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La santé mentale des jeunes salariés français se dégrade
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Selon le 12e baromètre du cabinet Empreinte humaine, près d’un salarié sur deux présente des signes de détresse psychologique. Les jeunes de moins de 29 ans font partie des employés les plus « à risque », avec les femmes et les managers. Conséquence : les arrêts maladie se multiplient et les personnes concernées souhaitent quitter leur entreprise.
Une détresse psychologique en hausse
La santé mentale des salariés continue de se dégrader. Selon l’étude d’Empreinte humaine, 48 % des salariés souffrent de détresse psychologique (« symptômes de dépression et d’épuisement »), soit 4 points de plus qu’en février 2023. Chez les jeunes, l’évolution sur 9 mois reste stable mais la proportion de salariés affectés demeure plus élevée (55 %). La hausse la plus notable concerne les femmes, managers et les plus de 60 ans. Parmi les salariés concernés, 70 % attribuent leur état psychologique au moins partiellement à leur travail.
Le télétravail, fortement développé depuis trois ans, semble avoir des répercussions négatives sur les salariés. La moitié d’entre eux déclare ainsi que leur rythme de travail s’est accéléré depuis la pandémie de Covid-19. Dans le même temps, un salarié sur deux constate que le télétravail augmente sa charge de travail, même s’il diminue le temps de transport. Ainsi, 47 % des salariés qui télétravaillent 5 jours par semaine se déclarent en détresse psychologique contre 30 % chez ceux qui travaillent en présentiel toute la semaine.
Des conséquences pour les entreprises
Une mauvaise santé mentale des salariés entraîne des conséquences néfastes pour les entreprises. Plus d’un quart des salariés déclarent avoir pris un arrêt maladie en 2023, dont 20 % pour « récupérer psychologiquement d’un travail intense » et 19 % pour « motif psychologique ». Ces absences entraînent une surcharge de travail pour les salariés restants, de quoi dégrader leur santé mentale. Un cercle vicieux donc. Sans surprise, les salariés présentant des signes de détresse psychologique sont deux fois plus nombreux à vouloir quitter leur entreprise.
La plupart des salariés estiment que leur organisation devrait améliorer la prévention des risques psychosociaux et que leurs dirigeants manquent d’intérêt pour ce sujet. Cela peut expliquer pourquoi, malgré la gravité de la situation, très peu de salariés évoquent leurs problèmes avec des acteurs internes à l’entreprise (managers, ressources humaines, médecine du travail…).
Rapport au travail des jeunes, entre différences et ressemblances
L’étude se penche également sur le rapport au travail des moins de 29 ans. La majorité des salariés estime que les jeunes veulent moins travailler et qu’ils démissionnent plus rapidement que leurs aînés.
Un rapport de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) souligne néanmoins que la vision du travail des jeunes n’est pas si différente de celle de leurs aînés. Les principaux critères pour choisir un emploi restent les mêmes, à savoir la rémunération, l’équilibre vie pro/vie perso et le contenu du poste. Les moins de 31 ans accordent cependant plus d’importance au fait d’agir sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Autre différence : les 15-30 ans mettent en avant le stress ou la charge de travail élevée comme premier motif qui pourraient « les conduire à chercher un nouveau travail » là où les plus de 30 ans placent les relations entre collègues au premier plan. En tout état de cause, le rapport des jeunes au travail semble inspirer leurs aînés : 6 salariés sur 10 affirment qu’il les incite à reconsidérer le leur.
Fiona Simoens © CIDJ
Actu mise à jour le 07-12-2023
/ créée le 07-12-2023
Crédit photo : Hannah Reding