- Témoignage
PVT Brésil : des Français racontent leur expérience
- PVT & VVT
Très attendu, le PVT Brésil (Programme vacances-travail) a été inauguré au printemps 2018. Deux Français, Chloé et Julien sont partis respectivement en juin et août derniers. De la candidature pour obtenir le visa à leur arrivée au Brésil, ils nous racontent leurs impressions.
« Arrivés au Brésil, à la douane, il a fallu qu’on explique ce qu’est le PVT Brésil ! » s’exclame amusée Chloé, 27 ans, partie avec Dimitri, son compagnon. Ce couple de jeunes baroudeurs se prépare depuis deux ans. En effet, l’accord entre la France et le Brésil a été signé en décembre 2013, mais n’a été promulgué qu’en avril dernier. Entre temps, Dimitri a obtenu un diplôme de professeur de kite surf et Chloé est devenue professeure de yoga après une formation suivie à Bali.
Pourquoi le Brésil ? « Il y a 3 ans, on a passé un mois de vacances sur les spots de kite réputés du Brésil, dans l’Etat de Ceara. On est tombés amoureux de cette région du nord-est ». Elle dans la communication évènementielle, lui ingénieur, ils quittent leur emploi respectif pour se lancer. Quant à Julien, 21 ans, c’est l’amour qui l’a mené à São Carlos, dans l’Etat de São Paulo. Lors d’un semestre Erasmus au Portugal, il rencontre sa compagne qui est Brésilienne. Alors, une fois sa licence Staps en poche, il a filé rejoindre sa belle dans cette ville universitaire du sud du pays… Ces jeunes Français font partie des premiers à avoir candidaté au Programme vacances-travail Brésil.
« Ce voyage au Brésil est à visée touristique »
C’est la course à l’information. Et si possible, la bonne information. La mise en place d’un nouveau programme vacances travail occasionne toujours des questionnements sur ses modalités d’application. Les premiers à partir essuient les plâtres !
« J’étais à Bali quand j’ai su que le visa était disponible. C’est compliqué d’avoir des infos complémentaires, le consulat nous renvoie à son site internet à la moindre question », déplore Chloé. Un quota annuel sera fixé, mais difficile de savoir combien de places seront attribuées. Photos, certificat médical attestant d’une bonne santé, preuve de fonds financiers suffisants, assurance, extrait de casier judiciaire, acte intégral de naissance… De nombreux documents avec des normes à respecter sont à réunir pour constituer une candidature. De plus, le formulaire à remplir en ligne n’est valable que 3 mois, il faut s’assurer d’obtenir un rendez-vous dans ce délai.
« Un calendrier des disponibilités est accessible sur le site du consulat du Brésil à Paris, on peut prendre ce rendez-vous uniquement en ligne », précise Chloé. Chaque candidat au Programme vacances-travail Brésil doit joindre une lettre de motivation dans laquelle il atteste que le travail n’est pas l’objectif principal de son voyage mais un moyen pour financer sa découverte du pays. « Ma lettre était très courte. J’ai expliqué que je voulais partir un an pour améliorer mon portugais et surtout, j’ai attesté sur l’honneur que ce voyage est avant tout à visée touristique », détaille Julien.
PVT Brésil : péripéties administratives… à l’arrivée au Brésil aussi !
Si l’intégralité du site du consulat n’est pas en français, le formulaire est accessible dans la langue de Molière. Mais pour profiter du séjour et pouvoir aller à la rencontre des Brésiliens, mieux vaut avoir des notions élémentaires de portugais. Nos jeunes voyageurs français s’accordent là-dessus. Le niveau A2 acquis en portugais lors de son semestre au Portugal a été suffisant pour Julien. « Cela fait 4 mois que je suis arrivé au Brésil, je n’ai pas eu besoin de reprendre des cours, j’ai amélioré ma compréhension et mon expression, malgré quelques fautes de conjugaison. Je pratique beaucoup plus le portugais maintenant qu’au Portugal où je n’ai côtoyé que des étudiants internationaux avec qui on échangeait en anglais ! »
Chloé et Dimitri ont opté pour des applications. « Ça aide pour avoir du vocabulaire et pour la construction des phrases. Mais on apprend vraiment en échangeant avec les Brésiliens qui sont super sympas ! », explique Chloé. Elle confie cependant avoir eu un peu de stress provoqué par les formalités administratives à accomplir une fois sur place. « Il faut se rendre à la police fédérale pour être inscrit sur le registre de l’immigration, ce qui requiert aussi des papiers ».
Julien regrette de ne pas avoir eu des informations plus précises avant son départ : « lorsqu’on vient retirer son visa au consulat, on nous dit bien qu’il faut s’inscrire auprès de la police fédérale, mais on ne nous précise pas par exemple qu’il faut présenter un acte intégral de naissance. Je ne l’avais pas pris avec moi, il a fallu que j’en fasse la demande au consulat de France à São Paulo. Et on a seulement 3 mois à partir de notre arrivée au Brésil pour effectuer cette démarche pour laquelle il faut aussi présenter un justificatif de domicile. » Et ça ne s'arrête pas là. Pour pouvoir travailler, il faut obtenir la « carteira de trabalho e providencia social ».
