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Environnement : les femmes polluent moins que les hommes
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Pour l’économiste Oriane Wegner, le dérèglement climatique est aussi une affaire de genre. Par leur mode de vie, les hommes émettent plus de gaz à effet de serre que les femmes.
Les émissions de gaz à effet de serre seraient-elles une affaire de genre ? Oui, en partie, et elle ne serait pas à l’avantage de la gent masculine. C’est en substance ce que soutient l’économiste Oriane Wegner, dans un billet publié le 8 mars 2023 sur le site de la Banque de France, à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes.
Cette spécialiste en macroéconomie y condense plusieurs études et sondages sur les disparités de genre dans les comportements individuels et professionnels. Les résultats abondent dans le même sens : les femmes émettent moins de gaz à effet de serre (GES) que les hommes.
16 % d'émissions de GES en plus
Une étude suédoise, parue le 19 juillet 2021 dans le « Journal of industrial ecology », une revue scientifique de l’université de Yale aux États-Unis, permet entre autres d’aboutir à ce constat. Les chercheurs se sont penchés sur les habitudes de consommations des célibataires. En Suède, ces derniers représentent 50 % du total des ménages.
« Alors que le volume total de dépenses d’un homme célibataire est d’à peine 2 % plus élevé que celui d’une femme célibataire, les postes de consommation des hommes sont à l’origine de 16 % de plus de GES en moyenne », relève Oriane Wegner dans son billet, résumant l’étude suédoise.
Vacances, avions et voitures
Les hommes célibataires consomment en effet davantage de produits à empreinte environnementale (+70 %) que leurs homologues de la gent féminine. Les hommes généreraient également plus de CO² lorsqu’ils partent en vacances. En cause : un usage un peu plus fréquent des avions et des dépenses de carburants en voiture plus importantes que pour les femmes.
Ces données ne concernent d’ailleurs pas que les Suédois. Deux études, l’une organisée à l’échelle européenne en 2010 et l’autre portant sur les pays de l’OCDE en 2021 (Organisation de coopération et de développement économiques), confirment des variations de consommation énergétique en fonction du sexe des individus.
Plus de femmes flexitariennes et végétariennes
Outre l’énergie, les modes de consommation alimentaire influent aussi sur le dérèglement du climat. En particulier, la consommation de produits carnés, dont la fabrication reste très émettrice de GES. Or les hommes mangeraient davantage de viande que les femmes. D’après un sondage IFOP de 2021, 67 % des personnes végétariennes et 65 % des flexitariennes, celles qui limitent leur consommation de viande sans la supprimer en totalité, sont des femmes.
Au-delà du genre, la spécialiste en macroéconomie relève que le « niveau de revenu joue un rôle souvent plus important pour expliquer les disparités d’émissions au sein d’une population ».
Climat : les femmes en premières lignes face aux conséquences
Si les femmes participent moins au dérèglement climatique que les hommes, elles en pâtissent plus. C’est ce qu’affirment les Nations Unies dans une publication de 2022 citée par Oriane Wegner. À l’échelle du globe, les plus pauvres vivent en majorité dans des zones susceptibles de subir en premier les conséquences du dérèglement climatique.
Dans ces endroits du monde, les femmes ont « généralement un accès moindre à la terre, à l’éducation, à l’information et aux ressources financières », précise l’économiste. La conjonction de ces privations amène ainsi les femmes à être davantage exposées bien qu’elles rejettent moins de carbone dans l'atmosphère. La double peine.
Florian Mestres © CIDJ
Actu mise à jour le 23-03-2023
/ créée le 23-03-2023
Crédit photo : Pixabay