Travailler dans la bande dessinée : dans la bulle de Jul
- Arts
Jul, auteur de Silex and the City, a un parcours atypique… "Comme beaucoup dans cet univers", précise-t-il. Agrégé d'histoire, il s'est finalement tourné vers le dessin de presse et la bande dessinée. Entre deux coups de feutre studieux, et malgré un emploi du temps serré, Jul nous invite à plancher sur les métiers de dessinateur et scénariste de BD.
Sa table est jonchée de dessins d'actualité et la sonnerie du portable retentit régulièrement. En plus de son travail pour différents titres de presse, Jul est actuellement en pleine promo pour le nouvel album de sa série Silex and the City et pour Platon La Gaffe, une BD sur la philosophie qu'il publie avec Charles Pépin. Rançon du succès, il court après le temps… Mais c'est souriant et volubile qu'il nous en accorde un peu pour évoquer son parcours et sa vision du métier d'auteur de bande dessinée. Bienvenue dans sa bulle !
Pas d'école spécialisée pour Jul… ou l'itinéraire d'un autodidacte
Bon élève, Jul s'est orienté vers des études poussées en histoire. "Après une prépa littéraire, j'ai intégré Normale sup et passé mon agrégation d'histoire. Ma spécialité, c'était la sinologie… loin de l'univers de la BD, donc ! Mais j'avais beaucoup d'autres centres d'intérêt, dont l'actualité et la bande dessinée. Et j'ai finalement préféré faire des dessins marrants pour des journaux plutôt que de poursuivre dans l'enseignement."
Bien sûr, il maniait déjà régulièrement feutres et crayons. "J'ai toujours dessiné. Et je pense que bien des dessinateurs sont des enfants qui ont continué à dessiner. D'où des points communs entre mes dessins actuels et d'écolier", sourit-il. "Même si je progresse encore : il y a une marge de progression pour tous les auteurs de BD."
Autodidacte, il n'a jamais pris de des cours approfondis de dessin, mais a nourri son trait et son univers de références diverses. "J'ai été abonné à Fluide glacial et Spirou… J'étais impressionné par les Idées noires de Franquin, certaines planches de Gotlib ou de Reiser… Je trouvais ça drôle et grinçant."
"Pour devenir dessinateur et/ou scénariste de BD, il faut être curieux."
Se prêter au jeu de la promo n'est pas obligatoire, mais amplifie le succès d'une bande dessinée
"Avant de publier mon premier album de BD en 2005, j'ai été dessinateur de presse pendant des années." Mais les profils des professionnels de la bande dessinée sont très variés, tout comme leurs parcours. "Logique, puisqu'il s'agit d'une profession artistique."
Pas de voie royale donc, d'autant que le succès ou non d'une bande dessinée n'est pas toujours prévisible. "Certaines BD n'ont pas un lectorat immédiat : elles ont besoin de coups de pouce comme des prépublications dans les journaux ou une mise en avant par les libraires. Je suis dans ce cas-là car les gens qui lisent mes albums ne sont pas forcément des lecteurs de BD."
Sur les plateaux de télé, Jul est à l'aise. "Je joue sans souci le jeu de la promo, mais ce n'est pas obligatoire. Certains auteurs sont allergiques aux médias et une œuvre n'en a heureusement pas forcément besoin pour connaître le succès. En parler permet cependant d'élargir son public."
Mais avant de séduire les lecteurs, ce sont les éditeurs qu'il faut convaincre. "Il y a 16 albums qui sont publiés chaque jour. Pourquoi pas le vôtre ?"
"Trouver un éditeur pour sa BD, c'est possible. Mais vivre de ce métier est plus difficile."
Travailler dans la BD : un dessinateur ou un scénariste a souvent une autre profession
La BD permettant difficilement de gagner sa vie, beaucoup s'adonnent en parallèle à d'autres activités plus lucratives.
"Dessin, scénario, communication visuelle, animation, graphisme, jeu vidéo, affiches… Rares sont les gens qui se consacrent exclusivement à un seul domaine", explique Jul. "Beaucoup exercent aussi des professions très différentes : autour de moi, il y a des auteurs de BD qui sont aussi serveurs, journalistes pigistes, ou encore profs, et pas seulement en arts graphiques."
Et si la notoriété de Jul lui garantit des publications régulières, il lui arrive encore d'essuyer des refus. "Comme mon premier album a bien marché, j'ai acquis d'emblée une certaine crédibilité auprès des éditeurs. C'est un luxe ! Mais j'ai par exemple souvent eu envie de faire des albums jeunesse et mes projets n'ont pas trouvé d'éditeur."
En attendant, sa série Silex and the City fait un carton en librairies et à la télévision.
Virginie Gruenenberger © CIDJ
Article mis à jour le 10/09/2019
/ créé le 24-10-2013
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