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Harcèlement scolaire : une plainte met en cause TikTok dans le suicide d’une adolescente

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Harcèlement scolaire : une plainte met en cause TikTok dans le suicide d’une adolescente

« Provocation au suicide ». Dans leur plainte déposée le 8 septembre dernier, les parents d’une ado de 15 ans ayant mis à ses jours dénoncent la responsabilité du réseau social prisé des jeunes. Une action inédite en France.

TikTok aurait-il poussé au suicide Marie, une adolescente de 15 ans ? C’est ce que soutiennent ses parents, révèle France Info qui a pu consulter le contenu de leur plainte. Il ne s’agit pas de la première plainte déposée à l’encontre d’un réseau social pour « non-assistance à personne en péril ». Suite au suicide de leur fille en mai dernier, les parents de Lindsay avaient porté plainte pour ce motif contre Meta, la maison-mère de Facebook et Instagram. Leur avocat dénonçait le manque de modération des propos haineux ciblant l’adolescente. Mais les deux autres motifs retenus contre TikTok restent inédits : « provocation au suicide » et « propagande ou publicité des moyens de se donner la mort ». L’avocate des parents cible « l’algorithme extrêmement puissant » de TikTok.

Puissance de l’algorithme de TikTok et bulle d’enfermement

Dans une vidéo publiée sur TikTok, Marie dénonçait le harcèlement scolaire qu’elle subissait depuis des mois en raison de son poids. Quelques semaines plus tard, en septembre 2021, la lycéenne mettait fin à ses jours. L’algorithme de TikTok aurait influencé son passage à l’acte, affirme Laure Boutron-Marmion, l’avocate qui représente les parents de la victime. De quelle manière ? La publication de l’adolescente aurait fait remonter des contenus centrés sur la dépression et le suicide, renforçant son mal-être.

Plus vous regardez des vidéos ou des contenus sur une thématique donnée, plus les réseaux sociaux vous proposent des publications similaires. Conduisant ainsi à enfermer l’internaute dans une bulle qui peut s’avérer délétère chez un public fragilisé sur le plan psychologique. Les victimes de harcèlement et de campagne de haine sur les réseaux sociaux demeurent en première ligne. Particulièrement les plus jeunes.

Une condamnation obtenue au Royaume-Uni

« Le parquet de Toulon précise que la plainte [des] parents [de Marie] contre TikTok mérite une analyse approfondie », relate France Info. Un espoir d’autant qu’une telle condamnation a déjà été prononcée. C’était au Royaume-Uni en 2022. La justice britannique a donné raison aux parents de Molly, une adolescente de 17 ans ayant mis fin à ses jours. Suite à leur plainte, Instagram et Pinterest, les réseaux sociaux consultés par leur fille ont été reconnus responsables de sa mort. « Selon l’enquête du coroner, la jeune fille a été bombardée de contenus liés à la dépression, aux mutilations ou au suicide : sur 16 300 pages vues dans les six mois précédant sa mort, elle en avait consulté 2 100 dont 138 vidéos parlant de suicide ou de mutilations », rapporte le journal Le Monde. Édifiant.

L’entrée en vigueur fin août du Digital Services Act va-t-elle inciter les réseaux sociaux à plus de vigilance ? Cette nouvelle règlementation européenne exige plus de transparence envers les utilisateurs concernant la recommandation de contenus. « Les très grandes plateformes et les très grands moteurs de recherche doivent proposer un système de recommandation de contenus non-fondé sur le profilage », informe le site Vie publique. Sur le plan du cyberharcèlement, TikTok a annoncé début août la création d’une option de signalement supplémentaire pour les utilisateurs en Europe pour faciliter le signalement de contenus problématiques (publicités, discours d'incitation à la haine, harcèlement). Suffisant pour contrer les dérives ? L’avenir le dira. En attendant, le géant chinois vient d’écoper de sa plus forte amende infligée en Europe. Soit 345 millions d’euros pour non-respect des données personnelles des utilisateurs, notamment les plus jeunes.

Victime ou témoin de harcèlement, deux numéros pour en parler

- Non au Harcèlement au 30 20. Appel gratuit, de 9h à 20h du lundi au vendredi (sauf jours fériés) et de 9h à 18h le samedi.

- Contre le cyberharcèlement au 30 18. Appel anonyme, gratuit et confidentiel. 7j/7, de 9h à 23h.

 

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 25-09-2023 / créée le 25-09-2023

Crédit photo : Paul Hanaoka - Unsplash