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Journées européennes de l’archéologie : connaissez-vous les gardiens des réserves du Pôle archéologique ?
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Lors des journées européennes de l’archéologie (14, 15 et 16 juin 2024) le Pôle archéologique de la Ville de Paris a ouvert ses portes au public. Un lieu secret qui renferme toutes les découvertes d’une petite équipe de scientifiques. L’occasion de découvrir un métier de passion et de discipline.
Des vestiges pour comprendre aujourd’hui le monde d’hier
D’extérieur, le bâtiment ne laisse rien présager des richesses que renferme son sous-sol. Mais, selon l’adage, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Des trésors, les réserves du Pôle archéologique de la Ville de Paris en regorgent par milliers. Pourtant, de prime abord, un regard non exercé ne peut qu’associer ces séries de blocs blancs parfaitement alignés à de simples pierres de chantier. Et pour cause : ici, point de dorures et d’ornements, les objets rares et précieux se composent de roche et de calcaire. Et Julien Avinain, le responsable du Pôle archéologique de la ville de Paris, de déambuler, avec aisance et joie, au milieu de ces richesses minérales. Aux quelques privilégiés venus visiter les lieux en ces journées européennes de l’archéologie, il présente les dernières trouvailles de son équipe. Soit une montagne de 350 caisses dans lesquelles se nichent des ossements d’animaux, retrouvés dans un ancien quartier des bouchers de Paris de l’époque antique. Des découvertes à même de nourrir nos connaissances d’aujourd’hui sur le monde d’hier. Ce que le médiatique professeur d’archéologie de l’université de Rome, Savino di Lernia, résume ainsi : « L’archéologie est bien la plus noble des recherches, par sa minutie, elle nous inculque la patience, par l’interprétation que l’on doit faire de nos recherches, la sagesse ». Conscient que cette réserve paraît abrupte et froide, Julien Avinain invite à la considérer autrement, car « le sous-sol est un lieu plein de vie, que l’on traverse tous les jours et dans lequel on accueille des chercheurs ou des étudiants ». Le mobilier qui s’y trouve voyage et se retrouve parfois exposé dans des musées nationaux.
L’archéologie, une quête minutieuse et nécessaire
La petite équipe de Julien Avinain compte huit professionnels, en plus de lui-même. Tous animés par une même mission : préserver l’Histoire des territoires. Depuis le vote de la loi de préservation de 2021, les 4 500 archéologues français interviennent lors des dépôts de permis d’urbanisme, afin de veiller à ce que les futures constructions n’abîment pas des vestiges enfouis. « La fouille vise à déconstruire les sols pour en prélever des données », explique le responsable. Une fois extrait, le mobilier est lavé, numéroté et envoyé en études. Pour définir précisément l’origine de leurs découvertes, l’équipe municipale fait régulièrement appel à des spécialistes de la céramique, de la faune, du lapidaire. S'ensuit l’écriture d’un rapport, et de temps en temps la publication d’articles scientifiques. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la mission peut être considérée comme « achevée ». Pour atteindre ce but, l’expertise d’un archéogographe s’avère cruciale afin d’apporter une autre lecture aux découvertes d’objets. Dans l’équipe, Émilie Cavanna, une des cinq archéogéographe de France, œuvre pour « tenter de savoir comment les sociétés s’organisaient sur le territoire qu’elles occupaient ». Une passion qui surgit à sept ans, lors de sa première visite d’un musée d’archéologie avec sa classe. Confrontée aux préjugés - « une fille ne peut pas devenir archéologue » ou « archéologue, ce n’est pas un métier, tu finiras professeure d’Histoire » -, Émilie Cavanna ne s’est pas découragée bien que les études soient longues.
Du mythe à la réalité du terrain
« On pense à tort qu’il faut maîtriser le latin ou le grec, mais le plus important n’est pas de connaître l’histoire sur le bout des doigts, mais plutôt de se montrer débrouillard, d’utiliser des logiciels, de dessiner, de rédiger, et de manier avec précision les outils », précise cette spécialiste qui observe une féminisation de sa profession. Si elle a pu mettre un pied dans l’archéologie à l’occasion de chantiers de jeunes bénévoles, ce baptême de la terre se montre de plus en plus difficile. En cause, la professionnalisation du métier qui requiert, aujourd’hui, davantage de rigueur qu’hier. Un mal pour un bien, selon Jean-François Goret, qui a, lui aussi, commencé avec des petits contrats à tout juste 18 ans : « Quand on fouille un endroit, on ne peut pas revenir en arrière. On n’a donc pas le droit à l’erreur. » Comme ses collègues, Jean-François Goret aime dire qu’il exerce un métier « pas banal », grâce auquel il crée tous les jours (ou presque) de la connaissance. Si leurs corps s’abîment sur le terrain, la tête travaille aussi durement, car « la plupart du temps, on ne trouve rien », souligne le professionnel. Loin du fantasme de l’aventurier, les archéologues demeurent des scientifiques. Et ces derniers peinent parfois à valoriser leur métier auprès des plus jeunes. « Les élèves me demandent souvent si je garde pour moi les pièces d’or trouvées, un peu comme Indiana Jones », s’amuse Émilie Cavanna, car « ils nous imaginent fouillant le sol avec des détecteurs de métaux ». Une (naïve) aberration lorsque l’on sait que la richesse des archéologues vient de leurs découvertes à même de nourrir l’Histoire pour mieux la raconter. Et que ça, ça n’a pas de prix.
Perrine Basset Fériot © CIDJ
Actu mise à jour le 21-06-2024
/ créée le 21-06-2024
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris