- Enquête
Avec AlterPaces ou PluriPass, les études de santé s'ouvrent à plus d'étudiants
- Orientation
- Pass/L.AS (ex PACES)
De plus en plus d’universités proposent des formations alternatives à la paces pour donner sa chance à un plus grand nombre d'étudiants d’intégrer une filière en santé
Face au fort taux d’échec en paces (première année commune aux études de santé), des formations alternatives ont vu le jour et permettent d’intégrer des études en santé tout en évitant le concours de la première année. Ces formations s’appellent AlterPaces ou PluriPass et de plus en plus d’universités les proposent.
En 2017, 8 nouvelles universités ont fait le choix d’expérimenter un cursus alternatif à la paces. C’est notamment le cas d’Angers, Aix-Marseille ou encore Caen et Brest. Au total, 18 universités ont intégré un cursus AlterPaces ou PluriPass à leur offre de formation.
AlterPaces ou PluriPass, quelle différence ?
Les deux formations alternatives à la paces ne doivent pas être confondues car, même si leur finalité est identique – intégrer une formation en santé – elles ne sont pas organisées de la même manière.
PluriPass est un parcours de formation qui remplace la paces. Ce dispositif a été lancé en 2015 dans la faculté d’Angers. Depuis la rentrée 2018, la faculté de Brest expérimente ce système avec un parcours de formation appelé UBOPASS.
Avec le système PluriPass les étudiants suivent des cours quasiment identiques au programme de la paces. Ils ont la possibilité d’entrer en études de santé à la fin de la 1re année (en fonction de leurs résultats et après un oral) ou de la 2e année.
Quelle différence avec la paces ? Les étudiants qui échouent également en 2e année PluriPass mais qui ont une moyenne supérieure à 10, peuvent continuer leurs études en licence et ne perdent pas deux années comme c’est actuellement le cas pour ceux qui échouent 2 fois à la paces. En PluriPass il y a toujours un numerus clausus (75% des places pour la 1re année, 25% pour la 2nde).
A côté du système PluriPass, des universités ont fait le choix de proposer à leurs étudiants une nouvelle alternative à la paces, appelée AlterPaces. Ce dispositif permet à des étudiants de 2e ou 3e année de licence d’intégrer une 2e année d’étude en santé en validant des UE supplémentaires.
Souhaitant intégrer médecine, Hadrien fait partie de la première promotion de l’AlterPaces de l’université de Caen. « Je voulais m’inscrire en paces car la médecine est un domaine qui m’intéresse depuis le début de ma 2e année de licence en informatique, mais ça m’embêtait d’arrêter ma licence en plein milieu ». C’est donc en 3e année qu’il décide de se lancer en médecine et prend connaissance du système AlterPaces.
« Pour intégrer l’AlterPaces il faut passer des sélections » explique Hadrien. « On doit rendre un dossier qui comprend un CV, une lettre de motivation et les notes de la première et de la deuxième année de licence et ensuite passer un oral ». La sélection est sévère en AlterPaces. « Pour être sélectionné il faut faire partie du premier quart de la promotion de chaque année de licence » précise Hadrien. Seuls les étudiants qui montrent une grande motivation et une forte capacité de travail sont sélectionnés afin d’assurer leur réussite en études de santé.
Une fois la sélection passée, les étudiants doivent, en plus de leur cursus en licence, valider des UE spécifiques. « J’avais trois matières en plus à valider » explique Hadrien. « Ce qui est stressant c’est que ces matières ne se compensent pas entre elles donc pour être reçu il faut avoir au minimum 10 dans chacune d’elles. Sauf que ce sont des matières que je ne maitrise pas forcément donc j’ai dû énormément travailler pour avoir le niveau ».
Des formations plébiscitées par les étudiants ?
A Caen, 20 places en médecine, 10 en pharmacie et 3 en maïeutique sont proposés à l’AlterPaces. « Cette année nous avons eu 8 dossiers de candidatures et finalement nous en avons sélectionnés 4, 2 en médecine et 2 en pharmacie » explique Annie Benhaim, responsable de l’AlterPaces à l’UFR Santé de Caen. Même constat à Paris 13. « Pour médecine nous proposons 30% de places du numérus clausus ce qui fait environ une quarantaine de places. Mais dans les faits toutes les places ne sont pas pourvues. Cette année nous avons eu 3 candidats qui se sont présentés » détaille Olivier Oudar, vice-président de la CFVU à l’université Paris 13.
Il reconnait que le manque de communication autour de ces formations est l’une des explications du manque de candidats. « Le dispositif est encore trop peu connu des lycéens et de leurs parents. On ne pouvait pas beaucoup communiquer sur l’AlterPaces parce qu’on n’avait pas encore assez de recul sur le dispositif ». Même constat pour l’AlterPaces mise en place à l’université d’Angers depuis janvier 2018 où de nombreuses places restent vacantes (places qui sont alors réintégrées dans le numérus clausus, NDLR).
Pourtant depuis son expérimentation dans de nombreuses universités l'AlterPaces semble faire ses preuves. « Certes, d’un point de vue quantitatif le dispositif AlterPaces ne fonctionne pas très bien. Mais d’un point de vue qualitatif il fonctionne parce que tous nos étudiants qui intègrent une formation en santé n’ont pas de difficultés » explique Olivier Oudar. « Ce sont des candidats qui ont 3 ans de licence derrière eux, ils ont une certaine maturité parce qu’ils sont plus âgés et l’AlterPaces demande beaucoup de travail ce qui fait qu’ils réussissent aussi bien que ceux qui ont suivi la paces ». Selon Annie Benhaim, pour attirer davantage de jeunes, les universités doivent « rassurer les jeunes sur la qualité de la formation en AlterPaces. Parce qu’au-delà d’un problème de communication je pense que c’est un peu effrayant aussi d’arriver directement en 2e année d’études de santé ».
A l’inverse, pour la formation PluriPass, toutes les places sont pourvues. « C'est parce que PluriPass remplace la paces à Angers. Donc chaque année il y a même plus de candidats que de places » explique Catherine Passirani, directrice de PluriPass à l’université d’Angers.
La paces bientôt réformée
Depuis la rentrée 2018, quelques universités expérimentent un nouveau mode de sélection en paces. Dans ces établissements, les étudiants en première année passent une première épreuve écrite ouvrant 75% des places du numérus clausus. Les 25% de places restantes sont attribuées à l’issue d’une épreuve orale ouverte aux étudiants qui ont obtenu 10/20 ou plus mais qui n’ont pas été reçus à l’écrit. Les étudiants qui échouent à ces deux épreuves n’ont plus la possibilité de redoubler la paces mais peuvent intégrer une deuxième année de licence (de la psycho aux sciences dures). A l’issue d’une Licence 3, ils peuvent repostuler en médecine et intégrer directement la 2e année.
Le gouvernement a aussi annoncé vouloir mettre fin au numerus clausus et au concours en fin de première année de médecine en 2020. Une nouvelle forme de sélection pourrait être mise en place.
Pour en savoir plus, lisez notre article « Etudes de médecine : La fin annoncée du numérus clausus ».
Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 21-06-2018
/ créé le 20-06-2018
Crédit photo : Pixabay