Interview Partir à l'étranger : stress du départ, spleen du retour... comment gérer ses émotions ?
En bref
- Partir vivre à l'étranger est un défi émotionnel auquel il faut se préparer. Adélaïde Russel psychologue, elle-même expatriée aux Etats-Unis, nous en dit plus sur le processus d'adaptation à un nouveau pays.
Le "choc culturel" d’une expatriation dure plusieurs mois et mêle des émotions contradictoires: stress, excitation, sentiment de solitude, euphorie, nostalgie…
Avant le départ, c’est normal de se sentir stressé
Avant même d’y être on appréhende déjà : être face à l’inconnu, parler une autre langue, se recréer un réseau social, se voir confier une mission étudiante ou professionnelle… "L’expatriation est un changement dans sa vie, c'est donc tout à faire normal d'être stressé" rassure Adélaïde Russel.
"Une expatriation réussie est une expatriation préparée" poursuit cette psychologue nomade qui compte plus d’une quinzaine d’expatriations à son actif . "Lisez des guides sur le pays, des livres sur l’expatriation, rendez-vous sur les blogs d’expatriés, échangez avec des jeunes déjà sur place..." conseille-t-elle.
Premiers pas dans le pays : c’est l’euphorie, tout paraît génial
"Arrivé dans le pays d’accueil, on entre dans une phase de découverte" explique Adélaïde Russel. On est très enthousiaste, très curieux et on a tendance à trouver que tout est mieux ici. Pendant quelques semaines, voire quelques mois, on est comme un touriste qui s’émerveille devant tout. "Cette excitation est positive et permet de mobiliser son énergie pour avancer et surmonter les difficultés du début : nouveau job, recherche de logement…".
Puis votre vie d’avant commence à vous manquer
"L’euphorie du début finit pas s’estomper et une routine s’installe. Ce que vous avez laissé en France vous manque. Il y a une prise de conscience et les choses vous paraissent moins roses qu’elles ne semblaient au début" remarque la psychologue.
On commence à critiquer le pays d’accueil, on se dit que ce n’est pas si bien et que ça ne nous convient pas. "Dans ces moments difficiles,gardez le contact avec sa famille et ses amis restés en France aide. Attention cependant à ne pas passer vos journées sur internet à discuter avec eux car vous risqueriez de vous isoler" prévient Adélaïde Russel.
"Certains jeunes envisagent rentrer en France aux premiers coups de blues. Ce n’est pas une bonne idée, fuir face à la difficulté ne renforcera pas l’estime que vous avez de vous-même" ajoute-t-elle.
Pour aller mieux : forcez-vous à sortir, créez un blog...
"Entre les locaux, les expatriés des quatre coins du monde et les français dans la même situation que vous, il y a des rencontres merveilleuses à faire ! Pour cela il faut s’obliger à sortir et à aller vers les autres "conseille cette française expatriée. "Quand on arrive dans un pays, il ne faut pas croire qu’on est attendu. Celui qui arrive doit faire le premier pas car c’est lui qui a des besoins relationnels, les autres ont déjà leur vie, leurs habitudes, leur cercle d’amis" affirme la jeune femme.
"Pourquoi ne pas se lancer dans la création d’un blog de voyage ?", interroge la psychologue. "C’est un bon exercice pour essayer de dépasser son mal-être car cela nous oblige à sortir, à prendre des photos, à observer les choses pour ensuite partager nos découvertes avec les internautes" explique-t-elle.
Ne vous découragez pas, vos efforts pour vous intégrer finiront par payer, vous vous sentirez progressivement chez vous et vous pourrez enfin profiter pleinement de votre expatriation. "Soyez patient, ça peut mettre du temps, six mois et même parfois plus" constate Adélaïde Russel.
Quand vient le retour, c’est un nouveau choc culturel
Alors qu’on s’était bien adapté au pays, c’est déjà le moment de rentrer! On imagine que c'est plus facile de rentrer et que ça a un côté rassurant mais le retour en France n’est pas moins éprouvant que le départ. Passé le temps joyeux des retrouvailles avec ses proches, la réalité nous rattrape.
"Il faut savoir que quand on rentre on n’est plus le même, cette expérience nous a enrichi, on est davantage ouvert et tolérant" note Adélaïde Russel. "C’est très étrange comme sensation, on a l’impression de ne plus connaître son pays. En réalité ce n’est pas le pays qui a changé, c’est nous" explique-t-elle.
Il faut s’attendre à ce qu’il y ait un décalage avec ses proches "Ils sont restés dans leur routine, on a du mal à partager avec eux notre expérience " relève Adélaïde Russel. "Pour atténuer votre nostalgie, gardez contact avec les amis que vous vous êtes fait là-bas. Ne négligez pas pour autant vos relations en France, il faut vivre dans le présent et ne pas avoir la tête encore là-bas !" conclut la jeune femme.
Propos recueillis en 2015.
Besoin de voir un psy à l’autre bout du monde ? Une fois sur place, pas facile de se confier dans une autre langue que la sienne. La plateforme Eutelmed, pour laquelle travaille Adélaïde Russel, propose aux expatriés francophones des vidéo-consultations payantes avec des psychologues.
Pauline, nous raconte son expérience de mobilité
A 18 ans, Pauline Rendu, originaire de Paris, vit dans la capitale où elle est étudiante en double licence de droit-philosophie… Très occupée par ses études, elle tombe - par hasard - sur un post Instagram de la Commission européenne?: présentant le programme DiscoverEU. Intriguée, Pauline décide de participer à ce concours qui propose de gagner un pass Interrail pour découvrir l’Europe. En savoir plus