Actualité Cannabis de synthèse : le HHC est désormais interdit
En bref
- Le HHC inquiétait les professionnels de santé pour sa proximité avec le THC, molécule connue pour ses effets psychotropes. Ce cannabis de synthèse et deux autres de ses dérivés viennent d’être interdits par l’Agence nationale de sécurité du médicament.
Fin de l’impunité pour le HHC. La production, la vente et l’usage de ce cannabis de synthèse sont, depuis mardi 13 juin 2023, prohibés en France. C’est ce qu’a annoncé l’Agence nationale de la sécurité et du médicament (ANSM) dans un communiqué lundi dernier. Cette substance ainsi que deux autres dérivés, le HHC-acétate (HHCO) et l’hexahydroxycannabiphorol (HHCP), sont désormais classés sur la liste des produits stupéfiants.
Commercialisé librement en France depuis un peu plus d’un an, le HHC inquiétait les professionnels de santé autant qu’il préoccupait le gouvernement.
Grande similarité avec le THC
Interrogé sur France Info le 15 mai dernier, le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, avait souligné le caractère « fortement addictif » du HHC et ses « effets psychotropes importants ».
Car le HHC ressemble à s’y méprendre au tétrahydrocannabinol (THC), molécule du cannabis connue pour ses effets psychotropes. Cette dernière est strictement interdite en France, hormis pour les produits à base cannabidiol (CBD), autorisés si leur taux en THC reste inférieur à 0,2 %.
Avant même l’interdiction officielle du HHC, certains médecins dénonçaient la grande similarité entre ce cannabis de synthèse et le THC. En particulier s’agissant des conséquences pour la santé.
Tremblements, vomissements, anxiété
À ce propos, l’ANSM note que la consommation de HHC ou de ses dérivés « expose à des risques tels que : tremblements, vomissements, anxiété, ‘‘bad trip’’, confusion mentale, malaise, tachycardie, douleur thoracique, poussée tensionnelle ». L’intensité de ces symptômes varie selon la teneur en HHC, laquelle n’est pas toujours précisée ou exacte.
Un constat problématique au regard de la facilité pour s’en procurer en France avant sa prohibition. Ce cannabis de synthèse se retrouvait en ligne ou posé sur les étagères des boutiques de CBD sous forme de résine, de fleurs, d’huile, de liquide pour cigarette électronique et même de bonbons. Pour le ministre François Braun, ce produit avait pu jusqu’à présent profiter d’une « faille de classification ». Une théorie toutefois battue en brèche par des juristes.
« Vide juridique » ou « incertitude pharmacologique » ?
Yann Bisiou, enseignant-chercheur à l’université Paul-Valéry de Montpellier est l’un d’eux. « Il n’y a pas de vide juridique, contestait ce spécialiste du droit de la drogue cité dans Le Monde. Il s’agit seulement d’une incertitude pharmacologique sur la nature de ce produit, qu’il faut trancher au plus vite. » Plusieurs pays dans l’Union européenne, comme l’Autriche et la Finlande avaient déjà agi en interdisant le HHC. Voilà qu’en France aussi désormais, la messe est dite.