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Classes ouvertes, classes dehors : et si le bonheur d’étudier était dans le pré ?
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Du 20 au 27 mai 2024, plus de 100 000 élèves participaient à la seconde édition de la semaine francophone de la classe dehors. Prônant le modèle de l’enseignement en pleine nature, l’école à l’extérieur est de plus en plus appréciée par les professeurs et les animateurs. Décryptage d’une pratique qui prend petit à petit racine.
Une école à ciel ouvert
La nature comme remède aux écrans et à la sédentarité des jeunes ? C’est ce que préconise la tribune « Nous, parents d’élèves, apportons notre soutien aux enseignants qui font classe dehors », publiée dans le Monde le 21 mai dernier par divers acteurs du monde pédagogique. En cette deuxième édition de la semaine francophone de la classe dehors, 1 800 établissements scolaires ont expérimenté cette méthodologie durant la semaine du 20 au 27 mai 2024. La classe dehors est définie comme « une pratique d’enseignement régulière qui s’exerce en pleine nature, en zones rurales ou urbaines, de la maternelle au lycée ». Pour l’instant, les expérimentations se cantonnent aux écoles maternelle et primaire, les professeurs rencontrant davantage de problèmes d’emplois du temps dans l’enseignement secondaire. En effet, les cours ne durent qu’une heure. La pédagogie de la classe dehors a été imaginée au Danemark dans les années 50, époque durant laquelle les femmes se sont mises à travailler et ne pouvaient plus garder leurs enfants à la maison. Les classes en « dur » étant saturées, de nouveaux modèles d’enseignement, comme les écoles de la forêt, ont pu éclore. En France, cette pratique, longtemps restée anecdotique, a bénéficié d’un regain d’intérêt pendant la crise sanitaire de la Covid 19. Distanciation sociale oblige, ce fut l’occasion de s’approprier les cours en extérieur. Aujourd’hui, les auteurs de la tribune rappellent le besoin urgent pour les plus jeunes de décrocher des écrans et de faire du sport : « En 2017, deux jeunes sur trois présentaient un risque sanitaire préoccupant : chaque jour, ils dépassent largement les deux heures de temps d’écran, et font moins de 60 minutes d’activité physique ». De quoi, inviter élèves et enseignants à goûter aux plaisirs des cours à l’air libre.
Rats des villes et rats des champs
Le 15 janvier 2024, le premier lieu parisien consacré à l’école dehors sortait de terre. Au nord de la capitale, dans le 18e arrondissement, un square a été aménagé et dédié à ces nouvelles pratiques éducatives. Alexandre, chargé de mission « Classe dehors » et animateur du lieu, y accueille chaque professeur souhaitant se lancer dans la démarche : « La création de cet espace est un message fort envoyé aux enseignants. Certains pensent qu’amener leurs élèves à l’extérieur serait dangereux, ou non autorisé… Ici, ils ont les ressources nécessaires pour sauter le pas ». Les jeunes reçus peuvent ainsi pratiquer du land art, du jeu libre, ou travailler sur des matières plus théoriques. Et qui dit extérieur, dit météo capricieuse. « On s’adapte en fonction de la pluie et du beau temps. Pour notre première semaine d’ouverture, on a eu le droit à de la neige ! », se souvient Alexandre. À quelques kilomètres de là, en Val de Seine, Laure est animatrice nature pour l'association Connaitre et Protéger la Nature (CPN). Elle accompagne depuis plusieurs années déjà les professeurs souhaitant découvrir le principe de la classe dehors. Sa détermination la pousse à retranscrire chaque enseignement en une activité extérieure : « En mathématiques, on apprend à compter avec des bouts de bois, en français, on fait de la lecture collective où chacun doit ensuite résumer un chapitre du livre… ». L’animatrice est persuadée que le simple fait d’être dehors rend les apprentissages plus « ludiques et compréhensibles » pour les élèves. Parmi les points positifs, elle note des changements de comportement au sein du groupe classe : « Les enfants sont plus curieux, plus concentrés, il y a davantage de calme et certains peuvent s’isoler s’ils en ressentent le besoin. C’est un moment de respiration où même l’enseignement peut souffler ». Mais il arrive que la concentration soit mise à rude épreuve… « Parfois, un ver de terre sort du sol en plein cours de français. Les élèves sont alors obnubilés par cette petite bête, et en tant qu’enseignant, il faut savoir s’adapter ! » Une adaptation du monde pédagogique qui n’est pour l’instant pas quantifiable, car aucune étude ne recense le nombre de classes en extérieur. Aux statisticiens de mettre le nez dehors, il risque d’y croiser des élèves…
Perrine Basset Fériot © CIDJ
Actu mise à jour le 30-05-2024
/ créée le 30-05-2024
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