Cinéma d’animation : se faire recruter
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Spécialistes du compositing, de la 3D, de la texture, des poils, des effets spéciaux, mais aussi développeurs, chargés de production…, le cinéma d’animation recrute des profils spécialisés. Quelles compétences sont recherchées par le studios ? Quels postes sont proposés ? Comment décrocher un contrat ? Décryptage.
Le cinéma d’animation a le vent en poupe. Chaque année, de nouvelles productions, séries et longs-métrages, voient le jour sur les écrans. Et cette tendance devrait se poursuivre puisque selon l'Association française du cinéma d'animation (AFCA), 2 500 postes devront être créés dans le secteur d’ici 2020.
"D’ici mars 2018, nous allons recruter 6 story boarders, un assistant monteur, 4 infographistes plus généralistes, 4 personnes au lay out ("mise en page", "disposition"), une vingtaine d’animateurs et une dizaine de personnes au lighting ("éclairage") et au compositing ("composition")", énumère Stéphane Margail, directeur du studio toulousain TAT productions qui a réalisé Les As de la Jungle. "Nous recrutons de façon permanente dans des volumes plus ou moins importants, en fonction des productions. Nous sommes 250 aujourd’hui alors que nous n’étions que 50 il y a à peine un an", résume Simon Thomas, directeur de création chez Mikros.
Du design au rendu
Concepteurs graphiques, designers, modeleurs, spécialistes des poils, des textures, des effets spéciaux, animateurs, monteurs… de nombreux métiers sont nécessaires pour réaliser un film d’animation. Mikros, le studio qui a notamment réalisé Capitaine Superslip ou Sahara, compte par exemple vingt départements, du design au rendu.
"Toutes les professions que l’on retrouve sur un plateau pour un film existent aussi pour un film d’animation. Par exemple, un lighting supervisor (responsable de l'éclairage, de la lumière) a les compétences d’un chef opérateur en puissance", analyse Christophe Dupuis, superviseur d’effets visuels et fondateur de la société de production Coccon VFX.
Animateurs et spécialistes
Mais ces spécialités n’offrent pas toutes les mêmes débouchés. Les métiers qui recrutent le plus sont ceux qui permettent aux décors et aux personnages de prendre forme sur écran.
"Nous recrutons surtout des spécialistes du rigging (squelette), du lighting (lumière, éclairage), du surfacing (texture et couleur), de l’animation", souligne Cécile Steinlein en charge des talents chez Mikros.
Chez TeamTO (producteur de Calimero, de Gus, petit oiseau, grand voyage, de Pyjamasque…), 40 % des effectifs travaillent dans l'animation. C’est d’ailleurs pour ne pas être en pénurie de ce type de profils que le studio vient de créer l’École cartoucherie animation solidaire (Écas) qui propose une formation de 6 mois, gratuite et accessible sans diplôme, d’assistant animateur.
Conception et production
A l’inverse, les départements design et conception graphique, chargés de dessiner les personnages et les décors et parfois de raconter l’histoire, ont moins de besoins.
Quant à la réalisation, elle ne représente généralement qu’un poste par film, autant dire qu’elle ne compte que de rares élus. Mais pour mener à bien un projet, les studios ont aussi besoin de personnes s’occupant de la production, capables d’établir des budgets, de négocier avec les clients et les prestataires, de recruter, de définir les plannings…
Le département informatique
A la pointe de la technologie, le cinéma d’animation nécessite aussi des logiciels dernier cri et des outils informatiques puissants capables de gérer un grand stock de données. Les studios ont donc également besoin de développeurs.
"Le département R&D (recherche et développement) compte 17 personnes qui inventent des outils permettant d’optimiser la production. Plus récemment, nous avons créé notre propre logiciel d’animation qui sera commercialisé en 2018 et nous travaillons à la V2 de notre logiciel de gestion de production", explique Guilaume Hellouin, Pdg de TeamTO.
