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Mentorat : des pistes d’amélioration en vue
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Depuis 2021, le plan « 1 jeune 1 mentor » lutte contre les inégalités de chances en accompagnant individuellement des personnes de 5 à 30 ans dans les domaines de la scolarité, de l’orientation ou de l’insertion professionnelle. Un premier bilan d’étape du plan identifie les pistes d’amélioration. Et cela passe notamment par une amélioration de la formation des mentors.
Un effort à faire en matière de communication comme de formation
Élu grande cause nationale de l'année 2023, le mentorat profite à de plus en plus de jeunes en France depuis l’instauration du plan « 1 jeune 1 mentor » (1J1M). Un premier bilan d’étape du plan, confié à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), s’appuie sur des recherches internationales pour identifier des pistes d’amélioration en France. Et cela commence par la communication. Car, pour assurer la montée en puissance du mentorat, les structures organisatrices (90 % d’associations) recrutent de nombreux bénévoles. Le plus souvent, les futurs mentors prennent connaissance de la structure par le biais du bouche-à-oreille ou par leur entreprise. La plateforme 1 jeune 1 mentor, pourtant investie par 69 % des structures, n’apparaît pas comme un canal de notoriété principal. Du côté des jeunes, l’information autour du mentorat semble provenir en premier lieu de l’établissement de formation (43 %). Alors que le mentorat concerne de plus en plus de jeunes, passant d’environ 30 000 par an avant 2021 à 160 000 en 2023, les recherches internationales recommandent de prendre garde aux ambitions quantitatives. Aux États-Unis, des objectifs trop élevés en matière de recrutement de bénévoles ont nui à la qualité de la relation du binôme. Les personnels se concentraient davantage sur les nouveaux bénévoles au détriment de l’accompagnement des jeunes ou du suivi de la relation. De plus, les structures notaient des recrutements inadéquats avec leur principe. La formation représente l’un des meilleurs moyens de fidéliser les mentors. Sur ce point, la marge de progrès reste importante en France : 6 structures sur 10 n’assurent, au plus, qu’une demi-journée de formation pour leurs mentors. Un tiers déclare même ne pas la rendre obligatoire. L’une des pistes d’amélioration de l’Injep suggère de mettre en place un module de formation nationale, en complément de ceux de la structure.
Le chargé de mentorat, un poste clé et un turnover élevé
La mise en relation du binôme mentor-mentoré passe, dans la plupart des cas, par un chargé de mentorat (CM). Il s’occupe du pilotage stratégique et du suivi opérationnel du binôme. Mais ce poste connaît un turnover considérable, puisque plus de la moitié des CM réalisent une mission de service civique, et seuls 21 % d’entre eux occupent un poste durable (CDI ou fonctionnaire). Cette situation engendre un manque de compétence. Aussi, certaines structures utilisent en complément un algorithme de rapprochement ou organisent des rencontres entre bénévoles et jeunes (speed dating). Suite à la prise de contact, l’appariement se fait assez rapidement pour ne pas décourager l’une des deux parties. Ainsi, les ¾ des structures font débuter la relation en moins d’un mois. Les chercheurs préconisent également de créer un binôme à partir de personnes qui partagent les mêmes intérêts communs et des caractéristiques sociales proches. Or, la durée de la relation du binôme se révèle très importante pour avoir des résultats positifs. En théorie, la relation du binôme doit durer au minimum six mois pour entrer dans le cadre du plan 1J1M. Les structures semblent globalement jouer le jeu puisque les deux tiers recommandent que le binôme reste en contact entre 6 mois et 1 an. En pratique, les choses diffèrent. Mauvaise identification des besoins, manque de disponibilité du mentor ou du mentoré... environ un quart des accompagnements durent moins de six mois, en partie à cause d’une rupture anticipée. Les spécialistes du sujet indiquent pourtant clairement que les meilleurs résultats proviennent de relations supérieures à 12 mois. En dessous, les effets sont moindres, voire négatifs dans le cas de relations inférieures à trois mois (baisse de l’estime de soi notamment).
Une fin de relation à formaliser en bonne et due forme
La clôture de la relation peut jouer un rôle déterminant sur le ressenti des jeunes accompagnés. D’une structure à l’autre, les fins de mentorat se révèlent plus ou moins formalisées. Généralement, elles prennent la forme d’une rencontre avec les deux parties du binôme, le chargé de mentorat et éventuellement les parents du jeune. Cet entretien dresse le bilan de l’accompagnement en revenant sur les points principaux de la relation (nombre de rencontres, difficultés rencontrées, retour sur les objectifs…). Les recherches internationales montrent que, même si une relation de mentorat a porté ses fruits, il reste important de la clôturer de manière formelle. Dans le cas contraire, « cela peut entraîner des répercussions émotionnelles négatives » chez les jeunes (déception, colère...). De plus, une mauvaise clôture peut générer des émotions négatives, alors même que la relation se révélait positive. Au regard de ces recherches, l’Injep préconise de mener systématiquement un entretien de clôture. Un rapport plus complet sur le plan 1 jeune 1 mentor devrait voir le jour au premier semestre 2025, au terme des travaux d’évaluation.
La moitié des bénévoles mentors occupent des postes salariés tandis que 16 % suivent encore des études supérieures. Les entrepreneurs et les indépendants se révèlent sur-représentés alors que les retraités sont peu nombreux au regard de leur poids dans la population. Du côté des mentorés, on retrouve 57 % de jeunes encore en formation (du lycée pro à l’université) et 18 % de demandeurs d’emploi. Les jeunes relevant de l’Aide sociale à l’enfance représentent 6 % des mentorés.
Fiona Simoens © CIDJ
Actu mise à jour le 15-05-2024
/ créée le 15-05-2024
Crédit photo : CIDJ - Canva