Conseils Premier emploi : comment trouver du travail en période de crise ?
En bref
- Dans le contexte actuel, entrer sur le marché du travail n'est pas une mince affaire. Face à l'incertitude de la situation sanitaire, certains secteurs se montrent frileux à recruter tandis que d'autres se retrouvent à nouveau à l'arrêt. Dans ces conditions, trouver un job ou une alternance peut s’avérer encore plus délicat qu’habituellement... mais pas impossible. On vous donne des astuces.
«Depuis la rentrée, nous avons eu énormément de jeunes qui venaient nous voir parce qu’ils cherchaient un job ou une alternance » remarque Valérie Deflandre, conseillère au CIDJ (Centre d’information et de documentation jeunesse). Habituellement nous les rencontrons plus tôt dans l’année, au mois de mars ou d’avril ».
Au-delà du calendrier, ce sont aussi les intentions d’embauche des entreprises qui ont été chamboulées. Sur le site de l’Apec (Association pour l'emploi des cadres), les offres d’emploi ouvertes aux jeunes diplômés ont chuté de 42% entre le mois de février et le mois de juillet.
Faites de votre âge un avantage
Pour faire face au contexte économique lié à la situation sanitaire, un plan de relance en faveur de l'emploi des jeunes a été mis en place par le Gouvernement. Parmi les mesures annoncées, des aides financières sont octroyées aux entreprises lorsqu'elles recrutent un candidat en alternance ou si elles embauchent, en CDD ou CDI, des jeunes de moins de 26 ans.
Ces aides sont destinées aux entreprises mais pour Pauline Burgart, conseillère à l’emploi en charge de l’accompagnement du public jeune à l’agence Pôle emploi de Saverne (Bas-Rhin), c'est bien que les candidats soient au courant. Ils peuvent ainsi « en faire la promotion eux-mêmes » auprès des recruteurs qui ne le sauraient pas encore : « Habituellement, on évite de mettre son âge sur son CV pour des questions de discriminations, mais là je leur conseille de l'indiquer en précisant qu’ils sont éligibles au plan 1 jeune, 1 solution ».
En parallèle, le dispositif des emplois francs a également été prolongé et renforcé. Cette aide est accordée aux entreprises et concerne l'embauche, en CDI ou CDD de plus de 6 mois, de jeunes résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).
L'économiste Christine Erhel n'écarte pas le risque d'un effet d'aubaine : « On n’est pas sûrs que la mesure crée réellement des emplois supplémentaires mais elle peut néanmoins faciliter l’accès à l’emploi des jeunes, surtout que le dispositif est relativement simple à mettre en place pour les entreprises.»
Misez sur vos « qualités comportementales »
Les recrutements n’étant pas au beau fixe, il paraît d’autant plus nécessaire de soigner sa candidature. « Les savoir-être sont presque la base de toute embauche, affirme Pauline Burgart. Quelqu’un qui ne sait pas travailler avec le reste de l’équipe, ça peut être très anxiogène pour un employeur. » Bien souvent, un bon CV ne suffit plus et les recruteurs vont rechercher une personnalité capable de s’intégrer à l’entreprise, y compris à distance.
Capacité à s’adapter ou à gérer des conflits, autonomie, ténacité, créativité, aisance orale…Il s'agit des fameuses softs skills dont les recruteurs sont friands. Pour un effet réussi, tout l’enjeu va être de « doser les qualités que vous pouvez apporter et celles recherchées pour le poste », ajoute Valérie Deflandre.
Complétez votre formation
Outre les compétences relationnelles, les compétences techniques d'un candidat (ou hard skills dans le jargon des recruteurs) restent encore un critère déterminant. C'est en consultant plusieurs annonces d'emploi que vous allez pouvoir repérer les compétences requises pour le poste ou le domaine que vous visez. Cela vous aidera à déterminer les points forts de votre candidature mais aussi ses points faibles : vous manque-t-il la maîtrise d’un logiciel informatique ? les bases d’une langue étrangère ? des notions en codage ou développement web?... Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager de suivre une formation technique ou des cours à distance, via un Mooc ?
Même si les diplômes ne garantissent pas de trouver un emploi, ils permettent généralement de mieux s'insérer. Dans un contexte économique tendu, les niveaux de qualification les plus faibles « risquent d’être d’autant plus touchés car leurs emplois sont souvent plus fragiles », avertit l’économiste Christine Erhel. C'est pourquoi « il est important que les jeunes continuent de se former afin d’améliorer leurs perspectives de carrière pour le moment où l’activité reprendra », selon elle.
