Se former Reportage : 15 jeunes s'initient au secourisme en santé mentale

Perrine Basset Fériot
Publié le 02-05-2024

En bref

  • Depuis cinq ans, l’association Premiers secours en santé mentale France dispense des formations afin de mieux repérer les troubles mentaux.
  • Le 23 avril dernier, à l’Université de Créteil, quinze jeunes se sont prêtés à l’exercice.
  • Dépression, anxiété, suicide : des sujets difficiles, mais nécessaires à aborder, lorsque 20% de la population souffre de ces symptômes.
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Les formations de secouriste en santé mentale existent depuis 2019 en France. Crédit : CIDJ - Canva
Depuis cinq ans, l’association Premiers secours en santé mentale France dispense des formations afin de mieux repérer les troubles mentaux. Crédit : Perrine Basset Fériot - CIDJ

Soigner la santé mentale comme physique

« Ça a été hier soir ? Vous n’avez pas été trop perturbés après une journée aussi dense ? » Élodie Benzemmouri, intervenante en secourisme en santé mentale et psychologue clinicienne, sonde du regard les jeunes assis en face d’elle. En ce deuxième et dernier jour de formation, le groupe a encore beaucoup de sujets à aborder, allant de l'identification des troubles anxieux jusqu'à la détection des signes caractéristiques de la schizophrénie. Et pour digérer la séance de la veille et bien démarrer celle d'aujourd'hui, rien de mieux qu'un footing, un bain ou la confection d'un bon repas. D’âges et de filières différentes, Jasmine, Willae et Victor se sont retrouvés ici sur la base du volontariat. Leur seul point commun est d’être étudiant à l’Université Paris-Est Créteil (UPEC). Un matin, l’établissement leur a envoyé un mail informant de la mise en place d’une formation gratuite de secouriste en santé mentale. « Je connaissais le PSC1 [Prévention et secours civiques de niveau 1, ndlr], mais c’était la première fois que j’entendais parler de cette préparation en santé mentale », indique Jasmine, élève en première année de santé. Et pour cause : ce dispositif n’existe que depuis 2019 en France, bien qu’il ait déjà été largement exploité à l’autre bout du globe, depuis presque 25 ans. Élodie Benzemmouri explique qu’« initialement, les formations ont été imaginées par une éducatrice et un professeur de médecine australiens, qui souhaitaient élargir le principe des premiers secours physiques aux troubles psychiques ». La France compte aujourd’hui 115 000 secouristes, et l’association vise à multiplier ce chiffre par six d'ici à 2030.

Concrètement, un jeune ayant suivi la formation doit être en capacité de reconnaître une personne ayant des troubles en santé mentale et de savoir quel comportement adopter pour l'aider. Pour cela, les quinze participants ont évolué entre théorie et exercices pratiques. Le cas de Karen, salariée souvent absente, fatiguée et « inquiète en permanence », leur est présenté. Dans la peau du supérieur hiérarchique, les jeunes doivent imaginer quelle serait la meilleure approche pour lui venir en aide. « Qui peut me rappeler le plan d’action ? », interroge la formatrice. « Le plan AÉRER pour Approcher la personne, Écouter activement et sans jugement, Réconforter et informer, Encourager à aller vers des professionnels, et Renseigner sur les autres ressources disponibles », récite Victor. Particulièrement attentif aux exercices, le jeune de 20 ans est par ailleurs "référent santé" de son BDE. Pour son rôle et en tant que personne sensibilisée à cette thématique, il a trouvé important de s’inscrire : « Je suis un ancien conseiller régional des jeunes, en Bretagne, et je suis habitué à débattre autour de ce sujet. Mais la formation m’a donnée des clés et davantage de confiance pour aider les autres ». Ces néo-secouristes n’ont pas pour vocation de remplacer les professionnels de la santé. Mais, sur le terrain, ils peuvent parfois être aux premières loges d’un événement traumatique, et doivent savoir réagir. En France, un tiers seulement des personnes atteintes de troubles psychiques ont demandé de l’aide à un professionnel. Un constat qui interpelle Victor : « On va voir notre médecin une fois par an pour un contrôle, pourquoi on ne le ferait pas avec un psychologue ? ». À méditer... 

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