Spécialistes versus généralistes
Animateur du personnage principal, de caractères secondaires, des arrière-plans, spécialiste de la couleur, des textures, des poils, des squelettes, des effets spéciaux..., les productions à gros budget font appel à des profils généralement ultra spécialisés. "Nous recherchons avant tout des experts dans chaque domaine; cela implique beaucoup de pratique et d’entraînement", explique Cécile Steinlein.
Mais le fait de maîtriser plusieurs techniques et de comprendre l’ensemble de la chaîne de fabrication est aussi un atout. "Il faut avoir un regard sur tout, ne pas hésiter à travailler dans la publicité, le jeu vidéo, le long métrage, tout en développant spécialités et compétences car ce qui manque aujourd’hui dans le secteur, ce sont des superviseurs et des responsables, qui ont forcément une connaissance assez large des métiers", souligne Christophe Dupuis.
Les compétences artistiques et techniques
"Le cinéma d’animation est très dynamique en France. Il y a des débouchés pour les gens motivés qui ont de bonnes prédispositions aux métiers artistiques", résume Stéphane Margail. Aptitude en dessin, sens des proportions, du volume, des mouvements sont des compétences particulièrement prisées par les studios.
Mais le talent ne suffit généralement pas. Le passage par une formation est aujourd’hui une étape quasi nécessaire car elle permet d’acquérir les compétences techniques propres au cinéma d’animation. C’est dans les écoles spécialisées comme celles appartenant au Reca (Réseau des écoles françaises de cinéma d’animation) que les étudiants comprennent la chaîne de fabrication d’un film, apprennent le jargon de la profession et se forment aux logiciels utilisés dans les studios.
Personnalité et savoir-être
Si technicité, talent et compétences artistiques sont de mise, il vaut mieux aussi être sympa et sociable pour être recruté par un studio. "Il y a généralement une chouette ambiance dans ce secteur ; les équipes s’entendent bien, il y a une belle émulation, un esprit de communauté plutôt amical", confie Cécile Steinlein. Mais travailler dans l’animation, c’est aussi accepter de ne parfois pas compter ses heures, notamment en période de bouclage. "Il faut être capable de rester assis et concentré toute une journée sur un ordinateur", rappelle Guillaume Hellouin. Le recrutement se faisant souvent au niveau international, il est aussi vivement conseillé de parler anglais.
Se faire recruter
Pour espérer décrocher un contrat quand on est débutant, il faut montrer ce que l’on est capable de faire. "Il est important de présenter un portfolio car il permet d’évaluer le niveau technique et artistique de la personne. Le mieux est d’avoir un portfolio en ligne car il peut être actualisé au fur et à mesure des nouvelles réalisations", conseille Sophie Panek, chargée de production chez TeamTO.
Les travaux réalisés dans le cadre des études sont aussi un bon moyen de se faire repérer, de montrer ses compétences et sasensibilité artistique. "Les directeurs d’animation participent aux jurys de fin d’études ; ils font le tour des écoles pour y déceler les talents", observe Christophe Dupuis.
Démarcher les studios
Dès qu’ils ont des besoins, les studios diffusent leurs annonces sur les réseaux sociaux et sur leur site sur lequel il est généralement possible de transmettre une candidature spontanée. "Pour se faire recruter chez TeamTO, la méthode la plus efficace est de postuler via le formulaire sur notre site. La candidature est ainsi rattachée à des mots-clefs. Lorsque nous sommes en phase de recrutement, nous effectuons une recherche à partir de ces mots-clés dans la base de données. Les candidatures transmises par mail ne sont pas intégrées à cette base de données : en cas de recrutement, elles risquent donc de passer entre les mailles du filet", prévient Sophie Panek.
Autre possibilité pour approcher les producteurs : participer à des événements en lien avec le secteur comme le festival du film d’animation d’Annecy ou les journées du Reca (Réseau des écoles françaises de cinéma d'animation).
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 26/02/2018
/ créé le 04-12-2017
Crédit photo : Esra