• Témoignage

Élections européennes : « apporter sa pierre à l’édifice pour changer les choses »

  • Vie civique
L'ancienne étudiante de sciences-politiques a tout juste intégré un parti politique, un mois avant les élections européennes.

À quelques jours des élections européennes, les militants vont à la rencontre des jeunes pour les inciter à voter. C’est le cas d’Angèle, très récente adhérente à l'un des principaux partis politiques, qui ne compte pas rester les bras croisés. Pour elle, l’Europe doit se bâtir avec sa génération.

Se jeter à l’eau pour donner envie

Sur les quais de Seine, Angèle semble hésiter. Tracts à la main, la jeune militante se tient au second plan, laissant ses pairs aborder les passants. « Bonjour, êtes-vous inscrits sur les listes électorales ? » D’abord observer, pour mieux se lancer : elle a retenu le conseil prodigué lors de sa mini-formation, un quart d’heure plus tôt. Et l’enjeu de cette opération de « tractage » est de taille, car, à quelques semaines des élections européennes, les militants entendent convaincre un maximum de monde de se rendre aux urnes. Histoire de ne pas revivre le scénario de 2019 où seulement un Français sur deux avait fait le déplacement. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Angèle à s’engager, il y a tout juste un mois, auprès de l'une des têtes de liste. « Je voulais apporter ma pierre à l’édifice. Je n’ai pas la prétention de changer les choses, mais simplement de me rendre utile ».

Fraichement arrivée dans la capitale pour exercer dans un cabinet de conseils, la Girondine ne cache pas son besoin de s’investir : « J’ai eu un déclic, j’ai constaté que ma seule vie professionnelle ne suffisait pas à m’épanouir ». Et la jeune militante se déclare désormais « prête à tout », quitte à «tracter » bien que la tâche impressionne de prime abord. Si « j’avais peur d’essuyer des refus, ou bien d’importuner les gens, j’ai été finalement agréablement surprise par leur curiosité et leur envie de discuter », relativise cette ex-étudiante en sciences politiques (IEP). « Je ne souhaite pas forcément les faire adhérer à mes idées, mais surtout leur donner l’envie de voter » alors qu’une enquête de la Fondation Jean Jaurès révèle que 62% des jeunes Français ont boudé les précédentes élections européennes.

Une identité européenne à construire

Un brin dépitée par ces résultats, Angèle estime que les jeunes disposent pourtant d’une voix singulière pour défendre des intérêts qui diffèrent des autres tranches d’âges. Ça ne l’empêche pas de comprendre le détachement de sa génération pour cette élection, car « lorsque l’on n’a pas été sensibilisé au vote à l’école, les enjeux peuvent sembler obscurs ». Et beaucoup de se demander alors « à quoi ça va servir ? ». Pour Angèle, son premier rendez-vous citoyen remonte justement au dernier scrutin européen. Un moment intimidant. « Je me sentais illégitime et bien en peine de me positionner politiquement à un si jeune âge », reconnaît-elle aujourd’hui.

D’autant que l’Europe, c’est grand, c’est loin de soi. À moins de s’y frotter par le biais d’un échange scolaire par exemple. Avec Erasmus, l’étudiante a ainsi eu l’occasion de découvrir la ville éternelle. Une expérience formatrice, une immersion complète qui durera un an et demi : « J’étais en colocation à Rome avec trois Italiennes, et ce fut une sacrée expérience pour dépasser tous les a priori, des deux côtés ». L’occasion pour elle de consacrer son mémoire de fin d’études aux relations Franco-Italiennes en matière de jeunesse et de culture et de se forger une opinion catégorique. « Pour créer une réelle identité commune, il est essentiel de placer la jeunesse au centre de la construction européenne. » Plusieurs autres escapades dans d’autres États membres ont achevé de convaincre Angèle que l’union fait la force, et non l’inverse. À condition de « mieux comprendre ses voisins. Vivre dans l’UE est rassurant, car nous partageons des valeurs communes » Les euros septiques apprécieront… 

Perrine Basset Fériot © CIDJ
Article mis à jour le 30-05-2024 / créé le 30-05-2024