Record battu Toujours plus d’écrans pour les ados, mais une perception réduite du temps passé en ligne

Laura El Feky
Publié le 23-10-2024

En bref

  • Une nouvelle étude de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open) révèle une tendance paradoxale sur l'usage des écrans.
  • Si le temps passé devant les écrans augmente, les 15-17 ans perçoivent de moins en moins cette utilisation comme excessive.
  • Les parents sous-évaluent leur durée d'exposition comme la nature des activités que leurs enfants réalisent.
Les 15-17 ans passent de plus en plus de temps sur les smartphones
Les 15-17 ans passent de plus en plus de temps sur les smartphones. Crédit : Marina Demidiuk - iStock
Aujourd'hui, les fils d'actualité se déroulent à l'infini, le temps que nous leur consacrons est pris au temps de sommeil, de réflexion, de discussion. Crédit : Lumni - France Télévisions

Temps d’écran des 15-17 ans : plus de 4h par jour et une prise de conscience mitigée

L'Observatoire de la Parentalité et de l'Éducation Numérique (Open) a récemment publié une enquête sur l'utilisation des écrans. Les 15-17 ans passent désormais en moyenne 4h43 par jour sur leur smartphone, une hausse notable par rapport aux 4h07 enregistrées en 2021. Ce temps atteint presque cinq heures pendant les week-ends et les vacances. Sans surprise, YouTube, TikTok, WhatsApp, Instagram et Snapchat dominent leurs activités en ligne. Paradoxalement, alors que 60% des jeunes admettent passer trop de temps sur les écrans, ce sentiment diminue légèrement (62% en 2021), suggérant une normalisation de cet usage intensif. L’étude met pourtant en lumière des effets concrets sur la santé et le bien-être : 30% des 7-17 ans rapportent des difficultés à s’endormir, 28% délaissent d’autres activités, 27% ont ressenti des maux de tête ou des problèmes oculaires quand un tiers (27%) éprouve des difficultés à se séparer de son portable. Un contraste étonnant émerge entre les craintes parentales et la réalité vécue par les parents. Alors qu'ils s'inquiètent des dangers en ligne tels que l'exposition aux fake news et aux contenus violents, les rencontres avec des inconnus et le cyber-harcèlement, l'étude relève que ces risques touchent en fait moins d’enfants que ce que les adultes imaginent.
 

Focus

La moitié des jeunes confrontés à la violence en ligne

La journée mondiale de la santé mentale, en 2023 comme en 2024, se sont tenues le 10 octobre. L'occasion pour la plateforme Dailymotion de révéler les résultats de son baromètre annuel portant sur la santé mentale des internautes comme des créateurs de contenus. Et pour cette seconde année, les conclusions se révèlent assez déprimantes. Primo, un tiers des 18-24 ans ne se sent pas bien mentalement, les réseaux sociaux sont pointés du doigt par un jeune sur deux (46%). Les violences en ligne seraient, selon les sondés, une des causes principales à ce mal-être (pour 65 % des jeunes, contre 37 % pour le reste du panel interrogé). Ils relèvent, comme cause de leurs maux, le grand nombre de messages privés et/ou de commentaires haineux reçus, le harcèlement, les photomontages et autres vidéos montages diffusés sur les médias sociaux. La plupart du temps, les victimes se trouvent sous le feu de critiques liées à leur orientation sexuelle, à leur apparence physique, à leur genre ou à leur origine ethnique. Résultat, 42 % des jeunes affirment ressentir de la fatigue, 36 % souffriraient d’anxiété et de troubles du sommeil. Un tiers (29 %) se sent souvent triste. Ce sondage fait écho à une autre enquête, menée en septembre 2024 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui révélait que les filles présentent davantage de signes d’addiction aux réseaux sociaux et en ressortent logiquement plus impactées : elles rapportent « des niveaux plus élevés d’utilisation problématique des médias sociaux que les garçons (13 contre 9 %). »

Autre décalage : alors que 74% des parents s’inquiètent du temps d’écran de leurs enfants, ils en sous-estiment systématiquement la durée réelle. Plus surprenant encore : plus de la moitié des parents affirment avoir des discussions avec leurs enfants sur les bonnes pratiques numériques, mais plot twist, seuls 39% des jeunes confirment avoir ces conversations ! Bien que certaines familles aient établi des règles, comme l’interdiction des écrans à table (52%) ou au moment du coucher (46%), Thomas Rohmer, directeur de l'Open, suggère une approche différente. Il recommande aux parents de s’intéresser davantage aux activités en ligne de leurs enfants plutôt que sur le temps passé devant les écrans. D’autant plus que l’étude révèle un fait étonnant : plus les enfants sont jeunes, moins les parents semblent s’intéresser à leurs pratiques en ligne. Un exemple. Alors que 63% des 11-13 ans assurent utiliser les réseaux sociaux, leurs parents estiment que seulement 41% le font réellement. Au micro de France info, Thomas Rohmer appelle plus largement à plus de « cohérence éducative et sociétale » concernant l'utilisation du numérique. Il pointe du doigt les contradictions, notamment à l’école, où d’un côté, des « pauses numériques » sont instaurées pour limiter l'usage des écrans et de l’autre, l'usage du numérique s'intensifie, comme en témoignent les évaluations, sur ordinateur, des élèves de 6ᵉ. Chez les plus grands, les lycéens rapportent consacrer en moyenne 2h48 par jour aux écrans pour leurs cours, une tendance qui s'affirme avec le temps. Cette situation souligne un enjeu plus large : trouver l’équilibre entre une utilisation bénéfique du numérique et la nécessité de préserver notre bien-être n’est pas seulement un défi pour la jeunesse, mais nécessite une réflexion collective sur notre relation aux technologies dans un monde de plus en plus connecté.

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