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Voyage et handicap : le road trip de Raphaël

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Voyage et handicap : le road trip de Raphaël

En fauteuil roulant, ce jeune baroudeur a déjà parcouru des milliers de kilomètres autour du globe ! Galères, belles rencontres et moments forts, il raconte.

"Je suis handicapé. Mais ça ne m’empêche pas de vivre !", me déclare Raphaël, dès les premières phrases de notre entretien. Le ton est donné. Bien qu'atteint d'une infirmité motrice cérébrale à la naissance, il a toujours voulu faire comme les autres. À 20 ans, il part, avec une bande de copains, en Sicile. Puis, il enchaîne les périples en Europe de l’Ouest.

"J’utilise tous les moyens de transport : location de minibus, camion, train, avion... Une fois, avec un ami valide, nous sommes partis du principe que le fauteuil est un moyen de transport comme un autre. Nous avons décidé de nous déplacer dans les villes tous les deux en fauteuil. Ainsi, j’étais dans mon fauteuil électrique et lui s’est mis dans mon fauteuil manuel et je le tirais par une corde. De cette manière, nous avons visité Amsterdam, Cologne et Vienne !"

Raphaël utilise le coachsurfing à peu près partout où il va

Côté logement, Raphaël utilise le coachsurfing, à peu près partout où il va.

"Si cela ne dérange pas les gens qui m’accueillent, il y a toujours une solution, même si l’appartement ou la maison ne sont pas adaptés. Je laisse mon fauteuil en bas et l'on me porte jusqu’au canapé. Heureusement, je suis léger ! Il faut juste accepter de voyager sans trop de confort et aimer le système D."

La positive attitude même dans les moments difficiles !

Mais Raphaël veut partir plus loin. Pour son premier grand voyage, il part au Cap (Afrique du Sud) pendant 6 mois. Puis, c’est le Pérou, la Thaïlande, le Brésil, le Mexique… Chaque année, il reste plusieurs mois dans un pays pour s’imprégner de la façon de vivre des habitants et de leur culture.

"Lorsque je pars pour un long périple, je suis obligé de m’organiser notamment pour les transports. Il y a eu des galères. Une fois, le chef de gare n’a pas voulu attendre que je descende du train à la gare de Roissy–Charles-de-Gaulle ; il a sifflé le départ, moi toujours dans le train. Résultat, je me suis retrouvé à Lille et j’ai bien sûr raté mon avion pour Bangkok !"

Il en rit aujourd’hui, car ses mésaventures se sont toujours bien terminées. "Cela m’arrive de m’énerver, mais j’ai remarqué que si l’on garde une attitude souriante et positive, les gens sont prêts à vous aider et on trouve toujours une solution !" ajoute-t-il avec philosophie.

Tout est plus simple dans les pays pauvres : il n'y a pas de procédures strictes comme en Europe ou aux USA

Des solutions, il a dû en trouver partout dans le monde. Raphaël voyage principalement dans des pays pauvres où aucune infrastructure n’est adaptée au fauteuil. Et pourtant, "tout est plus simple dans ces pays, car il n’y a pas de procédures strictes comme en Europe ou aux USA", me dit-il.

Il évoque le souvenir d’un vol Paris–Brasilia avec un stop à Miami. "À Miami, c’était le stress total. La personne chargée de mon transfert me posait des questions sans écouter les réponses. Nous avions plusieurs heures d’attente. Je voulais sortir dehors fumer une cigarette. Mais elle m’a fait passer les portes d’embarquement. J’étais coincé. Je ne pouvais plus sortir de l’aéroport ! Arrivé à Brasilia, c’était l’opposé total ! Nous ne parlions pas portugais, et l’homme qui s’est occupé de moi ne parlait pas un mot d’anglais. Mais tout était beaucoup plus zen, sans stress. Avec beaucoup de patience et de gentillesse, il a su entendre mes attentes."

Il faut surtout bien se connaître, bien connaître son handicap

Il ne s’interdit presque rien. "Les limites sont dans la tête. Si je ne peux pas faire quelque chose, j’essaie de trouver une solution pour y arriver quand même. Il faut surtout bien se connaître, bien connaître son handicap" m’explique-t-il.

Il rentre d’une semaine dans la jungle. "Un jour, des Mexicains m’ont proposé de me faire découvrir une cascade éloignée des zones touristiques. Nous y avons passé la journée. J'ai même pu aller sous la cascade. Vivre un moment pareil a été un travail d'équipe. Cela n'a été possible que parce qu'ils ont accepté de m'aider mais aussi parce que j'ai su leur montrer comment faire pour me porter jusque-là."

"Au retour, il s’est mis à pleuvoir. Il fallait rentrer vite, l’un des garçons a dû me porter sur son dos, le sol était glissant. C’était dur pour tous. J’ai fermé les yeux, imploré l’Univers de nous aider et finalement nous sommes rentrés à bon port. Cette expérience nous a rapprochés. Nous étions de simples connaissances de voyage, nous sommes devenus des amis. Mes voyages sont plein de moments forts comme celui-là."

Propos recueillis en 2014.

Valérie François © CIDJ
Article mis à jour le 07/08/2018 / créé le 25-07-2018