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Quartiers prioritaires : plus de chômage notamment chez les jeunes
Définis par l’Etat comme les quartiers plus pauvres, les quartiers prioritaires de la ville (QPV) sont aussi ceux qui sont le plus touchés par le chômage, notamment la jeune génération. Une double peine pour ces quartiers, qui malgré la régression du chômage, restent à la traîne de la dynamique du marché du travail.
Selon les données 2018 de l’observatoire national de la politique de la ville (ONPV), l’emploi dans QPV s’améliore en 2020. En dépit de cette évolution positive, la situation de l’emploi y reste malgré tout plus dégradée que dans les autres quartiers urbains environnants : le taux de chômage, et notamment celui des moins de 30 ans, est deux fois plus élevé dans les QPV que dans les autres quartiers. En cause : une insertion professionnelle plus difficile pour les habitants de ces quartiers.
Crée en 2014, les QPV regroupent les populations urbaines les plus pauvres (moins de 11 250 € par an et par habitant). On recense plus de 1 500 QPV en métropole et en outre-mer réunissant plus de 5,5 millions d’habitants soit environ 8% de la population. Dans ces quartiers, les pouvoirs publics déploient diverses actions pour compenser les écarts de niveau de vie avec le reste du territoire dans différents domaines (cohésion sociale, aménagement urbain, développement économique et de l’emploi).
Pour en savoir plus : ANCT - agence nationale de la cohésion des territoires
Le chômage des jeunes 2 fois plus important dans les QPV
Pour la 6e année consécutive, le taux de chômage des personnes en âge de travailler a diminué dans les QPV : il est passé de 26,7% en 2014 à 18,6% en 2020. Particulièrement concernés, les moins de 30 ans dont le taux de chômage atteint 30,4% en 2020 dans les QPV soit 2 fois plus que dans celui des autres quartiers. Entre 2019 et 2020, le taux de chômage des 15-29 ans est resté stable alors que pour toutes les autres tranches d’âge il a régressé.
Ce niveau de chômage élevé dans les QPV s’explique en premier lieu par un nombre moins élevé de diplômés que dans les autres quartiers. 22,2% des non-diplômés des QPV sont au chômage contre 15,3% pour les autres quartiers. Mais cette moindre qualification professionnelle n’explique pas tout. À niveau scolaire équivalent l’insertion professionnelle des jeunes diplômés y est moins aisé et ce quel que soit le niveau de diplôme obtenu (niveau CAP, niveau bac, niveau bac +2). L’écart est particulièrement notable pour les diplômes infrabac. 21,1% des titulaires d’un CAP sont au chômage dans les QPV contre 9,4% dans les autres quartiers soit plus de 2 fois plus. De multiples facteurs peuvent expliquer ces écarts d’insertion : discrimination à l’embauche, interdiction d’exercer tous les emplois de la fonction publique pour les étrangers hors UE, absence de permis de permis de conduire et de voiture, réseau social peu étendu. En QPV, les jeunes cumulent ainsi les difficultés.
Inégaux face à l’accès à l’emploi, les habitants des QPV, le sont également quant aux emplois occupés (contrats précaires, emplois peu qualifiés). Même si les mesures d’accompagnement ont permis d’améliorer la situation de l’emploi dans ces quartiers, les QPV demeurent toujours en décalage par rapport aux autres quartiers. Jugés peu efficaces par les pouvoirs publics, les emplois francs (aide financière pour les employeurs qui embauchent des habitants des QPV) qui ont été prolongés jusqu’en décembre 2023 devraient être transformés et recentrés en 2024. Reste à attendre la future loi de finances pour connaître les dispositifs spécifiques qui seront proposés aux QPV pour améliorer l'intégration de leurs habitants.
Pour dynamiser le développement économique et l’emploi dans les QPV, des aides sont proposées aux entreprises qui s’installent dans ces quartiers et qui embauchent des jeunes issus de ces quartiers :
- exonération d’impôt (exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties – TFPB et de la cotisation foncière des entreprises – CFE
- aide financière pour l’embauche d’un demandeur d’emploi résidant dans les PQV (dispositif des emplois francs) :
15 000 euros sur 3 ans pour une embauche en CDI (5 000 euros par an)
5 000 euros sur 2 ans pour une embauche en CDD d’au moins 6 mois (2 500 euros par an)
- exonération partielle ou totale des charges salariales accordée aux chômeurs-entrepreneurs qui s’implantent dans les QPV (aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise - ACRE)
Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 13-09-2023
/ créée le 13-09-2023
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