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Actualité En maths et en compréhension de l’écrit, le niveau des ados ne vole pas haut

Amaury Mestre de Laroque Amaury Mestre de Laroque
Publié le 19-12-2023

En bref

  • Pour sa dernière enquête, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) révèle un niveau global en baisse dans presque tous les pays de l’OCDE. Et cela pêche surtout en mathématiques et en compréhension de l’écrit. En France, la chute est particulièrement marquée.
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En maths et en compréhension de l’écrit, le niveau des ados ne vole pas haut Crédit : Igor Trepeshchenok - Barnimages

En France, plus dure est la chute

Baisse du niveau des élèves en France, Acte II. Suite aux évaluations nationales et aux faiblesses manifestes observées chez les collégiens français de 4e, la dernière enquête internationale Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) confirme cette réalité préoccupante. L’édition 2022, qui vient d’être rendue publique, révèle une dégringolade des performances en mathématiques et en compréhension de l’écrit des élèves français âgés de 15 ans. Cette baisse se montre plus marquée que la moyenne des États membres de l’Organisation de coopération et développement économique (OCDE). Elle s'inscrit néanmoins dans un contexte inédit de dégradation générale parmi les 81 nations participantes. Les auteurs de cette étude pilotée par l’OCDE observent ainsi que « les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés [...] dans les trois matières en France. En mathématiques, la forte baisse (21 points en moins) observée entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première analyse (en 2000). En compréhension de l’écrit (19 points en moins), en revanche, le déclin s’est amorcé autour de 2012, les élèves perdant 32 points sur la période 2012-2022 ». En conséquence, la France peine à atteindre la moyenne OCDE dans ces trois disciplines, distancée par les nations asiatiques telles que Singapour, le Japon, la Corée, Hongkong (Chine), Macao (Chine) ou Taipei, en tête du classement. En Europe, si l’Estonie s’en sort honorablement, bien qu’en baisse dans les trois matières étudiées, d’autres nations affichent une dégringolade très significative (Pays-Bas, Belgique, Allemagne).

Cette baisse, particulièrement marquée en mathématiques - une discipline nouvellement scrutée par Pisa -, s’expliquerait pour partie par la pandémie de Covid-19. En effet, entre 2020 et 2021, la crise sanitaire a largement perturbé le cours des enseignements. Bonne excuse ? Une chose est sûre, ça n’expliquerait pas tout puisque d’autres pays ayant procédés, eux aussi, à des réductions du volume d’enseignements au même moment s'en sortent mieux. En revanche, la pénurie d’enseignants, étroitement liée au manque d'attrait pour le métier, ne doit pas être étrangère à ces médiocres résultats. Mais les parents auraient aussi leur part de responsabilité. Les auteurs de l’étude pointent ainsi un recul de 12 points entre 2018 et 2022 dans le suivi des enfants. Autre cause avancée : les sempiternelles lacunes hexagonales dans le soutien des élèves en difficulté. Et les auteurs d’ajouter que « la France est toujours l’un des pays de l’OCDE où le lien entre le statut socio-économique des élèves et la performance au Pisa est le plus fort, sans aggravation notable sur la période 2012-2022 ». La réussite scolaire serait donc affaire de moyens financiers : l’étude relève que les enfants provenant de milieux favorisés obtiennent des résultats en mathématique supérieurs de 113 points à leurs camarades de milieux plus modestes. Il s'agit là d'un des écarts les plus significatifs parmi les pays de l'OCDE, seuls la Slovaquie, Israël, la Hongrie, la Suisse, la Belgique et la Tchéquie faisant pire. Autre point, toujours en France, le pourcentage d'élèves en difficulté augmente de 6,5 % quand, à l'opposé, on observe une baisse de 5,5 % des bons élèves.

En guise de conclusion, le dernier classement Pisa souligne la nécessité d'une action urgente pour restaurer la qualité de l'éducation en France et cela passerait par une réforme majeure du métier d’enseignant en valorisant les compétences pédagogiques. L’étude insiste aussi sur l'importance de l'autonomie accordée aux écoles et aux enseignants, à l'image de ce qui se pratique en Estonie, véritable pionnière parmi les pays européens. Il faudra donc se tourner à l’Est pour trouver un renouveau…

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