IUT : première rentrée des étudiants en BUT
- BUT / DUT
Le bachelor universitaire de technologie ou BUT a accueilli ses premiers étudiants à la rentrée 2021. Ce nouveau diplôme propose un parcours en 3 ans, conférant le grade de licence. Mais certains aspects doivent encore être précisés. On fait le point sur ce qui vous attend avec des responsables d’IUT.
Annoncée depuis 2019, la réforme des DUT propose une fusion des deux principaux diplômes proposés jusque-là en IUT : le diplôme universitaire de technologie (en deux ans) et la licence professionnelle (en un an). Objectif : proposer d’entrée de jeu aux étudiants d’intégrer un parcours en 3 ans, conférant le grade de licence. Le BUT entre ainsi dans le schéma européen du LMD.
50 % de bacheliers technologiques en BUT
« Le DUT n’était pas reconnu à l’international, j’estime que c’était une faiblesse du diplôme », déclare Brigitte Le Pévédic, directrice de l’IUT de Vannes. « Les étudiants ont maintenant un parcours sécurisé sur 3 ans qui leur permet d’obtenir le premier niveau d’études supérieur européen sans sélection intermédiaire. » Les modalités d’accès en 1re année de BUT, elles, n’ont pas changé, les bacheliers postulent sur Parcoursup. Puis les équipes pédagogiques étudient les dossiers et sélectionnent les profils qui paraissent en adéquation avec les attendus du diplôme.
« Le BUT n’est pas plus sélectif que le DUT, il conserve la même philosophie », précise Olivier Aubreton, président de la commission communication de l'Aduit (Assemblée des directeurs d’IUT). À ceci-près que, dorénavant, au moins 50 % des places doivent être attribuées à des bacheliers technologiques. Objectif atteint pour la rentrée 2021 ? « C’est variable selon les régions, certains IUT n’ont pas atteint ce quota, d’autres l’ont dépassé », fait savoir Olivier Aubreton.
« C’est de fait plus sélectif pour les bacheliers généraux, car en raison de ce quota, il y a moins de place pour eux », constate Christine Dransart, directrice de l’IUT d’Avignon. Il est vrai que les bacheliers de la filière générale sont nombreux à postuler en IUT. En 2019-2020, ils constituaient 63 % des nouveaux entrants en IUT, quelle que soit la spécialité. La réforme devrait ainsi encourager les bacheliers technologiques à postuler en IUT pour poursuivre leurs études supérieures. « Il faudra communiquer de manière accrue cette information auprès de ce public », estime Brigitte Le Pévedic.
Dans son IUT, les BUT techniques de commercialisation et informatique ont atteint les 50 % de bacheliers technologiques. « Sur la filière GEA, on a eu moins de bacheliers technologiques, sans doute parce qu’ils ne pensent pas pouvoir réussir dans ce type de filière », interprète la directrice. « Mais nous sommes là pour les accompagner dans la réussite ».
BUT : une évaluation par compétences
« Les enseignants ont présenté la réforme et expliqué les modalités d’évaluation aux étudiants lors de la réunion de rentrée », rapporte Christine Dransart.
Le BUT est organisé en 6 semestres composés d’unités d’enseignement (UE) qui se réfèrent à une compétence, c'est-à-dire un savoir-agir en situation professionnelle.
Chaque UE est composée de deux éléments. D’une part des cours permettant aux étudiants d’acquérir des connaissances et des méthodes fondamentales. D’autre part, des « situations d’apprentissage et d’évaluation » qui comprennent des mises en situations professionnelles. « Les étudiants sont confrontés à une situation réelle qu’ils vont devoir résoudre en utilisant les enseignements qu’ils ont suivis », explique Brigitte Le Pévédic. « Ils travailleront en présentiel, en autonomie, et les enseignants seront disponibles pour les aider et les accompagner », précise Christine Dransart. Les étudiants développent la compétence attachée à l'UE et seront évalués.
« L’évaluation par compétences va probablement déstabiliser les jeunes qui ont l’habitude de valider une année avec un minimum de 10/20 de moyenne générale. Dorénavant, passer à l’année suivante avec un 18/20 dans une compétence et 5/20 dans une autre s’avérera compliqué », explique Brigitte Le Pévédic.
« C’est l’enseignant qui va évaluer et valider ou non l’acquisition d’une compétence. Mais il ne faut pas oublier que pour l’obtention d’un diplôme comme celui du BUT, il y a toujours des jurys de fin d’année », tempère Olivier Aubreton. « Ils prennent en compte l’ensemble des résultats et le parcours de l’étudiant avant de décider. »
« Dès la rentrée, un test de niveau permet de repérer les élèves en difficulté pour leur proposer un soutien, notamment en maths, physique et chimie », explique Christine Dransart. Il serait tentant de croire que les étudiants provenant de filières technologiques sont susceptibles de moins réussir en IUT que leurs camarades de filière générale. En réalité, ce sont des publics complémentaires qui ont chacun des atouts pour réussir en IUT et s’aider mutuellement. « Les bacheliers technologiques ont théoriquement un peu moins de facilité sur la méthodologie universitaire mais ils sont plus dans la pratique », analyse Brigitte Le Pévédic. La pédagogie par projet proposée dans le BUT (600 heures sur les 3 ans) devrait leur être favorable.
