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Les contrats d’apprentissage battent des records de rupture

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Les contrats d’apprentissage battent des records de rupture

En 2022, un contrat d’apprentissage sur quatre a été rompu dans les neuf premiers mois. Un taux de rupture qui ne fait que croître depuis cinq ans. L’impréparation des entreprises d’accueil explique pour partie ces chiffres.

Plus de rupture dans le supérieur

Aucune voie n’est épargnée. Si les taux de rupture à neuf mois restent plus importants dans le secondaire que dans le supérieur (26 % contre 18 %), ils progressent toutefois de façon plus rapide dans le supérieur. Ainsi, en 5 ans (2017-2022), le taux de rupture à neuf mois dans le supérieur augmente ainsi de 8 points contre 2 points dans le secondaire. Constants pour les CAP, les diplômes de niveau bac et les mentions complémentaires, les taux de rupture à neuf mois ont doublé, voire triplé, pour les formations supérieures. En 2022, le taux de rupture à neuf mois à bac + 2 (26 %) dépasse désormais celui des formations de niveau baccalauréat (23 %). Pour la plupart des niveaux de formations préparés, les taux de rupture à neuf mois apparaissent généralement plus élevés pour les apprentis plus âgés, les jeunes femmes, les apprentis avec du retard scolaire ou en réorientation. Traditionnellement, les taux de rupture demeurent importants dans l’hébergement-restauration, la coiffure et les soins de beauté, l’industrie alimentaire et de fabrication de boissons et de produits à base de tabac. Des pourcentages élevés (environ 30 %) qui s’expliquent en partie par le fait que ces secteurs accueillent une majorité d’apprentis du secondaire et pour l’hôtellerie-restauration, qui détient le taux de rupture record à 9 mois (+ 36 %) par des conditions de travail difficiles. Les ruptures de contrat d’apprentissage sont également classiquement plus fréquentes dans les petites entreprises : 28 % en 2022 pour les entreprises de moins de 5 salariés contre 12 % pour les entreprises de plus de 250 salariés.

Inexpérience conjointe des CFA comme des employeurs

Mais l’étude met en évidence une évolution sensible de ces tendances. Entre 2017 et 2022, les taux de rupture à 9 mois ont doublé dans des secteurs historiquement peu concernés par les ruptures (information-communication, activités financières et assurance, fonction publique, enseignement, santé et social) et dans les entreprises de plus 250 salariés (+ 5 points en cinq ans). La première explication à cette évolution des taux de rupture tient à la forte croissance de l’apprentissage ces dernières années et notamment dans le supérieur. Soutenu par la loi « Avenir professionnel » en 2018 et les aides financières à l’embauche d’alternants à partir de 2020, le nombre d’apprentis a quasiment triplé en l’espace de 5 ans, passant de 295 000 en 2017 à 837 000 en 2022. Cet effet d’aubaine a profité à de nouveaux CFA et à des employeurs sans doute moins expérimentés dans l’accompagnement des apprentis. Comme le montre l’étude de la Dares, plus les CFA sont récents et plus les employeurs sont novices dans l’accueil des apprentis, plus les taux de rupture à neuf mois s’avèrent élevés. Et après la rupture que deviennent les apprentis ? Après une expérience d’apprentissage peu concluante, beaucoup abandonnent définitivement cette voie surtout dans le supérieur. Entre 2017 et 2022, la part des contrats rompus sans retour à l’apprentissage progresse de 2 points (de 7% à 9%) alors qu’elle demeure stable pour le secondaire (17%).

Les règles de rupture des contrats d’apprentissage
Le contrat d’apprentissage peut être rompu unilatéralement par l’apprenti ou l’employeur pendant les 45 premiers jours travaillés en entreprise. Au-delà de cette période probatoire, le contrat peut être rompu par l’employeur ou l’apprenti sous certaines conditions. L’employeur peut rompre le contrat pour inaptitude, faute grave, force majeure ou exclusion du CFA. De son côté, l’apprenti peut démissionner. Le recours à un médiateur peut être requis dans certaines situations, notamment pour une démission de l’apprenti ou en cas de litige.

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 17-10-2024 / créée le 17-10-2024

Crédit photo : Andrii Yalanskyi - iStock