Cinéma d’animation : les formations pour y travailler
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Il y a une dizaine d'années, le cinéma d’animation comptait des autodidactes, mais aujourd’hui, suivre une formation est souvent indispensable pour se faire recruter par les studios.
Pour choisir son école, il faut vérifier la qualité de son enseignement et ses débouchés et prendre en compte les frais de scolarité. Car les formations dans l'animation sont généralement chères hormis quelques rares exceptions.
Techniques de réalisation de plus en plus poussées, personnages toujours plus réalistes, le cinéma d’animation s'est professionnalisé et recherche des collaborateurs hautement qualifiés. Conséquence : pour travailler dans le secteur, intégrer une école reconnue par les studios est un passage quasi obligé.
"De plus en plus de professionnels sont issus de grandes écoles de type Esma, Supinfocom Rubika, Art FX, Les Gobelins, ou d’établissements plus petits mais également réputés comme Bellecour, Emile Cohl, l’école Georges Méliès… Passer par une école est la meilleure façon de travailler dans l’animation mais les formations coûtent généralement cher, entre 7 000 à 8 000 euros par an en moyenne", résume Christophe Dupuis, superviseur d’effets visuels et fondateur de la société de production Coccon VFX.
Les écoles du Reca
Les établissements membres du Réseau des écoles françaises de cinéma d'animation (Reca) sont ceux qui proposent les formations les plus cotées. Ils ont signé une charte qualité. L’enseignement pédagogique, les locaux, le matériel : tout y est vérifié tous les 5 ans.
"Nous recrutons principalement des profils issus des écoles du Reca ; c’est un gage de qualité. Nous avons besoin de personnes opérationnelles", indique Stéphane Margail, directeur du studio toulousain TAT productions. Du côté international aussi, les écoles du Reca ont la cote : les diplômés se voient régulièrement proposer des missions par des studios américains, canadiens ou neo zélandais.
Choisir son école
Avant de choisir son école, il faut donc impérativement se renseigner sur les débouchés. S'ils ont de bons résultats, les établissements n'hésiteront pas à communiquer sur ce point. Autre moyen de connaître l'insertion professionnelle des diplômés : les réseaux sociaux comme Linkedin qui permettent, en recherchant le nom d'une école, de connaître les postes occupés par les anciens.
"Avant de choisir un établissement, je recommande d'aller aux journées portes ouvertes ; c’est l’occasion de discuter avec les étudiants, de découvrir les lieux, l’ambiance. Sur les sites des écoles, il est également possible de visionner les films de fin d’études, ce qui permet de découvrir les réalisations", conseille Christine Mazereau, déléguée générale du Reca.
Des spécialités différentes selon les écoles
Même si elles offrent toutes des débouchés dans le cinéma d'animation, les écoles ne proposent pas les mêmes formations. Emile Cohl par exemple est d’abord une école de dessin, l’Esma met en avant la création numérique", ArtFX l’animation 3D, l’image de synthèse et les effets spéciaux, la faculté Arts et technologies de l’image (ATI) est plus axée sur la technique…
Pour travailler dans la production, une formation fait référence : la licence professionnelle Techniques et activités de l’image et du son, spécialité "gestion de la production audiovisuelle" des Gobelins.
Du dessin à la 3D
Les pédagogies peuvent aussi varier. À l’école Georges Méliès par exemple, les étudiants de première année travaillent, sous forme d’ateliers, le dessin, la sculpture, la peinture, la musique, le théâtre et la littérature. "Il me semble important de consolider les fondamentaux des arts traditionnels avant d’aborder le 7ème. On sculpte la cire ou la terre avant de devenir modeleur 3D et il faut avoir compris l’anatomie avant de caricaturer. C’est pareil pour l’animation, on commence par la stop motion (animation image par image NDLR) avant de passer sur l’ordinateur", souligne Franck Petitta, fondateur et directeur général de l’école Georges Méliès.
Cinéma d'animation : des formations sélectives
Mais pour intégrer une école permettant de travailler dans le cinéma d’animation, il faut réussir les tests d’admission. Dossier de candidature, épreuves écrites, entretien de motivation, chaque école a son propre processus de sélection.