Jeunes demandeurs d’emploi : faites-vous accompagner
Plus de 700 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail et la plupart n’a pas le réflexe de s’inscrire à Pôle emploi. « Quand on pense à Pôle emploi, on pense aux allocations réservées à ceux qui ont déjà travaillé un certain temps, reconnaît Pauline Burgart. Mais il y a aussi tout un volet accompagnement à la recherche d'emploi », rappelle-t-elle.
C'est pourquoi, même si elle n'est pas obligatoire, l'inscription à Pôle emploi reste conseillée y compris pour les plus jeunes qui arrivent sur le marché du travail et qui n’ont pas encore (ou pas assez) travaillé et n'ont dont pas ouvert des droits à l’assurance chômage. Cette inscription permet de bénéficier d'un accompagnement par un conseiller référent. Face aux répercussions de la crise sanitaire, la conseillère nous indique que Pôle emploi a d’ailleurs renforcé ses effectifs, notamment ceux chargés de l’IEJ (initiative pour l’emploi des jeunes) ou de l’AIJ (accompagnement intensif jeune). Vous aurez également le statut de demandeur d'emploi (qui peut donner accès à des avantages ou réductions pour certains établissements, pour les transports...).
Du côté des missions locales, qui s’adressent plus particulièrement aux 16-25 ans, les équipes se disent également « prêtes pour accompagner les jeunes de manière intensive pendant les mois à venir ». De son côté, l’Apec a renforcé ses ateliers collectifs gratuits d’aide à la recherche du premier emploi à destination des jeunes diplômés de bac 3 et plus. D’ici l’été 2021, « 50 000 jeunes devraient en bénéficier, soit deux fois plus que les autres années », précise l’association sur son site Internet.
Élargissez vos recherches
Derrière les mesures annoncées, beaucoup d'inconnues persistent autant sur les effets concrets des différents plans de relance que sur l'évolution même de la situation sanitaire. S'il est encore tôt pour définir des tendances claires sur le marché du travail, des options se dessinent en filigrane. En effet, la situation n'est pas uniforme pour tous les secteurs et certains continuent de manquer de main-d'œuvre.
Dans l'intérim, l'agence Adecco a annoncé le lancement d'un nouveau contrat : le CDI apprenant, et prévoit d'embaucher 15 000 personnes d'ici fin 2021 sur des métiers en tensions tels que ceux d'aides-soignants, mécaniciens, soudeurs ou encore plombiers-chauffagistes.
Dans le Bas-Rhin, la conseillère à l'emploi remarque qu'« il y a pas mal d’usines dont la plupart s’automatisent. Les jeunes pensent qu’il faut être informaticien pour programmer une machine sur une ligne de production alors que non. Le métier d’opérateur en commande numérique est méconnu, pourtant il recrute et les entreprises sont prêtes à former les candidats ».
Pour la conseillère du CIDJ qui reçoit des jeunes tous les jours, « il faut réfléchir en terme de compétences. La question à se poser est "comment vais-je être utile aux entreprises pour qu’elles puissent s’adapter à la demande et aux besoins actuels ?". » On parle de « compétences transférables », précise Pauline Burgart. « C'est-à-dire quelque chose que l’on sait faire et qui serait utile dans un autre métier. ». L'idée est d'élargir ses recherches à d'autres secteurs qui résistent mieux ou d'autres types de postes, plus épargnés par la crise. Pour autant, la conseillère à l’emploi ne manque pas de rassurer les jeunes qu’elle suit : « les choix que l’on fait aujourd’hui ne veulent pas dire qu’on tire un trait sur le reste. »
Relancez les recruteurs
« Les crises sont un facteur qui aggrave les inégalités, analyse Christine Erhel, spécialiste des questions de l’emploi. Habituellement, les réseaux informels jouent déjà beaucoup sur l’accès à l’emploi mais, dans une période comme celle-ci, ça risque de jouer plus encore ».
C'est pourquoi, une fois sa candidature envoyée, Pauline Burgart conseille de maintenir le contact avec le recruteur. « Ils vivent, comme nous, quelque chose de très spécial ». Un mail de relance pour rappeler que l’on est toujours disponible et prêt à s’investir peut tout à fait porter ses fruits, selon elle. « Les entreprises ont parfois du mal à voir demain mais il suffit parfois de tomber au bon moment… », ajoute la conseillère à l'emploi. Surtout que d'ici quelques temps, « la situation pourrait s'améliorer rapidement si la situation sanitaire devient plus favorable. L'emploi des jeunes est très sensible à la conjoncture », conclut Christine Erhel.