Pari gagnant Alternance : le mode d’emploi

Perrine Basset Fériot
Publié le 02-08-2024

En bref

  • L’alternance n’en finit plus de séduire les étudiants comme les entreprises.
  • Ce terme générique cache différents types de contrats conjuguant formation scolaire et parcours professionnel.
  • La voie de l'apprentissage garantit une expérience significative et offre parfois un contrat d’embauche.
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Plus d'un million de jeunes étaient en apprentissage en 2023. Crédit : Jacoblund - iStock
Signatures des contrats professionnalisation
L'apprentissage connaît un succès sans faille Crédit : Gilles Megret - CIDJ
Comparatif des contrats en alternance
60% des apprentis préparent un diplôme du supérieur Crédit : Gilles Megret - CIDJ

Alternance, contrat pro, apprentissage : de quoi parle-t-on?

« Comme beaucoup de jeunes, mis à part mes jobs d’été sans rapport avec mes études, je manquais cruellement d’expérience professionnelle », se souvient Julia. C’est ainsi que la voie de l’apprentissage s’est imposée à elle après trois années d’un diplôme de comptabilité gestion. L’Angevine voulait se frotter au « monde du travail ». Mais alterner cours et pratique en entreprise n’est pas toujours facile. Pourtant, avec le recul, Julia soutient que « ça reste un des meilleurs moyens de gagner son autonomie ». Dans le langage courant, tout le monde parle d’« alternance », sans autre précision. Or, cette formation mêlant théorie à l’école et pratique au travail peut s’effectuer sous deux statuts différents : scolaire ou salarié. Dans le premier cas, l’élève ou l’étudiant dispose de périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) sous forme de stages, en plus des cours. Dans le second, il signe un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage, autrement dit un contrat de travail. Le contrat de professionnalisation relève de la formation professionnelle continue. La formation suivie est qualifiante et en lien avec le poste occupé. Ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans — et aux demandeurs d’emploi de 26 ans et plus —, ce dispositif intéresse les « décrocheurs » et ceux qui souhaitent compléter leur formation initiale. Avec le contrat d’apprentissage, tout en travaillant, il s’agit pour l’apprenti (de 16 à 29 ans) d’acquérir un diplôme professionnel ou technologique (CAP, bac pro, BTS, bachelor universitaire de technologie, licence pro, master, diplômes d’ingénieur, d’école de gestion et de commerce…) en alternant période d’enseignement théorique et mise en pratique en entreprise.

Ce fut le choix d’Hugo. Il lui a suffi d’un stage de troisième chez un paysagiste pour trouver sa voie. « J’aime être dehors, au plus près de la nature. Lors de mon stage, j’ai eu deux jours de pluie intensive et mes collègues m’ont dit que, si malgré cela, j’aimais toujours le métier, alors j’étais fait pour ça. » Aujourd’hui, cet élève de terminale partage son temps entre les cours au lycée et sa formation d’apprenti paysagiste. Comme Julia et Hugo, de plus en plus de jeunes font le choix de l’apprentissage, dépassant ainsi la barre du million en 2023. Un vrai boom ! Les aides financières dont bénéficient les entreprises n’y sont certainement pas étrangères. Mais du côté des candidats, quelles sont donc les raisons d’un tel engouement ? Pour Julia, « ce parcours offre l’opportunité de se constituer une solide expérience théorique et concrète », quand Hugo relève surtout le plaisir de cumuler « deux vies ». « J’aime le fait d’évoluer dans deux environnements différents avec deux cercles sociaux distincts. Je me suis aussi rendu compte combien cela m’a fait mûrir plus rapidement que les autres élèves du lycée général. » Plus prosaïquement, le choix de l’apprentissage répond aussi bien souvent à des considérations financières, offrant une rémunération qui aide à couvrir les frais de vie et à alléger le poids des études.

Focus

Jeunes en situation de handicap, l’alternance est aussi faite pour vous !

Pour les jeunes en situation de handicap, les formations en alternance sont exigeantes, nécessitant organisation, souplesse et autonomie. Cependant, des aménagements sont possibles, tant en entreprise que dans la formation (aménagement des épreuves...). L’Agefiph, qui promeut l’emploi des personnes handicapées, recommande aux jeunes de parler de leur handicap à leurs managers et de demander la « Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé » (RQTH). À noter que les jeunes handicapés ne sont pas contraints par les limites d’âge ou de qualification pour réaliser un apprentissage.  Pour plus de conseils, le programme Handijeunes du CIDJ accompagne et aide les jeunes dans leurs démarches.

« Entre le coût d’un loyer à Paris et le prix de mon école, soit environ 19 000 euros, le choix de l’alternance s’est vite imposé à moi », tranche Julia.  Et un vrai salaire, ça compte même s’il lui restait encore à trouver une société d’accueil parmi les « Big Four », les quatre principaux cabinets du secteur de la comptabilité. Durant ses démarches, l’étudiante a bénéficié d’un accompagnement par son école pour la conseiller et appuyer ses candidatures. Elle découvre alors les liens noués, en matière d’apprentissage, entre établissements scolaires et grandes entreprises : si bien que « ma société connaissait presque mieux le rythme et les enjeux liés à ce parcours que moi ». Mais pour Hugo, ce fut une tout autre paire de manches : « J’ai appelé, appelé et encore appelé une liste d’entreprises que j’avais trouvées, jusqu’à ce que ça marche. » Et depuis, l’apprenti paysagiste évolue dans la même société. S’il s’y plaît, il n’envisage pas encore son entrée sur le marché de l’emploi, préférant poursuivre ses études chez les Compagnons du Devoir, pour voir du pays et se spécialiser. Avec du recul, Julia se rend compte que ses craintes initiales, en arrivant dans le monde du travail, ont été vite balayées : « Il ne faut pas avoir peur du manque de connaissances, car, après tout, nous sommes là pour apprendre. Au début, on tâtonne, on avance pas à pas, mais on n’est pas seuls et bien accompagnés. » Jusqu’à la sortie ? Pas toujours. Pour l’ex-étudiante en comptabilité, la fin de son apprentissage marque surtout le début de son premier emploi en CDI chez son employeur formateur. Pari gagnant.

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