Elle compte même retourner au salon cette année. « Je veux me confronter à nouveau aux professionnels. J’essaie de rester optimiste ».
Confiance en soi, motivation et soutien : les clés pour une réorientation réussie
Pendant les moments de doutes, Chloé a pu compter sur le soutien de ses proches. « Après mon école, j’ai beaucoup parlé avec mes parents de mes projets. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour m’inciter à faire ce que j’aime. Ils me soutiennent surtout pour que je continue à me former. Après mes études, ils m’ont demandé ce que je voulais faire au fond de moi et ça été une évidence : du dessin. Ils comprennent que je n’ai pas envie de faire quelque chose qui ne me plaît pas ».
Prête à quelques sacrifices, la jeune femme ne perd pas de vue son objectif : tout tenter pour y arriver. « Je m’apprête à vivre difficilement financièrement parlant je le sais. Mais je sais aussi que je m’en sortirai. Je ne veux pas avoir à regretter de ne pas avoir essayé de faire quelque chose que je veux vraiment faire. Je pense que j’ai bien fait de me lancer tant que je suis jeune et avant de m’enfermer dans un travail qui ne me plait pas ».
Avec des projets plein la tête, Chloé a déjà lancé de nombreuses pistes pour se faire connaître. « J’ai édité un livre jeunesse, j’ai illustré un petit livre de jeu de rôle et j’ai fait des petites couvertures. J’ai un projet de BD pour la jeunesse. L’objectif que je me fixe maintenant, c’est de lancer le plus de bouteilles à la mer possible, pour augmenter mes chances d’avoir des retours positifs ».
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 18-02-2019
/ créé le 08-02-2019
Crédit photo : Marine Ilario