Cinéma d’animation : un recrutement à l'échelle mondiale
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Croc-Blanc, Moi, moche et méchant, Capitaine Superslip, Les As de la jungle…, le cinéma d'animation français se porte bien en France.
Les studios multiplient les productions de renommée internationale et les étudiants issus des écoles les plus prisées n’ont pas de mal à trouver un emploi en France ou à l'étranger.
Tour d’horizon du secteur.
Moi, moche et méchant, Croc-Blanc, Les As de la Jungle, Ma vie de courgette, Astérix, Les lapins crétins, Pyjamasques,… Qu'il s'agisse de films ou de séries, on ne compte plus les productions françaises dans le cinéma d'animation. "Après les Etats-Unis, la France est avec le Japon, le deuxième ou troisième pays producteur de films d’animation.
Les aides du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) ont permis de relocaliser une partie de la production en France, ce qui a favorisé l’essor de petits studios. Actuellement, le secteur compte en France 5 000 à 6 000 salariés mais d’après les projections, il sera nécessaire de créer 2 500 postes dans les 3 prochaines années", prévient Christine Mazereau, déléguée générale du Réseau des écoles françaises de cinéma d’animation (Reca).
"Le secteur est en pleine croissance. La demande mondiale ne cesse d’augmenter grâce à l’émergence de marchés nouveaux, en Russie notamment", poursuit Simon Thomas, directeur de création chez Mikros.
Les studios français
En France, les studios d'animation les plus importants sont parisiens et s’appellent Illumination Mac Guff (Moi, moche et méchant, Comme des bêtes…), Mikros (Astérix, le Petit prince…) ou TeamTO (Pyjamasques, Les Lapins crétins…) mais l'Hexagone compte aussi des dizaines de sociétés plus petites comme TAT productions à Toulouse, Folimages à Bourg-lès-Valence, les Films du Nord à Roubaix ou Vivement lundi à Rennes.
Ces studios produisent des long-métrages, des séries, des jeux vidéo, mais aussi des documentaires, des publicités ou des films institutionnels.Ils peuvent être prestataires ou producteurs exécutifs à l'instar de Mikros avec Capitaine Superslip pour Dreamworks, ou réaliser leur propre film comme le fait la société TAT productions avec les As de la Jungle.
Des écoles reconnues
"La France est le pays qui forme le plus de gens aux métiers du cinéma d’animation. Dans les jurys des écoles, il y a des représentants de Vancouver, de Chine et des Etats-Unis qui viennent pour recruter des diplômés français", souligne Simon Thomas. Les raisons d’un tel engouement ? La qualité des enseignements proposés dans les écoles françaises.
Mais attention, les établissements ne se valent pas tous : le secteur étant à la mode, les formations fleurissent. Il y en aurait actuellement environ 80 en France.
C’est pour y voir plus clair que le Reca a vu le jour. "Le Reca a été créé à la demande du CNC pour garantir la transparence dans l’offre de formation. Les adhérents doivent respecter une charte qualité. D’une douzaine d’établissements il y a 7 ans, nous comptons aujourd’hui 25 écoles adhérentes", précise Christine Mazereau. Supinfocom Rubika, l’Ensad, Isart digital, l'ESMA, Emile Cohl, l’école Georges Méliès ou Bellecour font partie du Reca.
Une multitude de métiers
De la conception à la diffusion, un film d’animation exige une multitude de savoir-faire. Il faut concevoir l’histoire, la raconter, dessiner les personnages "en 2D" (sur papier) puis les fabriquer sur ordinateur en 3 dimensions et les animer.
"Il y a les spécialistes du rigging qui conçoivent les squelettes des personnages, ceux qui travaillent sur le mapping, c’est-à-dire sur les textures (par exemple un aspect velours, une teinte léopard), les spécialistes des poils et des fourrures, ceux qui sont en charge de créer des effets visuels (VFX) comme une explosion, de la fumée, de la neige…", énumère Christophe Dupuis, superviseur d’effets visuels et fondateur de la société de production Coccon VFX. "Nous employons en général 120 à 160 personnes par projet, rappelle Sophie Panek, chargée de production chez TeamTO. Il s’agit généralement de toutes les personnes figurant au générique comme membre de l’équipe TeamTO."
