- Témoignage
Voyager au Québec avec Basile : « La distance nous apprend à rebondir »
- Eurodesk
PARTIR POUR SE DÉCOUVRIR, c'est le podcast qui retrace le parcours de jeunes de 18 à 30 ans, partis à l'étranger. Du Canada à l’Espagne, en passant par la Suède, PPSD vous amène aux 4 coins du monde à la découverte de ces jeunes bien décidés à prendre leur destin en main. Ce mois-ci, pour le deuxième épisode, rencontre avec Basile, un acrobate français et ancien élève de l’école du cirque de Montréal.
Passionné par le monde artistique et acrobatique, Basile Hermann Philippe a 18 ans, et son bac en poche, lorsqu'il décide de passer des auditions pour intégrer une école de cirque. Après différents essais, il décroche une place pour rejoindre la célèbre École nationale de cirque de Montréal. Parti pour trois ans d'études, Basile vit son expérience à fond et finira par rester près de sept ans au Québec.
S'ouvrir à d'autres formes d'expression artistique
Basile Hermann Philippe : « J'ai été pris à Montréal dans une école là-bas. Et quelques semaines plus tard, j'avais une connaissance qui était déjà dans cette école-là, et qui m'a dit « Et bien, en fait, je cherche un colloque, est-ce que tu veux venir prendre la place » […] Je n'avais pas encore prévu de partir à Montréal, mais là j'avais une école qui m'attendait, avec une maison et plein d'amis, de gens que je ne connaissais pas vraiment encore, mais que j'avais rencontrés pendant les auditions […] En France, j'étais vraiment spécialisé comme acrobate au sol, donc à la frontière entre la gymnastique acrobatique et la danse. Une fois à Montréal, je me suis vraiment ouvert à d'autres directions […] vers la danse contemporaine montréalaise […] et la scène de la performance.
CIDJ-Eurodesk : Au fil des ans, Basile apprend à voir les choses différemment, mais aussi à vivre selon un nouveau rythme et de nouvelles habitudes.
Basile Hermann Philippe : Pendant ces trois ans, même quatre ans, à l'École de cirque de Montréal […] j'ai découvert une autre scène, plus proche de l'expérimental, moins mainstream. […] Et c'est ça aussi la beauté du voyage, et ce n'est pas forcément quelque chose que tu vas lire dans un guide ou dont on va te parler à l'école, mais c'est vraiment quelque chose […à…] découvrir en étant là-bas. […] Si tu ne traînes pas juste entre Français et que tu continues à t'ouvrir aux autres personnes qui sont là, de toutes les nationalités, mais aussi aux personnes qui habitent la ville […tu vas…] découvrir toute une culture. Pour moi, Montréal, c'est une ville dans laquelle il faut divaguer, dans laquelle il faut marcher et se perdre, regarder les gens et parler avec […] Se permettre de rentrer dans une bibliothèque, dans une maison de la culture, parce que forcément, surtout en hiver, notre mode de vie est très polarisé entre le chez-nous et le lieu de travail ou le lieu d'études.
Le bénévolat pour élargir son horizon
Basile Hermann Philippe : Pour moi, habiter un endroit, c'est habiter un endroit où je suis entouré de personnes que j'aime, mais aussi de personnes qui m'inspirent […] Je pense que ça, ça a été quand même la chose la plus dure, de continuer à rencontrer des gens, souvent hors des cercles de travail […] Mais les rues sont beaucoup plus larges, il y a beaucoup moins d'endroits où s'installer, d'endroits où juste zoner pour exister dans la ville. […] La chose qui m'a le plus aidé, c'est le bénévolat […] pour rencontrer des gens, quel que soit leur âge […] À des moments, ça fait du bien d'être avec des personnes qui ont d'autres expériences […] plus jeunes ou plus âgées. […] Le bénévolat m'a beaucoup aidé, à prendre de la distance pour comprendre qui tu es, mais aussi pour comprendre d'où tu viens et à quel endroit tu es.
