Vos droits Détention de cannabis, je risque quoi ?
En bref
- Consommer du cannabis, sous n’importe quelle forme, constitue un délit en France.
- En cas de contrôle policier, les sanctions évoluent en fonction de la quantité de drogue trouvée et des antécédents judiciaires de la personne.
- Ces mesures s’inscrivent ensuite dans le casier judiciaire de l’usager, entraînant de possibles restrictions professionnelles.
Des jeunes de moins en moins attirés par le cannabis
Cannabis, marijuana, beuh, hachisch… Faisant partie des drogues le plus consommées au monde, le cannabis possède de nombreux noms. Dérivé du chanvre, une plante originaire des régions équatoriales, le cannabis se présente sous trois formes : l'herbe (appelée marijuana ou beuh), la résine (hachisch ou shit) et l’huile. « Au regard de la loi française, il y a une tolérance zéro sur la consommation de cannabis, quelle que soit sa forme », pointe du doigt Nicolas Prisse, médecin et président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). L’article L.3421-1 du code de la santé publique punit l’usage illicite de stupéfiants. Lors d'un contrôle par les forces de l’ordre alors que vous fumez un joint ou que vous possédez ce produit sur vous, vous êtes en infraction. Le type de sanction prononcé dépend ensuite des circonstances : type de drogue, quantité détenu, casier judiciaire de l'auteur des faits, etc. Deux peines coexistent : l’amende forfaitaire délictuelle, l'amende dont le montant (3750 euros maximum) est fixé par un tribunal correctionnel et éventuellement assorti d'une peine de prison (un an maximum) ou d'une peine alternative (stage de sensibilisation). En Europe, les Français sont les premiers consommateurs de cannabis, avec 5 millions d’utilisateurs. Près d’un citoyen sur deux a déjà fumé du cannabis une fois dans sa vie (45 %), alors que la moyenne européenne ne dépasse pas les 30 %. Une tendance qui commence à s'inverser au regard des récentes études. « Le haut taux de consommation s'expliquait par une banalisation du cannabis et une minimisation de ses effets », analyse le spécialiste. « Mais aujourd'hui, les chiffres montrent que ce type d'expérimentation par les jeunes est en baisse ». Si en 2014, les jeunes français détenaient le taux le plus élevé d'expérimentation d'Europe, en 2022, la France se plaçait au 24ᵉ rang.
Focus
Comment ça se passe pour les mineurs ?
Pour les mineurs, les mêmes restrictions légales s'appliquent. Cependant, les sanctions diffèrent. Aucune amende ni aucun emprisonnement ne peuvent être prononcés pour les moins de 13 ans. Les jeunes de 13 à 18 ans sont susceptibles d'être concernés par une amende ou une peine d'emprisonnement de six mois maximum en raison de l'excuse de minorité, qui réduit de moitié les sanctions. Le plus souvent, des peines alternatives sont décidées : stage de sensibilisation, point sur la consommation du jeune...
Posséder du cannabis conduit souvent à une amende forfaitaire…
La possession du cannabis sur soi, même en faible quantité, est considérée légalement comme un délit. Son usage, public comme privé, se voit alors réprimandé. Plusieurs sanctions existent : depuis le 1ᵉʳ septembre 2020, une amende forfaitaire a été mise en place par le ministère de l’Intérieur. Concrètement, chaque policier interpellant un consommateur de drogue (toutes drogues confondues) dispose d’un téléphone avec un accès au casier judiciaire de la personne. Selon les antécédents inscrits et la quantité retrouvée (moins de 10 g de cocaïne ou de 100 g de cannabis pour faire l'objet d'une simple amende), le policier peut choisir de donner immédiatement cette contravention de 200 euros, ou de poursuivre l’usager en procès. L’apparition de cette amende forfaitaire s’inscrit dans une volonté des pouvoirs publics d’éviter les gardes à vue et les tribunaux. Une minoration de la somme (à 150 euros) est possible si cette dernière est payée sous les 15 jours suivant l’infraction. À l’inverse, le montant passe à 450 euros après les 45 jours impayés. Si la personne accepte, elle pourra s'acquitter immédiatement de son amende auprès de l'officier. Attention, même si cette condamnation semble plus légère, elle reste inscrite sur le casier judiciaire et risque ensuite d’impacter le parcours professionnel. En effet, certains emplois comme ceux de la fonction publique (professeurs), les professions judiciaires (avocats, notaires) et les métiers de la police et gendarmerie requièrent un casier judiciaire vierge.
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Cultiver du cannabis chez soi
Aux yeux de la loi, cultiver du cannabis est assimilé à un acte de trafic grave sanctionné par une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de réclusion et 7 500 000 € d’amende. En pratique, si la culture est limitée et destinée à un usage personnel, les tribunaux peuvent prononcer des peines beaucoup plus faibles, comparables à celles encourues pour simple usage de drogue. Cependant, la personne condamnée reste considérée comme un trafiquant. À ce titre, elle peut encourir de nombreuses interdictions professionnelles. En outre, son casier judiciaire mentionnera une condamnation pour trafic (et non pour usage), ce qui constitue un obstacle important à l’insertion professionnelle.
... mais parfois à la peine de prison
Si vous possédez une quantité supérieure à 10 g de cocaïne ou de 100 g de cannabis, ou que vous n’en êtes pas à votre première arrestation, de sanctions plus lourdes existent. La peine se traduit alors par une amende (jusqu’à 3 750 € selon la gravité des faits) et un an d’emprisonnement. Des peines complémentaires peuvent être prononcées en plus ou en remplacement de l’amende, à titre de peine principale (cure de désintoxication, stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants aux frais de l’usager, confiscation des biens ayant servi à commettre l’infraction, destinés à la commettre ou produit de l’infraction, confiscation obligatoire des stupéfiants). Le site Service Publique rappelle que le fait de commettre cette infraction « dans l’exercice de votre fonction (dépositaire de l’autorité publique, chargé d’une mission de service public ou personnel d’une entreprise de transport...) » est considéré comme une circonstance aggravante par la loi. La sanction monte alors à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 € d’amende. Dans certains cas, comme pour les besoins d'une enquête ou lorsque la consommation de cannabis est assortie d'insultes à agent, une garde à vue est possible. La durée s’étend jusqu’à 24 heures, et peut être prolongée de 24 heures supplémentaires après autorisation du procureur de la République. Exceptionnellement, si l’enquête porte sur un trafic de stupéfiants, la garde à vue peut durer quatre jours (96 heures), même pour un usager, dès lors que pèse sur lui un soupçon de trafic. Les services de police doivent informer sans délai de ses droits la personne placée en garde à vue. Celle-ci peut s’entretenir avec un avocat dès le début de la garde à vue, ainsi que bénéficier de la visite d’un médecin.
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Dans le cadre scolaire
Pour éviter l’usage et le trafic de stupéfiants dans les écoles et les lycées, la fouille des effets personnels des élèves (cartables, bureau, vêtements…) est autorisée en cas de soupçon par la police. L’élève peut refuser cette fouille, mais il doit alors être isolé de ses camarades jusqu’à ce que l’on se soit assuré qu’il n’est ni usager ni impliqué dans un trafic. Toujours dans le contexte scolaire, la loi interdit l’incitation à la consommation, comme le port de vêtements représentant des feuilles de cannabis.