Pour être admis en formation "concepteur et réalisateur de films d’animation" des Gobelins, il faut notamment participer à "une étude de personnage en mouvements et perspectives" et à "une épreuve de mise en image d’un texte par le dessin". Autant dire qu’il vaut mieux avoir un bon coup de crayon pour réussir les épreuves d’admission.
Une sensibilité artistique
"Il faut avoir le sens des couleurs, savoir dessiner et aimer l’ordinateur. Ce qui compte beaucoup aussi, c’est la motivation. Il faut apprécier le travail en équipe car il n’y a pas de métiers solitaires dans le secteur", rappelle Christine Mazereau.
Mieux vaut aussi faire preuve d’ouverture d’esprit et d’intérêt pour l’art, le cinéma et plus largement la culture : "il faut être le plus curieux possible, chercher qui fait quoi dans un film, comprendre les métiers, s’intéresser aux images, aux nouvelles technologies, aller dans les musées, découvrir des peintures, des sculptures…", conseille Franck Petitta.
Un enseignement généralement couteux
Rares sont les possibilités de suivre un cursus dans l’animation à faible coût. Les tarifs des écoles varient entre 6 000 et 8 000 euros par an en moyenne, à l’exception de la faculté ATI dont les frais de scolarité sont inférieurs à 500 euros par an et gratuits pour les boursiers. Et à part Isart digital, qui propose des formations en contrat de professionnalisation ou la licence professionnelle des Gobelins, les possibilités d’alternance restent limitées.
Bonne nouvelle cependant : en 2018, le studio TeamTO ouvre l’École cartoucherie animation solidaire (Écas) qui propose une formation gratuite et accessible sans diplôme (voir en bas).
Prêts bancaires et bourses
Mais à part ces rares exceptions, dans la majorité des cas, plusieurs milliers d’euros sont nécessaires pour suivre une formation dans l’animation. "Pour ceux qui n’ont pas les moyens, nous avons noué un partenariat avec la Banque populaire : six mois après la formation, les diplômés commencent à payer la scolarité. Il y a aussi un système de bourses solidaires basées sur l’excellence pour aider des étudiants à financer une partie de leur formation", précise Franck Pettita.
Passer par une école est donc souvent un investissement mais de l’avis des professionnels, il est vite rentabilisé, à condition d'avoir opté pour une formation assurant des débouchés.
L'Écas : une formation gratuite accessible sans diplôme
Assurer des débouchés en préparant à un métier, c'est ce que propose l'Écas. Située à Bourg-Les-Valence (26), l'école dispense une formation de 6 mois permettant de devenir assistant animateur. Aucune qualification préalable n'est exigée : la sélection se fait par le biais de tests en ligne. Dans un premier temps, le candidat doit animer une balle qui rebondit sur le sol. Cela nous permet de détecter si la personne a le potentiel : moins de 4 % de la population serait capable de visualiser et de reproduire un mouvement, et cela est indépendant du niveau social ou du cursus", analyse Guillaume Hellouin, Pdg de TeamTO. Les candidats qui ont réussi ce test participent ensuite à d'autres épreuves puis à un entretien de motivation.
Un emploi assuré chez TeamTO
Gros avantage de cette formation : elle est gratuite et débouche au bout de 6 mois sur un emploi chez TeamTO. "Nous avons souhaité que cette formation soit gratuite car la plupart des écoles dans l'animation sont chères. Or, en France, pour bénéficier d'un prêt étudiant à taux zéro, des proches doivent se porter caution. Tout une frange de la population n'a donc pas accès à ces formations alors qu'il y a potentiellement des animateurs hors normes dans cette catégorie", souligne Guillaume Hellouin.
Pour la session 2018, 1050 personnes ont passé le test de la balle. 150 candidats ont été sélectionnés pour poursuivre le processus de recrutement. 25 seront admis et débuteront leur formation en janvier.
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 10/04/2019
/ créé le 30-10-2017
Crédit photo : Ecole Georges Melies