PVT Brésil : ils enseignent le kite surf, le yoga et le français
« Dimitri a trouvé deux contrats avant de partir, raconte Chloé. Souvent au Brésil, les écoles de kite proposent aussi du yoga donc je donne des cours. Nous sommes d’abord arrivés à Lagoinha, un spot un peu sauvage et pas très fréquenté par les touristes. Tout le contraire de Pontal où nous sommes en ce moment, un spot où la clientèle est assez internationale et haut de gamme avec pas mal de Français aussi ». Le couple est logé par l’école de kite avec d’autres moniteurs dans une maison pour un loyer équivalent à 80 € par mois. Elle le concède, c’est « un peu dommage de côtoyer des Français, on n’est pas là pour ça ». Alors dès la fin de la saison de kite en février, lorsqu’il n’y aura plus de vent, « on compte bouger un peu, notamment au Costa Rica ».
Julien veut aussi découvrir d’autres régions du Brésil et de l’Amérique du Sud à partir du mois de décembre. En attendant, il enseigne le français à l’Alliance française de São Carlos. « Une ville de 220 000 habitants située dans les terres et grande comme six fois une ville moyenne comme Tours, décrit le diplômé en Staps. J’ai eu de la chance de trouver cet emploi, je suis arrivé en pleine période de recrutement ». Installé au départ avec sa compagne, il a choisi de vivre de son côté pour mieux s’intégrer et pratiquer la langue. « Ça n’a pas été difficile de me loger, j’ai même eu le choix entre une dizaine de colocations ! J’habite à un quart d’heure de mon lieu de travail. » L’institution culturelle était prête à l’engager sur du long terme, mais le jeune Français a d’autres projets en tête.
« Les brésiliens nous appellent affectueusement les gringos ! »
En parallèle des cours qu’il donne à un public majoritairement composé d’étudiants, Julien prépare les concours de journalisme. Il prévoit d’intégrer une école en France à la rentrée prochaine. Avant son départ pour le Brésil, il a consulté les pages « Conseils aux voyageurs » sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. « Ça m’a rendu un peu parano. Mais c’est bien d’être sur la réserve au début, jusqu’à ce qu’on identifie les endroits plutôt sûrs et ceux plutôt dangereux. Pour ma part, j’ai trouvé São Paulo moins dangereuse que la description qui en est faite, particulièrement le jour ». Il considère que les Brésiliens sont beaucoup plus ouverts, amicaux et démonstratifs. Chloé estime être loin des grandes métropoles du sud réputées dangereuses. « On ne peut pas partir avec la peur, ça gâcherait notre séjour ».
Les clichés sur l’insécurité au Brésil n’ont pas vraiment arrêté ces jeunes Français qui ont la particularité d’être arrivés dans ce pays une année d’élection présidentielle. Julien en a d’ailleurs été le relais pour un journal régional français. Après leur voyage vers des contrées voisines, Chloé et Dimitri prévoient de revenir au Brésil en mai pour rejoindre un couple d’amis Argentins qui va ouvrir une école de kite surf… Ils souhaitent être du projet pour une installation durable dans le pays. « Mais on verra, on ne se projette pas sur plus de deux/trois mois, dit Chloé. On se laisse un peu vivre, c’est ça qui est cool aussi, on n’a pas le stress de notre vie en France. On s’est bien acclimatés, les gens sont détendus, ils nous appellent affectueusement les gringos ! »
L’élection de Jair Bolsonaro à la présidence n’a pas entamé les projets du couple. « Je ne juge pas les Brésiliens, nous ne connaissons pas les raisons qui les ont menés à ce choix, on imagine qu’il y a une volonté de changement face à la corruption et à l’insécurité. Le Brésil reste un beau pays et les Brésiliens demeurent très accueillants. »
D'une durée de 1 an maximum, le visa est accordé aux Français âgés de 18 à 30 ans et il est gratuit.
Le passeport doit avoir une durée de validité de 1 an. Il faut présenter un billet aller, justifier de ressources financières d'un montant de 2 500 € et d'une assurance pour la durée du séjour. Un certificat médical et un extrait de casier judiciaire sont également exigés.
Le formulaire à remplir est disponible sur le site du consulat du Brésil à Paris, rubrique Visas / Instructions formulaire. Une fois obtenu, vous avez un an pour valider le PVT. Arrivé sur place, vous pouvez vous inscrire sur le registre des Français de l'étranger auprès des services consulaires français au Brésil.
Pensez à faire les vaccins nécessaires selon les régions où vous comptez voyager.
Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Article mis à jour le 15-11-2018
/ créé le 15-11-2018
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