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Alternance : le mode d’emploi
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- Réussir son alternance
L’alternance n’en finit plus de séduire les étudiants comme les entreprises. Mais derrière ce terme générique se cachent différents types de contrats conjuguant formation scolaire et parcours professionnel. Avec à la clé, le bénéfice d’une expérience significative et la promesse d’un contrat d’embauche.
« Comme beaucoup de jeunes, mis à part mes jobs d’été sans aucun rapport avec mes études, je manquais cruellement d’expérience professionnelle », se souvient Julia Liaigre. C’est comme ça que la voie de l’apprentissage s’est imposée à elle, après trois années passées en diplôme de comptabilité gestion. Car l’Angevine voulait se frotter au « monde du travail ». Mais alterner cours à l’école et mise en pratique en entreprise ne relève pas toujours de la promenade de santé. Et pourtant, avec le recul, Julia soutient que « ça reste un des meilleurs moyens de gagner son autonomie ».
Alternance, contrat pro, apprentissage : de quoi parle-t-on ?
Dans le langage courant, tout le monde parle d’« alternance », sans autre forme de précision. Certes, il s’agit toujours d’une formation mêlant théorie à l’école et pratique au boulot, mais elle peut s’effectuer sous deux statuts différents : scolaire ou salarié. Dans le premier cas, l’élève ou l’étudiant dispose de périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) en plus de ses cours. Dans le second, il signe un contrat de professionnalisation ou un contrat d’apprentissage. Le contrat de professionnalisation relève de la formation professionnelle continue et le jeune bénéficie du statut de salarié. À charge pour lui de suivre une formation qualifiante en rapport avec le poste occupé au sein de son entreprise. Ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans révolus — et aux demandeurs d’emploi de 26 ans et plus —, ce dispositif intéresse en priorité les « décrocheurs », mais aussi tous ceux qui souhaitent compléter leur formation initiale.
Avec le contrat d’apprentissage, tout en travaillant, il s’agit d’acquérir un diplôme de l’enseignement professionnel ou technologique : CAP, bac pro, BTS, bachelor universitaire de technologie, licence pro, master, diplômes d’ingénieur, d’école de gestion et de commerce… L’apprenti (de 16 à 29 ans révolus) alterne alors les périodes d’enseignement théorique et de mise en pratique dans la société qui l’emploie. Ce fut le choix d’Hugo Lochard. Il lui a suffi d’un stage de troisième chez un paysagiste pour trouver sa voie. « J’aime être dehors, au plus près de la nature. Lors de mon stage, j’ai eu deux jours de pluie intensive et mes collègues de me dire que si malgré ça, j’aimais toujours le métier, j’étais fait pour ça. » Aujourd’hui, cet élève de terminal partage son temps entre les cours et sa formation d’apprenti paysagiste.
L’apprentissage ou la chance de se constituer une expérience
Comme Julia et Hugo, 718 000 jeunes ont choisi la voie de l’apprentissage dans le secteur privé ou public en 2021. S’appuyant sur les plus récentes données communiquées par le ministère du Travail, la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques estime que le nombre de contrats d’apprentissage a été multiplié par 2,4 en 4 ans. Un vrai boom ! Les aides financières dont bénéficient les entreprises n’y sont certainement pas étrangères. Mais du côté des candidats, quelles sont donc les raisons d’un tel engouement ? Pour Julia, « ce parcours offre l’opportunité de se constituer une solide expérience théorique et concrète », quand Hugo relève surtout le plaisir de cumuler « deux vies ». « J’aime le fait d’évoluer dans deux environnements différents avec deux cercles sociaux distincts. Je me suis aussi rendu compte combien cela m’a fait mûrir plus rapidement que les autres élèves du lycée général. » Plus prosaïquement, le choix de l’apprentissage répond bien souvent à des considérations financières. « Entre le coût d’un loyer à Paris et le prix de mon école, soit environ 19 000 euros, le choix de l’alternance s’est vite imposé à moi », tranche Julia. Et un vrai salaire, ça compte même s’il lui restait encore à trouver une société d’accueil parmi les « Big Four », les quatre principaux cabinets du secteur de la comptabilité.
Durant ses démarches, l’étudiante a bénéficié d’un accompagnement par son école pour la conseiller et appuyer ses candidatures. Elle découvre alors les liens noués, en matière d’apprentissage, entre établissements scolaires et grandes entreprises : si bien que « ma société connaissait presque mieux le rythme et les enjeux liés à ce parcours que moi ». Mais pour Hugo, en pleine crise sanitaire, ce fut une tout autre paire de manches : « Pendant cette période de grande incertitude sur la suite, les patrons se montraient réticents à embaucher des jeunes », se remémore-t-il. « J’ai appelé, appelé et encore appelé une liste d’entreprises que j’avais trouvées, jusqu’à ce que ça marche. » Et depuis, l’apprenti paysagiste évolue dans la même société. S’il s’y plaît, il n’envisage pas encore son entrée sur le marché de l’emploi, préférant poursuivre ses études chez les Compagnons du Devoir, pour voir du pays et se spécialiser.
Avec du recul, Julia se rend compte que ses craintes initiales, en arrivant dans le monde du travail, ont été vite balayées : « Il ne faut pas avoir peur du manque de connaissances, car, après tout, nous sommes là pour apprendre. Au début, on tâtonne, on avance pas à pas, mais on n’est pas seuls et bien accompagnés. » Jusqu’à la sortie ? Pas toujours. Pour l’ex-étudiante en comptabilité, la fin de son apprentissage marque surtout le début de son premier emploi en CDI chez son employeur formateur. Pari gagnant.
L’alternance reste accessible à tous, et c’est aussi l’occasion de réaliser un projet professionnel concret. Pour les jeunes en situation de handicap, les formations en alternance se révèlent exigeantes avec une demande d’organisation rigoureuse, un besoin de souplesse et d’autonomie… Mais des aménagements sont possibles, autant dans le cadre de l’entreprise que dans celui de la formation (aménagements des épreuves…). L’Agefiph, organisation qui promeut l’emploi des personnes handicapées, recommande aux jeunes d’oser parler de leur handicap à leurs managers et de faire la demande de « Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé » (RQTH). À noter que les jeunes handicapés ne sont pas contraints par les limites d’âge ou de qualification pour réaliser un apprentissage. Pour plus de conseils, le programme Handijeunes du CIDJ accompagne et aide les jeunes dans leurs démarches.
Perrine Basset © CIDJ
Article mis à jour le 02/02/2024
/ créé le 02-12-2022
Crédit photo : Jacoblund - iStock