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Nanoparticules partout, santé nulle part ?
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Une étude américaine révèle que l’eau en bouteille contient beaucoup plus de nanoparticules de plastique qu’on ne le pensait. Si les effets de ces toutes petites particules (100 fois plus petites qu’un cheveu !) sur la santé sont encore mal connus, leur présence reste préoccupante. La meilleure alternative pourrait être de varier au maximum l'origine de l'eau que l'on boit.
Des centaines de milliers de particules de plastique
En ce mois de Dry january, où les boissons sans alcool sont à l’honneur, une nouvelle étude américaine publiée dans la revue scientifique PNAS jette le trouble sur l’eau en bouteille. Celle-ci contiendrait 100 fois plus de microscopiques bouts de plastique qu’estimé jusqu’ici. Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont utilisé une nouvelle technique de détection à base de technologie laser permettant de repérer des nanoparticules de plastique de très petites tailles.
Le résultat est accablant et montre l’étendue réelle de la contamination. Dans un litre d’eau en bouteille, ont été relevés plus de 240 000 fragments de plastique. Gloups ! Un chiffre dur à avaler. Parmi les différents types de plastique retrouvés, la plupart proviendraient du plastique servant à la fabrication des bouteilles et aux filtres utilisés pour purifier l’eau.
Le fléau des nanos
L'étude a été conduite sur une vingtaine de bouteilles provenant de trois marques populaires outre-Atlantique, dont les auteurs ont préféré taire les noms tant ils estiment que des niveaux de contaminations comparables sont à attendre de leurs concurrents. Rappelons que le plastique est le 3ᵉ matériau le plus fabriqué au monde et que, si rien ne change, sa production pourrait tripler d'ici à 2060 d'après l'OCDE. Quasiment pas biodégradable, le plastique se retrouve partout : « des nuages au fin fond des abysses, y compris dans nos propres organes » avait rappelé la chercheuse Nathalie Gontard, interviewée par l’Usine Nouvelle. Et pour cause, le plastique se désintègre lentement, en particules de plus en plus petites, d'abord en microplastiques puis en nanoplastiques.
Minuscules en taille, mais pas en nocivité ! Le problème avec les nanos, c'est qu'ils sont tellement petits qu’ils peuvent pénétrer dans le système sanguin et atteindre nos organes, comme le cerveau ou le cœur. Dans la même veine, l’association Avicenn avait alerté en décembre 2022 sur la présence de nanomatériaux ajoutés volontairement par les industriels pour en améliorer la texture, l'aspect ou la couleur. Sur les 23 produits de grande consommation passés au crible, pas moins de 20 en contenaient. C'était le cas du jambon Aoste, de la pâte à tarte Herta, de la soupe déshydratée Knorr, d'une culotte menstruelle Nana, d'un caleçon Uniqlo ou de certains cosmétiques L’Oréal, Nivea ou Labello... Faute d'études à grande échelle, on ne connaît pas bien les dangers de ces nanos sur l'environnement et sur notre santé, mais il y a de quoi s'en inquiéter. Pour autant, en ce qui concerne l'eau, Beizhan Yan, l'un des co-auteurs de l'étude, prévient : "nous ne recommandons pas de ne pas boire d'eau en bouteille quand c'est nécessaire, car le risque de déshydratation peut être plus grand que les conséquences potentielles de l'exposition aux nanoplastiques". Autre alternative suggérée par le co-auteur de l'étude : l'eau du robinet. Si elle n'est pas épargnée non plus par les petites particules de plastique, les quantités détectées seraient toutefois moindres. Prudence, tout de même. L'agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) avait rendu un rapport inquiétant en mars dernier sur la présence de résidus de pesticide dans l'eau du robinet. C'est pourquoi Mathilde Monperrus, docteure en chimie spécialiste dans la qualité de l'eau, interviewée par le Parisien, conseille "de varier au maximum l'origine de l'eau que l'on boit".
L’eau du robinet serait même l’un des aliments les plus contrôlés. Avant d’en consommer, quelques règles sont toutefois recommandées :
- laisser couler l’eau avant de la consommer ;
- n’utiliser que l’eau du réseau d’eau froide pour boire, préparer ou cuire ses aliments ;
- pour éliminer un éventuel goût de chlore, laisser l’eau du robinet dans une carafe ouverte pendant quelques heures dans le réfrigérateur.
Laura El Feky © CIDJ
Actu mise à jour le 18-01-2024
/ créée le 18-01-2024
Crédit photo : Jonathan Chng/Unsplash