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Dick pic : envoyer des nudes sans consentement est puni par la loi

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Dick pic : envoyer des nudes sans consentement est puni par la loi

Envoyer des photos intimes à des personnes qui n’ont rien demandé est, ni plus ni moins, une agression sexuelle passible de poursuites pénales.

Y a-t-il une dick pic dans l’avion ? La réponse est oui. En tout cas dans le vol de la Southwest Airlines en direction de Cabo San Lucas le 25 août dernier. Avant même le décollage, certains passagers se sont plaints de recevoir une photo non sollicitée d'un sexe masculin via Air drop. Pour mettre fin à cet envoi, le pilote a sommé le serial envoyeur d’arrêter son méfait sous peine de ne pas décoller du tout. Une menace qui suffit à calmer les ardeurs de l’expéditeur et le vol a finalement pu se dérouler sans d’autres encombres. Une info qui peut faire sourire. Pourtant cet acte, pas si anodin, est pénalement répréhensible.

Près d’une femme sur deux a déjà reçu une dick pic

« Je suis fatiguée de ce genre de porc », se lamente une jeune internaute sur le fil twitter du groupe « Balance ta dick pic » alors qu’elle vient d’en recevoir une. « J'ai même plus de mots pour exprimer ma lassitude et mon mécontentement. Ça devient lourd sérieux », se désespère une autre.

D’après une étude menée par Yougov au Royaume-Uni, 4 femmes sur 10, âgées entre 18 et 34 ans, ont déjà reçu, sans consentement, une dick pic dans leur DM : 53 % des jeunes femmes âgées entre 18 et 24 ans, contre 36 % chez les femmes âgées de 31 à 34 ans.

En France, 42 % des femmes qui utilisent des sites ou des applications de rencontres ont déjà reçu une dick pic, selon un sondage Ifop de 2018. Ce chiffre passe à 63 % pour les femmes qui ont entre 18 et 24 ans.

Du cyberflashing au cyberharcèlement : les dick pic sont punies par la loi

Le fait d’envoyer des nudes, des dick pic ou autres photos à caractère sexuel non sollicitées s’appelle le cyberflashing. Au Royaume-Uni, le gouvernement a adopté une législation visant à punir cet acte. Autrement dit, l’envoi de dick pic sans consentement est passible de deux ans de prison.

En France, les termes de cyberflashing ou dick pic n’apparaissent pas tels quels dans la loi. Pour autant, l’article R.624-2 du code pénal peut s’appliquer dans ce cas. Cet article dispose que l’envoi non sollicité de « message contraires à la décence est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 4e classe » à savoir 750 € maximum et jusqu'à 1 500 € si l’image est envoyée à un mineur de moins de 15 ans.

Si les envois sont répétés, ils tombent sous le coup du cyberharcèlement dont les peines sont plus lourdes : 2 ans de prison et 30 000 € d’amende ou 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende si la victime est âgée de moins de 15 ans.

Malheureusement en ligne, il est parfois difficile de faire respecter la loi et les victimes signalent de moins en moins les auteurs de dick pic. 50% des adolescents ayant reçu des images sexuellement explicites sans consentement ne les ont pas signalées selon une étude menée auprès de 480 Britanniques âgés de 12 à 18 ans.

Pour autant, si vous êtes victime de l'envoi d'une dick pic (de manière répétée ou non), n'hésitez pas à signaler l'auteur sur le réseau social en question. Vous avez aussi la possibilité de porter plainte en gendarmerie ou à la police, ou d'effectuer une pré-plainte en ligne. Conservez des captures d'écran de la conversation pourrait être utile.

En revanche, ne diffusez jamais à votre tour la dick pic en mode public, en mentionnant l'auteur par exemple. Vous pourriez être poursuivie pour revenge porn puni par le code pénal à l'article 226-2-1 qui consiste à diffuser sans le consentement de la personne « tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même ». Ces faits sont punis de 2 ans d'emprisonnement et jusqu'à 60 000 € d'amende.

La rédaction © CIDJ
Actu mise à jour le 15-09-2022 / créée le 15-09-2022

Crédit photo : Povozniuk - iStock