« Travailler en mode projet existait déjà dans les DUT, mais c’est plus affirmé avec le BUT », déclare Olivier Aubreton. « Tous les étudiants, quelle que soit la filière de provenance, seront accompagnés pour acquérir une méthodologie de travail par projet ». Ils passeront 50 % de leur temps dans des groupes de 12 à 15 étudiants. Idéal pour un suivi plus personnalisé. « La pédagogie par projet leur permet de trouver leur place dans le groupe et aussi d’affiner leurs préférences pour un parcours plutôt qu’un autre », déclare Brigitte Le Pévédic.
BUT : des passerelles à préciser
Une fois leur BUT obtenu, les diplômés sont prêts à intégrer le marché du travail. « Nous formons des techniciens supérieurs à bac +3, des professionnels de terrain », rappelle Olivier Aubreton. Dans cette optique, le BUT comporte 22 à 26 semaines de stages.
L’alternance est par ailleurs fortement encouragée dès la 2e année. Elle est rarement proposée en 1re année. « À l’IUT de Vannes, le BUT n’est pour l'instant pas ouvert en alternance en 1re année, car il s’agit d’un engagement qui nécessite d’être sûr de son orientation », souligne Mme Le Pévedic. « D’autre part, il faut pouvoir répondre aux exigences de l’entreprise, ce n’est pas évident en sortant tout juste du bac. » Il est toujours possible pour un étudiant de se réorienter vers une autre formation dès la fin du 1er semestre s’il s’est trompé de voie.
La réforme prévoit des passerelles entrantes et sortantes à tous les niveaux de BUT, bien qu’il faille en préciser les contours. Auparavant il était possible d’intégrer une école d’ingénieur ou de commerce après un DUT, donc un bac + 2. Qu’en est-il avec le BUT ? « Ce sera toujours possible, car les étudiants pourront demander la certification intermédiaire du DUT après avoir validé la 2e année de BUT », informe Olivier Aubreton. « Les conditions à remplir pour accéder aux passerelles sont en cours de définition », précise-t-il.
La CDFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) a pris position pour une passerelle après validation des 3 années de BUT pour intégrer les écoles d’ingénieurs publiques. « Certaines d’entre elles ont annoncé qu’elles étudieraient les candidatures après une 2e année de BUT. Les écoles d’ingénieurs privées ainsi que les écoles de commerce ou de management disent qu’elles continueront à recruter à bac + 2 », annonce M. Aubreton. « Les échanges continuent et les modalités vont être arrêtées dans les deux ans à venir. » Difficile alors de se projeter pour les étudiants entrés en 1re année, même si au niveau local, des partenariats sont d’ores et déjà noués avec des écoles. Par exemple, les étudiants de l’IUT de Vannes bénéficieront de passerelles pour intégrer l’école d’ingénieurs en informatique de l’université Bretagne Sud.
Alors mieux vaut-il terminer le BUT avant d’envisager une poursuite d’études ? Selon Oliver Aubreton, « c’est à l’étudiant de décider selon son projet. Bien sûr, il y aura des discussions avec l’équipe pédagogique ». « À l’heure actuelle, nous ne pouvons pas donner de conseils aux jeunes, nous manquons de recul. Les programmes de la 2 et 3e année de BUT sont en cours d’écriture », précise Christine Dransart.
Pour rajouter un peu de flou, les IUT pourront conserver certaines licences professionnelles spécifiques centrées sur des niches ou des thématiques à cheval entre plusieurs mentions de BUT… Au sein de l’IUT qu’il dirige, Olivier Aubreton souhaite conserver deux licences professionnelles pour des étudiants de BUT qui quitteraient ce cursus à bac + 2 ou des étudiants diplômés en BTS. « Nous avons une licence pro en mécatronique qui offre une bonne insertion professionnelle chaque année. Elle répond à des besoins dans l’industrie, il n'y a donc pas de raison de l'arrêter. »
Réussir en BUT : travail personnel exigé
Les directeurs d’IUT interrogés sont unanimes : il est impératif de se mettre à travailler dès le début de l'année. « En IUT, il faut fournir une dose conséquente de travail », rappelle Christine Dransart. « Il est nécessaire d’investir un peu de temps de travail le soir et de manière régulière », renchérit Brigitte Le Pévédic.
Autre conseil qui fait consensus : être curieux et s’intéresser à son environnement. « J'invite les étudiants à se passionner pour leurs cours, à ne pas hésiter à proposer des idées de projets à leur équipe pédagogique », encourage Olivier Aubreton.
« En fin de 1re année de BUT, les étudiants vont devoir choisir un parcours parmi ceux proposés dans leur mention. Il faut être extrêmement curieux pour découvrir les métiers : échanger et discuter avec les enseignants, poser des questions et se renseigner. Cette démarche va les aider à affiner leur projet professionnel, car ils devront chercher leur alternance pour la 2e année dès le mois de janvier », rappelle Brigitte Le Pévédic.
« Je leur conseille de s’engager dans la vie étudiante de leur IUT (associations étudiantes, culture, sport…). Il faut profiter de cet environnement universitaire de qualité car c’est aussi ce qui leur permettra de faire la différence plus tard », recommande Olivier Aubreton.
Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Article mis à jour le 06-10-2021
/ créé le 04-10-2021
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