Anaïs et Marie, lycéennes : les débats ont permis aux élèves de mieux comprendre les événements

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Après les attentats du 13 novembre, Anaïs et Marie ont organisé des débats dans plusieurs classes de leur lycée. Elles expliquent ce qui les a motivées.

Anaïs, 17 ans, et Marie, 19 ans, sont en terminale accompagnement, soins et services à la personne au lycée professionnel du 4 Septembre 1870, à Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques. Les deux lycéennes sont intervenues dans plusieurs classes de leur établissement pour discuter des événements du 13 novembre.

Le but n'était pas de forcer les gens à changer d'opinion

Marie : "En janvier, il y a d'abord eu le choc des attentats à Charlie Hebdo. Puis après les attaques du 13 novembre, on a senti la pression qui montait. Les gens en avaient marre ; ils étaient en colère. Certains ont commencé à afficher des idées extrémistes et à tenir des propos racistes."

Anaïs : "Une fille de notre classe s’est fait traiter de sale arabe. Une boucherie halal et la mosquée d’Oloron-Sainte-Marie ont été taguées. On ne pouvait pas laisser faire des choses pareilles sans rien dire."

Marie : "On a dit à la conseillère principale d'éducation (CPE) que l’on avait envie d’en parler au lycée. On lui a demandé si on pouvait passer dans les classes pour discuter des attentats. Elle a accepté. Nous sommes donc intervenues dans chaque classe de notre lycée pour parler des attentats avec les élèves."

Anaïs : "Nous sommes restées une heure dans chaque classe. On a expliqué aux élèves pourquoi on était là. On leur a demandé de dire un mot pour décrire leur ressenti par rapport aux événements, puis on en a discuté. Dans chaque classe, un professeur était présent mais il n'intervenait pas.
Le but n'était pas de forcer les gens à changer d'opinion. Chacun pense ce qu’il veut. Mais ces débats ont permis à certains élèves de mieux comprendre les événements."

Une action qui a eu des répercussions positives

Marie : "Les élèves n'ont pas tous réagi de la même manière. Mais ils ont apprécié de pouvoir en discuter librement avec nous. D’ailleurs, le CPE d’un autre lycée (agricole) nous a demandé de faire la même chose dans son établissement. Notre action a eu de bonnes répercussions."

Anaïs : "Aujourd’hui, les choses vont quand même mieux. On n’entend plus de discours extrémistes et il n’y a pas eu de nouveaux actes racistes à Oloron. Mais, malgré tout, je ne suis pas très confiante dans l’avenir. Que des gens de la génération de nos parents soient racistes parce qu’ils n’ont pas vraiment connu la diversité, ça peut se comprendre. Mais à notre époque, il y a les réseaux sociaux. Quand nous étions petits, nous jouions avec des enfants de différentes origines. Alors je ne comprends pas que des jeunes de mon âge puissent tenir des propos racistes. Ça fait peur."

Marie : "La mondialisation devrait pousser les gens à vivre ensemble. Mais certaines personnes, face à des événements pareils, ont tendance à se replier sur elles. Beaucoup prennent ça un peu à la légère. Je pense qu'ils devraient plus s'impliquer."

Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 03/07/2018 / créé le 20-04-2016