Irène, chercheuse en maths : “Nous étions 6 filles pour 30 garçons à l'ENS”

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Irène, chercheuse en maths : “Nous étions 6 filles pour 30 garçons à l'ENS”

Rencontres, voyages, innovation… Le métier de chercheuse est aussi varié que passionnant. Pourtant, c'est un secteur où les femmes se font encore trop rares. Pour vous convaincre, lisez le témoignage d’Irène, jeune chercheuse en mathématiques.

“J'ai été intéressée par les maths dès le collège, et j’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui m’ont encouragée dans cette voie. Dans ma terminale S, il y avait encore à peu près autant de filles que de garçons, et puis un grand nombre d’entre elles sont parties en médecine ou en prépa éco après le bac.”

Les maths n'intéressent pas les filles ? Faux !

“Dans de nombreux esprits, les maths ne sont pas un débouché naturel pour les filles, lesquelles ne sont donc pas encouragées à suivre cette voie. L’idée de se retrouver dans une classe essentiellement masculine peut aussi faire peur à certaines, et je peux le comprendre !

Ma mère est prof de maths. Elle ne m’a jamais poussée vers les mathématiques, mais je savais grâce à elle qu’une fille pouvait en faire son métier. En fait, j’avais un modèle devant moi. Et c’est souvent ce modèle qui manque aux filles pour affirmer leur choix…”

À l’ENS, se sentir à la hauteur de l'excellence

“Au département de maths de l’ENS (École normale supérieure) de Lyon, nous n’étions que 6 filles sur une trentaine d'élèves ! La première année est exigeante, alors nous avions parfois besoin de nous remonter le moral, de nous soutenir. Nous étions dans un endroit d’excellence. Serions-nous à la hauteur ? Les garçons se posaient sans doute aussi la question, mais nous, peut-être davantage !

En tant que fille, il ne fallait pas se laisser impressionner ni dévaloriser par certains garçons brillants et sûrs d’eux. Et puis, finalement, nous avons toutes très bien réussi notre scolarité à l'ENS !”

Le travail de recherche ne connaît pas la routine

“Aujourd’hui, je travaille sur ma thèse. Je donne aussi quelques cours à Paris-Diderot, des travaux dirigés de maths à des étudiants de première année. Je me dirige vers une carrière d’enseignante -chercheuse à l’université.

On a souvent le cliché du savant fou, la tête dans ses formules mathématiques, mais en réalité on méconnaît le travail de recherche. C’est un métier où l’on alterne moments d’isolement en labo et rencontres. On est amenés à participer à des conférences, à rencontrer d’autres chercheurs du monde entier… Intellectuellement, c’est passionnant !”

Peu de contraintes horaires pour les chercheuses

“On pense souvent que le métier de chercheur est très dur pour une femme car il nécessite de nombreuses heures de travail et beaucoup de déplacements. Mais ce sont des idées préconçues. Il faut parfois se déplacer, c'est vrai, mais, une fois que l’on a obtenu un poste permanent de maître de conférences ou de chargée de recherche, il est facile d’aménager son temps de travail. Nous n’avons presque pas de contraintes horaires ! Il est donc tout à fait possible pour une femme chercheuse de profiter de ses enfants tout en continuant ses recherches.

En revanche, pour accéder ensuite à un poste de professeur, c'est plus compliqué. La plupart du temps, il faut accepter de changer d’université. Le plafond de verre est bien réel dans ce secteur. Celles qui y sont arrivées sont un peu des superwomen !”

Des débouchés multiples

“Pour celles que la recherche ou l’enseignement ne tente pas, les débouchés en mathématiques sont multiples. Les services recherche et développement (R&D) des grandes entreprises, par exemple, recherchent des diplômées en maths. Les secteurs biomédical, de la banque, de l’assurance, de la finance recrutent aussi des profils comme le mien.”

Valérie François © CIDJ
Article mis à jour le 21/05/2018 / créé le 19-11-2012