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Du jeu vidéo à l’illustration : j’ai créé ma bande dessinée

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Du jeu vidéo à l’illustration : j’ai créé ma bande dessinée

VIDÉO. Après des études dans le jeu vidéo, Chloé Harrand doit bien l’admettre, ce secteur n’est pas fait pour elle. C’est décidé, elle se lance finalement dans l’illustration. Après quelques échecs auprès d’éditeurs, la jeune femme ne se laisse pas abattre et ose. Cette année elle sort, via une plateforme de financement participatif, sa première bande dessinée, Le voyage du chat.

A l’instar du héros de sa première bande dessinée, un chat, Chloé Harrand a déjà connu plusieurs vies. Après quelques expériences peu concluantes dans le secteur du jeu vidéo, la jeune femme décide de consacrer sa vie au dessin et se lance dans l’illustration en freelance. Quelques mois après ce choix, elle sort sa première bande dessinée et revient, pour ce nouvel épisode de notre Websérie « J’ai osé », sur son parcours.

Du jeu vidéo à l'illustration : j'ai créé ma bande dessinée

Après le jeu vidéo, oser se reconvertir vers l'illustration

« J’ai suivi des études à Lisaa (l’institut supérieur des arts appliqués) à Paris avec l’option "Jeu vidéo". En sortant de cette école, je me suis rendu compte que l’univers du jeu vidéo n’était pas nécessairement fait pour moi et que ce que je voulais c’était faire du dessin. J’ai alors pris la décision de faire des études à distance pour renforcer mes connaissances dans ce domaine tout en continuant à travailler dans l’illustration de mon côté, en freelance.

La première fois où j’ai eu la sensation d’oser quelque chose, c’est le moment où j’ai accepté que mon premier choix d’études n’était pas nécessairement le bon et surtout que ce n’était pas grave. Je me suis représentée à 40 ans et je me suis dit : "mince, si à 40 ans je me réveille et que j’ai passé 20 ans de ma vie à faire quelque chose qui ne me plaisait pas et que je devais repartir à zéro à ce moment-là...". Ça m’a terrifiée et je me suis dit que si je n’osais pas maintenant, peut-être que je n’oserais jamais. »

Travailler dans l’illustration : se confronter aux maisons d’édition

« J’ai donc fait le choix de me tourner vers l’illustration jeunesse dans un premier temps parce que je pensais que ce milieu était plus accessible. C’était sans doute une erreur au départ et je m’en suis rendu compte lorsque je me suis cassée les dents au salon du livre à Montreuil. Je me souviens, j’avais monté un portfolio et je m’étais dit : "ça va, je sors d’une école, je pense que j’ai des bases, des choses à montrer". Mais je me suis retrouvée face à deux éditrices. La première m’a dit : "ce que vous avez là, ce n’est pas publiable, vous n’avez pas d’univers, votre trait est encore très jeune. Revenez quand vous aurez plus d’expérience". J’ai encaissé, mais je me suis sentie mal. La deuxième éditrice a confirmé que mon travail manquait d’expérience mais, face à mon désarroi, elle m’a donné des conseils pour progresser.

Dans un premier temps, cette expérience m’a découragée mais, finalement, pas suffisamment fort pour que je me dise que je laisserais tomber parce qu’il y a toujours eu une petite voix en moi qui m’a dit : "si tu laisses tomber, tu vas t’ennuyer toute ta vie" ».

Créer sa bande dessinée : du projet au produit fini

« Aujourd’hui, j’ai sorti ma bande dessinée via Ulule (plateforme de financement participatif, ndlr). Dans un premier temps, j’avais très envie de faire éditer mon projet mais aucune maison d’édition n’était intéressée. Je n’ai pas frappé la porte à beaucoup de maisons d’édition, j’aurais pu en faire plus mais j’avais besoin que ce projet voit le jour, qu’il soit terminé. J’ai alors fait appel à une personne qui faisait de l’autoédition et avec qui j’avais déjà travaillé, pour qu’elle s’occupe de l’édition et de l’impression du projet. Et elle a accepté.

Le crowdfunding c’était, pour moi, la possibilité d’avoir un projet vraiment "fait maison". J’ai commencé à parler de mon projet sur les réseaux. J’ai fait un gros lancement en septembre dernier et on a réussi à avoir 165 contributeurs. Il nous en fallait 70 pour pouvoir l’éditer en noir et blanc et 100 pour l’avoir en couleur. Finalement, on a un bel objet en couleur.

Quand j’ai reçu la bande dessinée je me suis dit : "on dirait une vraie !" comme si c’était possible que ce ne soit pas le cas. Tout le monde m’a dit : "mais oui, c’est parce que c’est une vraie en fait !". Ça été très difficile pour moi de réaliser que ma bande dessinée était finie. Je pense qu’il y a un bon syndrome de l’imposteur, bien ancré en moi. A chaque fois que je présente ma BD, je la dévalorise un peu en disant que ce n’est que de l’autoédition… Mais je me dis qu’il faut que je travaille sur ça parce que c’est dommage de ne pas apprécier à sa juste valeur mon projet, d’autant que j’en suis vraiment fière.

Demain il y aura peut-être d’autres projets, j’en ai d’autres dans mes cartons. Mais je me dis que si je n’arrive pas à les mettre en place maintenant c’est peut-être simplement parce que ce n’est pas le bon moment. Aujourd’hui, j’essaie de gagner ma vie avec l’illustration en freelance parce que ça commence à fonctionner pas trop mal pour moi. Et dès que j’arrive à installer une routine professionnelle, à avoir un trait plus affirmé c’est-à-dire un petit peu plus travaillé, alors je pourrai commencer un autre projet. »

Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 05-10-2021 / créé le 05-10-2021