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Écrans et réseaux sociaux : quels risques pour les plus jeunes ?
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Le réseau social TikTok limitera bientôt à une heure par jour le temps d'utilisation de sa plateforme pour les mineurs. Au-delà du coup marketing de cette annonce, l'usage des outils numériques comporte des risques bien réels. Cyberharcèlement, addictions, violences des contenus, les réseaux sociaux et les écrans peuvent affecter la santé, en particulier celle des jeunes.
Limiter le temps d’écran des moins de 18 ans à 60 minutes par jour. C’est la mesure qu’a actée le réseau social TikTok, en réponse aux flots de critiques formulées contre lui, depuis plusieurs semaines. Collecte massive de données pour le compte du gouvernement chinois, caractère addictif de la plateforme et contenus préjudiciables pour les jeunes, les accusations fusent contre le géant du numérique chinois.
Pour y remédier, TikTok a décliné plusieurs propositions visant à une meilleure protection des mineurs. Dont celle relative à la limitation du temps de consultation conditionnée à la création d’un mot de passe pour tout utilisateur de moins de 18 ans. Disponible d’ici « quelques semaines » selon la plateforme, l’option sera activée par défaut pour les mineurs, mais pourra toutefois être désactivée. Au-delà du coup marketing d’une telle annonce, les risques pour la santé des jeunes induits par l’utilisation des écrans et des réseaux sociaux demeurent bien réels.
Gare à l'utilisation nocturne
L’Académie des sciences, l'Académie nationale de médecine et l'Académie des technologies, dans un avis publié le 9 avril 2019, en énumèrent toute une liste. Sur le plan physiologique d’abord, les conséquences néfastes d’une mauvaise utilisation des écrans concernent indifféremment toutes les classes d’âges, mais demeurent « plus délétères pour l’enfant et l’adolescent. » En cause : l’utilisation nocturne des écrans dont la lumière, et en particulier sa composante bleue, affecte la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. Il peut ainsi en résulter une fatigue et des difficultés de concentration pouvant influer sur les résultats scolaires comme sur la vie sociale des jeunes.
Les trois Académies retiennent également que « l’éventuelle toxicité pour la rétine de la lumière diffusée par les écrans doit être prise en considération. » Depuis les années 1990, une explosion de la myopie est observée par les professionnels de santé dans le monde, le fameux « myopia boom » que nous évoquions en décembre 2022. Selon une étude parue en 2016 dans la revue Ophtalmology, compte tenu de l’évolution de nos modes de vie, il se pourrait que la moitié de la population mondiale soit myope en 2050.
Cyberharcèlement : des conséquences parfois irréversibles
Sur le plan de la santé mentale, l’usage des réseaux sociaux pour l’enfant et l’adolescent peut aussi générer des difficultés. Les trois Académies affirment ainsi que les possibilités d’anonymat, facilitant une désinhibition de la parole, peuvent déboucher sur des cas de cyberharcèlement potentiels dont les conséquences sont parfois irréversibles. Cependant, l’Académie des sciences, l'Académie nationale de médecine et de l'Académie des technologies retiennent que les réseaux sociaux restent des outils élargissant les possibilités de communication et permettent de lutter contre la solitude.
Pour les jeunes, les facilités d’accès aux sites pornographiques et aux sites de paris en ligne présentent des risques d’addictions particulièrement nuisibles. À l’instar des jeux vidéo, lesquels suscitent, pour les experts des trois Académies, de nombreuses inquiétudes, notamment en ce qui concerne les « contenus violents ». La frontière entre jeux de casino et certains jeux vidéo apparait de plus en plus poreuse. Certains éditeurs ayant recours à des spécialistes pour y introduire des éléments relatifs aux jeux d’argent.
La règle « 3-6-9-12 »
Toutefois, les experts des trois Académies tiennent à tempérer tout discours alarmiste sur le sujet : « Si, dans des cas extrêmes, le basculement dans l'addiction aux jeux vidéo peut se produire sous l'effet conjoint de facteurs de vulnérabilité personnelle ou sociale et du caractère particulièrement addictogène de certains jeux, il convient de garder à l’esprit que la très grande majorité des joueurs trouve dans cette distraction une source de satisfactions positives et d’amélioration de certaines performances ».
Pour prévenir tout dégât des écrans sur la santé des jeunes, l’association e-Enfance mentionne sur son site des idées de bonnes pratiques. Parmi d’autres outils, la règle « 3-6-9-12 », développée par le psychanalyste Serge Tisseron, est ainsi évoquée. Son principe est simple : pas de télévision avant 3 ans, pas de console de jeu avant 6 ans, pas d’internet sans accompagnement avant 9 ans et pas de réseaux sociaux avant 12 ans.
Instauration d'une « majorité numérique » ?
Le jeudi 2 mars 2023, de façon à endiguer ces risques en partie, les députés ont voté en faveur de l’instauration d’une « majorité numérique » à 15 ans. S’il voit le jour, ce texte rendra obligatoire, pour cette catégorie de mineurs, la mise en place par les réseaux sociaux « d’une solution technique de vérification de l'âge des utilisateurs finaux et du consentement des titulaires de l'autorité parentale ». En cas de non-respect de la réglementation, la sanction sera une amende dont le montant pourra s’élever jusqu’à 1% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise. Pour entrer en vigueur tel quel, le texte devra encore être approuvé par le Sénat.
Florian Mestres © CIDJ
Actu mise à jour le 08-03-2023
/ créée le 08-03-2023
Crédit photo : Kaboompics