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À Pantin, une autoécole transporte gratuitement des personnes dans le besoin
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Permettre aux personnes âgées ou en difficultés financières de se déplacer gratuitement, c’est l’initiative d’une autoécole de Pantin. De quoi créer du lien entre les générations et réduire l’empreinte carbone des passagers.
Occuper les sièges vides des voitures d’autoécole pour transporter des passagers dans le besoin. C’est l’idée ingénieuse de Manaf Acimi, gérant de l’école de conduite CER Milani à Pantin (Seine Saint-Denis). Concrétisé fin février 2023, ce projet permet, principalement à des personnes âgées, de se déplacer gratuitement à Pantin, Paris et les villes alentour. Les passagers à mobilité réduite ou connaissant des difficultés financières peuvent également bénéficier de ce coup de pouce.
Le patron du CER Milani de Pantin cherche donc une parade, à son échelle, à l’augmentation du coût du passe Navigo comme des prix à la consommation.
Des passagers rassurés par des apprentis expérimentés
Concrètement, les candidats à ce covoiturage gratuit contactent l’autoécole, idéalement 3 à 4 jours à l’avance, et détaillent leur situation comme leur destination. Les trajets sont souvent des allers simples avec deux passagers au maximum par voiture. Si les personnes âgées restent prioritaires, il n’y a pas de condition d’âge pour être sélectionné. Tout est organisé au cas par cas, en fonction du planning des leçons de conduites et des difficultés — financières ou de mobilités — des demandeurs.
La sécurité demeure une des préoccupations principales de Manaf Acimi. Seuls les élèves à l’aise avec le volant et totalisant un bon nombre d’heures de conduite sont donc invités à se joindre à l’aventure. De quoi rassurer les bénéficiaires et limiter les déconvenues. Le gérant précise qu’aucun accident n’a été à déplorer jusqu’à présent et insiste sur la portée solidaire de son initiative.
Des colibris pour changer d'état d'esprit
« Un jour, je suis tombé sur une vidéo de Pierre Rabhi. Il y évoquait la métaphore du colibri : cette idée qu’il faut faire sa part lorsqu’on se trouve confronté à un drame ou une injustice, même si l’on ne peut pas tout changer, tout seul. Cette pensée est restée dans un coin de ma tête et aujourd’hui, je l’applique. Je fais ma part », relate Manaf Acimi. Si le formateur de conduite n’a jamais essuyé de refus de la part de ses élèves, il constate même que « les discussions entre les jeunes et les seniors sont souvent enrichissantes ».
À la fin de leurs cours de conduite, les élèves parlent de « leur BA de la journée », quand les passagers changent de regard sur les jeunes de banlieue. La promiscuité du véhicule tout autant que la durée du trajet favorise l’échange. « Ce covoiturage casse l’image des “racailles” que certaines personnes pourraient avoir en tête si elles se fient seulement à l’apparence vestimentaire de ces jeunes ou à ce qu’en disent parfois certains médias. Lorsqu’elles échangent avec eux, elles se rendent compte qu’ils sont polis, sympathiques, font souvent de longues études », souligne le patron de cette école de conduite. « Quelques jours après avoir été transportée, une maman nous a rappelés pour savoir si le gamin qui l’a transporté avait réussi son permis. Ça nous a fait plaisir ! »
Autre conséquence positive de cette initiative : la réduction de l’empreinte carbone des passagers qui se déplacent, le covoiturage constituant une des solutions recommandées par les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
De quoi fournir des arguments supplémentaires à Manaf Acimi pour mener des discussions avec le réseau CER qui regroupe 550 autoécoles en France, dont la sienne. Car il espère bien voir son idée essaimer aux quatre coins de l’Hexagone pour que s’envolent d’autres colibris.
Florian Mestres © CIDJ
Actu mise à jour le 14-04-2023
/ créée le 14-04-2023
Crédit photo : D.R.