CIDJ-Eurodesk : Que ce soit grâce au bénévolat ou par d'autres réseaux, Basile fera de nombreuses rencontres durant son séjour, dont certaines marqueront de manière significative son parcours et sa carrière.
Basile Hermann Philippe : Il y a un projet […] qui m'a fait beaucoup évoluer à Montréal, avec une artiste danseuse qui s'appelle Nianzu Wang et qui vient de Taïwan. […] Elle m'a fait la proposition de travailler pour elle sur un solo […] qui a ensuite amené à un an, deux ans, de collaboration expérimentale, de recherche où on se proposait de courtes créations ensemble. Sans le but d'arriver à un grand spectacle […], mais toujours pour le plaisir d'expérimenter et d'apprendre de l’autre, de nos deux cultures différentes, avec toujours Montréal comme point de rencontre.
Revenir avec un projet concret
Basile Hermann Philippe : Quand je suis arrivé à Montréal, je ne connaissais vraiment rien d'autre que la France, ce système dans lequel j'avais évolué, qui avait fait ma formation politique […] En fait, prendre cette distance-là m'a fait réaliser tellement de choses, autant sur mon identité […] mon éducation politique, mon éducation artistique. Je me suis vraiment construit et je suis vraiment devenu un artiste à Montréal. […] J’ai appris qu'est-ce que c'était le travail, qu'est-ce que c'est le travail avec passion […] ce n’est pas toujours toujours facile, mais ce rapport au travail là m'a vraiment changé.
CIDJ-Eurodesk : Durant ces années passées à Montréal […] Basile a non seulement perfectionné sa pratique acrobatique, mais il a aussi réalisé que sa passion pouvait également s'exprimer à travers la création. Aujourd'hui, c'est donc en France, près de sa famille et de ses proches, qu'il travaille à la réalisation de son nouveau spectacle.
Basile Hermann Philippe : Ce spectacle s'appelle « Broths et autres paysages ». C'est une création à quatre mains avec Maxime Stéphan, un acrobate qui a fait l'École nationale en France de cirque. Et tous les deux [sur scène] on devient danseur, on devient performeur […] et c'est vraiment la personne que je suis devenu. […] Une personne qui travaille avec son corps, mais qui n'est plus dans un rapport de domination acrobatique, à vouloir devenir le meilleur acrobate du monde et à faire des doubles saltos. Mais une personne qui veut travailler dans le sensible. […] Je ne veux plus faire rêver en représentant un corps de superhéros. […] C’est plutôt une personne qui cherche à représenter et à faire rêver par quelque chose de plus sensible.
CIDJ-Eurodesk : De retour, Basile a un petit message à adresser à tous les jeunes qui, comme lui, rêveraient de partir faire leurs études à l'étranger.
Basile Hermann Philippe : C'est vraiment de se donner le temps d'essayer parce qu'on est jeune et qu’on a le temps, même si on pense tout de suite, et assez rapidement (à l’) école (à la) voie de professionnalisation (aux) contacts (aux) rencontre(s). Tout voyage et tout (le) temps qu'on prend pour nous, ça nous permet de mieux nous trouver et après de faire des choix […] plus sensés. […] Si cette expérience était à refaire, je la referais exactement de la même manière, sans changements et en passant à travers les moments compliqués aussi, surtout les moments compliqués, que ce soit les blessures, les peines de cœur, la distance, parce que c'est ces expériences-là […] nous forment et nous apprennent à rebondir et à nous soigner.
CIDJ-Eurodesk : « Que ce soit dans le cadre de programmes d'échange pour effectuer un stage à l'international, pour s'engager dans du volontariat ou bien encore pour accomplir un projet personnel, le CIDJ et le réseau Info Jeune-Eurodesk vous accompagnent pour concrétiser votre projet. Alors si vous aussi, vous avez envie de partir à l'étranger, rendez-vous directement sur le site du CIDJ pour retrouver les coordonnées des référents Eurodesk près de chez vous. »
La rédaction © CIDJ
Article mis à jour le 22-02-2023
/ créé le 22-02-2023
Crédit photo : CIDJ