Des profils artistiques et techniques
Pour travailler dans le cinéma d’animation, il vaut mieux avoir une certaine appétence pour le dessin, la peinture ou la sculpture. Mais si avoir un bon coup de crayon est un élément important pour intégrer une école, le fait de n’avoir jamais dessiné n’est pas forcément rédhibitoire. "J’apprécie les diplômés du bac arts appliqués (STD2A) mais je suis ouvert à d’autres profils. Une personne qui pratique le théâtre ou la danse peut apporter un certain regard en matière de dramaturgie. Tous les jeunes que nous recrutons ont en tout cas des choses à raconter sur le plan artistique", résume Franck Petitta, fondateur et directeur général de l’école Georges Méliès.
Mais les profils plus techniques, comme les diplômés de la faculté Arts et Technologies de l'image (ATI) de Saint-Denis (93) sont également prisés pour travailler dans les départements rigging (réalisation des squelettes des personnages) ou VFX (effets visuels).
Des profils plus généralistes sont également recrutés pour assurer la partie production. "Ils doivent être capables d’encadrer une équipe, d’avoir une bonne compréhension de la chaîne de travail, d’interagir avec les artistes, les superviseurs, de dialoguer avec le client, de réaliser des budgets, cela exige des compétences à tous les niveaux », prévient Cécile Steinlein en charge des talents chez Mikros.
Des contrats d’intermittence
Comme dans le cinéma traditionnel, la très grande majorité des salariés de l’animation sont intermittents du spectacle. Les studios ne comptent qu’une poignée de salariés permanents et recrutent, en fonction des projets, des collaborateurs en contrats à durée déterminée.
"Pour un film, les contrats sont d’environ 6 mois. Sur un projet de série, il y a une grande quantité de travail à fournir, une saison comporte 52 épisodes de 11 minutes, c’est un an de travail assuré", explique Stéphane Margail, directeur du studio chez TAT productions.
Une précarité compensée par des salaires élevés, de réelles perspectives d’évolution et les efforts des studios pour fidéliser leurs collaborateurs. "Notre objectif est de tout faire pour ne pas perdre les artistes avec lesquels nous travaillons : nous faisons notre maximum pour que les plannings s’enchaînent bien, par exemple en les faisant travailler sur différents projets", souligne Cécile Steinlein.
Des opportunités à l'étranger
Dans le cinéma d’animation, les employeurs ne sont pas que français. Ils sont aussi américains, canadiens, néo-zélandais, japonais... La plupart des grosses sociétés de production comme Blue Sky, Dreamworks ou Pixar sont basées Outre Atlantique.
De nombreuses séries sont également produites en Asie : en Chine, en Inde, au Japon.
Conséquence : beaucoup de Français partent à l’étranger. « Les étudiants sont repérés en fin de formation, lorsqu’ils présentent leur film aux jurys. Nous sommes en concurrence directe avec des studios étrangers mais c’est aussi cela qui génère le plein emploi », analyse Simon Thomas. De l’étranger, certains reviennent après avoir effectué une ou plusieurs missions, d’autres pas.
Des salaires élevés
Car si travailler dans l’animation en France permet d’être bien payé (de l'ordre de 100 euros brut par jour pour un débutant), à l’étranger, les salaires peuvent être beaucoup plus importants. "Pour certains blockbusters, les budgets sont énormes. Les studios qui font des effets spéciaux par exemple, peuvent proposer des rémunérations très importantes. Les modèles économiques sont complètement différents", rappelle Stéphane Margail.
De nombreux superviseurs français se sont notamment installés au Royaume-Uni, au Canada ou aux Etats-Unis où ils bénéficient de salaires élevés. « C’est bien d’avoir une expérience à l’étranger mais j’engage les jeunes à revenir en France après : il y a ici des sensibilités particulières et de véritables talents qui ne demandent qu’à être révélés », conclut Christophe Dupuis.
Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 24/05/2018
/ créé le 30-10-2017
Crédit photo : Ecole Georges Méliès