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Charlène Morgo est boxeuse, Diandra Tchatchouang, basketteuse, Emilie Sadoux pratique la descente en roller. Qu'elles aient un statut professionnel ou qu'elles exercent une activité en parallèle, elles sont toutes sportives de haut niveau. Portraits.
En 2014 et en 2016, Charlène Morgo, 23 ans, a obtenu le titre de championne du monde de savate boxe française « assaut » catégorie - de 56 kilos. Cette année, elle concourra en boxe « combat » (dont les coups sont moins contrôlés, plus appuyés) aux championnats de France qui auront lieu en avril à Amiens.
Charlène Morgo pratique la boxe depuis 15 ans. « Cette passion, je l’ai développée grâce à Antonio Mastropasqua, mon entraîneur du club Toulouse multi-boxe. Il parvient toujours à me motiver et à me faire progresser », confie-t-elle.
C’est après avoir pratiqué le patinage artistique puis le ski de fond de haut niveau qu’Emilie Sadoux, originaire de La Clusaz, en Haute-Savoie, s’est tournée vers le roller au début des années 2000. A 39 ans, elle a décroché le titre de championne du monde de descente en roller au Roller games qui se sont déroulés à Nankin, en Chine, en septembre 2017. « Environ 4000 athlètes concourraient et une cinquantaine de nations étaient représentées dans diverses disciplines : skate, roller, patinage artistique... J’ai eu la chance d’être sélectionnée en équipe de France », explique-t-elle.
Le basket, Diandra Tchatchouang le pratique depuis 18 ans. C’est au club de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis, qu’elle a débuté sa carrière. Sur le terrain, elle porte d’ailleurs le maillot 93 en hommage à son département d’origine. Depuis, elle a joué une soixantaine de fois en équipe de France.
Après avoir suivi l’université de Maryland en NCAA (National collegiate athletic association), elle a joué dans les clubs de Montpellier puis de Perpignan.
Elle occupe le poste d’arrière au Tango Bourges Basket, club qu’elle a rejoint en 2013 et avec lequel elle a remporté plusieurs titres : championne de France en 2015, les Coupes de France en 2014 et 2017 et l’Eurocup en 2016.
À l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, ces trois sportives de haut niveau nous racontent leur passion, leur quotidien et leurs projets.
Vivre de sa passion ou avoir une activité professionnelle en parallèle
Diandra Tchatchouang
« Le basket, c’est d’abord une passion que je pratique depuis l’âge de 12 ans. J’ai la chance d’avoir pu rapidement devenir basketteuse professionnelle, ce qui m’a permis de faire de ma passion mon métier et de pouvoir en vivre. Je sais que ce n’est pas donné à tout le monde.
Être sportive professionnelle, c’est un travail à temps plein. On ne va pas au bureau, mais on est sur le terrain 4 à 5 heures par jour du lundi au samedi, on s’entraîne deux fois par jour et on participe à deux matchs par semaine. »
Charlène Morgo
« Actuellement, je suis professeur des écoles stagiaire en alternance à l’école élémentaire Cantelauze à Fonsorbes, à côté de Toulouse. En parallèle, je pratique la boxe une dizaine d’heures par semaine. Je fais également du footing et de la musculation.
À la différence de la boxe anglaise, la boxe française n’est pas un sport olympique. On dispose du coup de beaucoup moins de moyens. Au maximum, on perçoit 2000 euros sur une année si on a de bons résultats. »
Emilie Sadoux
« Le roller non plus n’est pas une discipline olympique. Peu de sponsors s’intéressent à notre sport. Il n’est donc pas non plus possible de vivre du roller. Mais comme je pratique le sport de haut niveau depuis longtemps, j’ai orienté ma carrière professionnelle dans ce sens : j’ai été salariée de TSL, leader mondial de la raquette à neige en tant que chargée de promotion pendant 16 ans. Je suis aussi monitrice de ski et de rollers et accompagnatrice de moyenne montagne. »
Pratique féminine / pratique masculine
Charlène Morgo
« En boxe française, les boxeurs sont logés à la même enseigne que les boxeuses. Je ne pense pas qu’ils gagnent plus d’argent. En ce qui concerne les relations entre garçons et filles, il n’y a pas de malaise. Il y a d’ailleurs beaucoup de boxeuses dans mon club : environ 40 % de femmes et 60 % d’hommes. »
Emilie Sadoux
« Dans le roller, il n’y a pas énormément de différences entre sportifs et sportives. Peut-être qu’un homme a cependant plus de facilités à décrocher des sponsors… Je pense aussi que si ça avait été un homme qui avait obtenu un titre de champion du monde, cela aurait été plus valorisé dans les médias. Nous sommes par contre bien considérées par nos pairs qui ont même tendance à nous mettre sur un piédestal du fait que l’on descende aussi vite qu’eux ! »
Diandra Tchatchouang
« Le salaire moyen d’une basketteuse professionnelle est d’environ 4000 à 5000 euros par mois. Comparé au reste de la population, c’est beaucoup, mais c’est plusieurs milliers d’euros de moins que les basketteurs hommes. Nous faisons pourtant le même boulot ; les rémunérations devraient être les mêmes.
Le problème, c’est que le sport masculin continue d’être plus médiatisé et d’attirer du coup plus de sponsors. Ce sont les mentalités qu’il faut changer. »
Devenir professeure des écoles, journaliste, créer son entreprise
Charlène Morgo
« En juin, je saurai si je deviens professeure des écoles titulaire. Je croise les doigts ! Ce n’est pas toujours simple de se motiver à aller s’entraîner après une journée passée en classe avec les enfants mais tant que j’arriverai à tout concilier, je continuerai. Les enfants savent que je fais de la boxe. Ça les intéresse. J’envisage de leur montrer des vidéos pour leur faire découvrir mon sport. »
Emilie Sadoux
« Aujourd’hui, je suis dans un tournant professionnel ; j’ai quitté TSL chez qui j’étais salariée pendant 16 ans. J’ai racheté une société : je vais fabriquer des bijoux en céramique. C’est grâce à ma carrière de sportive que j’en suis là aujourd’hui. Elle m’a permis de prendre confiance en moi et d’oser me lancer dans l’entrepreneuriat. En parallèle, je me prépare pour la deuxième édition des Rollers games qui se tiendront à Barcelone durant l’été 2019. »
Diandra Tchatchouang
« Une carrière de basketteuse professionnelle se termine vers 30 - 35 ans. Elle peut aussi s’arrêter à tout moment du fait d’une blessure. Il faut donc anticiper et penser à la reconversion, suivre des formations et essayer de décrocher un diplôme. Mon projet est de devenir journaliste. Je suis actuellement une formation à distance pour sportifs de haut niveau avec Sciences Po Paris pour obtenir un certificat préparatoire en sciences politiques, afin de poursuivre en master. »
Allez les filles !
Emilie Sadoux
« Le message que je souhaiterais délivrer aux filles ? Je cumule ma pratique sportive avec le plaisir d’être maman de deux enfants. J’essaie de transmettre ma passion à mes enfants et aux enfants que je forme. À 39 ans, on peut être maman et décrocher un titre de championne du monde ! »
Charlène Morgo
« Ne vous mettez pas de barrière à pratiquer un sport de combat : plus il y aura de filles, mieux ce sera ! »
Diandra Tchatchouang
« Nous vivons dans une société où il n’est pas simple de réaliser ses projets, surtout quand on est une femme, raison de plus pour croire dans ses rêves, être déterminée et briser les interdits. »
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 12-06-2018
/ créé le 07-03-2018
Crédit photo : Charlène Morgo, Diandra Tchatchouang et Emilie Sadoux